Séance de VENDREDI 31/03/2023 à Servel

La Tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1889, en avant-première de l’Exposition universelle de Paris qui commémore le centenaire de la Révolution française. Construite en 2 ans, 2 mois et 5 jours sur les plans audacieux de l’ingénieur Gustave Eiffel, elle mesure 318 mètres et pèse 10.100 tonnes, avec 18000 pièces de fer et 2500000 rivets. Prévue pour être détruite après l’exposition, elle doit sa survie à l’installation à son sommet d’un émetteur radio qui a rendu sa conservation indispensable.

134 ans plus tard, tandis qu’une foule d’amateurs de théâtre envahissait les lieux, un quarteron d’aventuriers de Parties Civiles stockait fiévreusement des chaises dans un mouvement anticipateur d’une pénurie finalement non avenue, en attendant d’arpenter les villes du monde.

Table 1, dite « Absolute beginners » : à cette table, Thomas, venu avec Londres, en enseigne les préceptes à trois débutants. De Tristan, Frank et Baptiste, c’est ce dernier qui surprendra, en ravissant la première place au maître.

Table 2, dite « Cité obscure » : Armand, Olive, François-René et Jérôme triomphent du mal à Massive darkness.

Table 3, dite « Joute médiévale » : Table de Troyes à trois pour Fred (qui connaît), Olive (qui connaît moins) et Dom (qui connaît bien). Une partie où les événements néfastes ont joué un rôle important. D’abord parce qu’on les a laissés submerger la ville, la file de cartes a fini par déborder du plateau de jeu. Ensuite parce qu’ils ont exercé une lourde pression sur les finances municipales et prélevant la quasi-totalité des revenus perçus en début de tour. En compensation partielle le Boulanger a bien été utilisé par l’ensemble des joueurs pour se renflouer. Autre sous-efficacité, tous les joueurs ont laissé en fin de partie des cubes d’activité différée, des investissements mal utilisés, donc. Côté orientations, Fred a placé libéralement ses meeples sur les cartes d’activité tandis que Dom a peu à peu envahi les bâtiments publics, à la fin il y avait 8 meeples ce qui a bien aidé avec le personnage de scoring d’Olive. En effet le décompte final donne Dom vainqueur avec 40 PV, Fred 37 et Olive 23.

Table 4, dite « Des rois sans divertissement » : En fin de soirée, Tristan, Xel, Dom et Thomas rejouent à Régicide, c’est étonnant comme ses auteurs ont réussi à faire un bon jeu coopératif sur un thème classique de jeu vidéo (combattre des Boss de plus en plus puissants) avec un simple paquet de 54 cartes. Manque de chance, manque de coordination, manque d’à-propos dans les choix ? On ne saurait dire mais on vit 4 défaites, au stade des Valets ou des Reines. La fois précédentes nous étions allés jusqu’au dernier Roi et on attend encore de voir une victoire.

Table 5, dite « Destination finale » : après avoir planché sur un jeu japonais prometteur mais aux règles touffues que personne ne maîtrisait, Xel, Baptiste-aux-mains-pleines, Neox et Steven rebroussent chemin, et se rabattent sur le plus classique Keyflower, qui donne l’occasion au Président de briller.

Table 6, dite « Exposition universelle » : le très populaire Twilight Struggle fait un nouvel adepte : François, sous casaque soviétique, prend un excellent départ, étendant son emprise sur l’Asie et culminant à 12 PV d’avance, quand la victoire s’adjuge à 20. Mais la révolution n’est pas un chemin de roses, et l’ami américain revient peu à peu dans le game, étendant inexorablement sa présence à tous les coins de la planète. La bataille est particulièrement sourde en Pologne, qui sera l’épicentre de la partie. Il rend les armes à Mickaël au bout de la nuit, abdiquant sur une domination Europe totale, qui met fin derechef à la partie.

Séance de VENDREDI 17/03/2023 à Servel

Le 17 mars 1808, Napoléon Ier créait le baccalauréat, une altération du bas latin bachalariatus désignant un chevalier débutant, puis calqué à partir du latin bacca (« baie, olive, arbre à baies ») et laureatus (« couronné de laurier »), d’où « triomphant ».

215 ans après les joueurs de Parties Civiles planchaient en toutes les matières.

Table 1, dite « Histoire-Géo » : Pour la Saint Patrick quoi de mieux que jouer à Irish Gauge ? se disent Gérard, Fred, Tristan et Dom. Ce jeu aux règles minimales et au matériel élégant fait partie de la famille des « cube rails » où l’on spécule sur des actions de compagnies ferroviaires (ici mises aux enchères) en construisant leur réseau entre différentes villes d’Irlande. On peut le rattacher à la famille de Chicago Express et Paris Connection, déjà joués en cette assemblée. Parmi les particularités de celui-ci, les cubes de 3 couleurs qui déterminent à la fois la valeur des lignes au moment des distributions de dividendes et quelles seront les compagnies qui distribuent leurs profits. Tristan, le plus celte de la table, nous donne une leçon aux enchères initiales : ayant accepté de ne rien acheter, il dispose ensuite d’un budget lui permettant de récupérer les actions suivantes à leur valeur faciale sans compétition. Très vite il s’allie à Gérard et ils développent à toute vapeur la compagnie Orange au centre de la carte. Une erreur de calcul les prive du bonus de 12 £ obtenu en connectant Dublin, Belfast et Galway. Dom et Fred s’allient en réaction pour développer la compagnie Rouge. Les différentes distributions de dividendes lancées par Dom, vue son incapacité à tirer des cubes noirs du sac, ne lui offrent aucun retour financier sur son investissement dans la petite ligne Bleue. En fin de partie, Tristan sacrifie toutes ses économies pour une dernière action Violette, les autres joueurs ne voyant pas trop l’intérêt de l’opération. Une fois le sac de cubes vidé, c’est l’argent accumulé et la valeur faciale des actions qui comptent pour la victoire. Dom l’emporte avec 89 £ devant Tristan 76, Fred 75 et Gérard 72.

Les mêmes découvrent ensuite Régicide, un jeu coopératif jouable avec un jeu de 54 cartes. Il s’agit de combattre successivement 12 « boss », soit les Valets puis les Dames puis les Rois. A son tour on les attaque en jouant (en général) 1 carte de sa main sachant que chaque couleur a un effet spécial : le Cœur recycle de la défausse vers la pioche, le Carreau fait piocher, le Trèfle double la force de l’attaque et le Pique protège contre l’attaque du boss. Et oui, s’il a survécu, le boss vous attaque à son tour (en infligeant 10/15/20 dégâts pour un Valet/Dame/Roi qu’on encaisse en défaussant de sa main). Pour un jeu aussi simple c’est vraiment bien fait et c’est pas facile : Les trois tentatives des lascars ont abouti à trois défaites (tout le monde perd dès qu’un joueur ne peut pas défausser assez de points) aux stades Dame/Roi/Dame.

Table 2, dite « Oral de rattrapage » : à cette table, Olivier B, Armand, Jérôme et François-René se crashent à Massive darkness (un exploit en soi) puis à l’oral de rattrapage, où ils héritent d’un sujet difficile, Ghost Stories.

Table 3, dite « Mathématiques élémentaires » : François ressort P.I., dérivatif pas trop prise de tête quand on regarde les tables de gros jeux qui se forment autour, et attire dans ses rêts Adrianne et Baptiste, également en recherche d’une expérience ludique sans engagement (quoiqu’on peut y prendre goût). Un jeu d’enquête policière à New York mais surtout de logique, qui incite les deux impétrants à sortir leur carnet de notes pour ne rien oublier de leur enquête en cours. François, lui, a tout en tête, et l’emporte avec 15, fruit d’une utilisation judicieuse de ses jetons enquêteur. Les deux autres atterrissent à une encâblure (13), sur deux stratégies différentes : audacieuse pour Baptiste, qui joua de malchance avec 4 points de pénalité, et prudente pour Adrianne, sans pénalité, mais, qui, de ce fait, rata les places d’honneur au cours des trois manches.

Table 4, dite « Travaux manuels » : grande première pour Woodcraft – dernier opus de Vladimir Suchy et qui, arrivé vierge sur la table, se fait déflorer en direct. Jibee prendra rapidement le large d’une partie qu’il dominera à l’aise. Quant à Xel et Neox, il en fit du petit bois.Woodcraft

Table 5, dite « Sciences surnaturelles  » : à Skymines on colonise l’espace et bien plus encore. Alexander Pfister et Viktor Kobilke ont fait merveille en revisitant Mombasa pour le gommer de ses petits déséquilibres. Mickaël, Samuel, OlivierL et Marc furent les protagonistes d’une partie au long cours. Leurs scores, 205, 161, 114, 112 nous ont été arrachés d’une feuille de score anonyme, sans que de ce chaos journalistique se dessine le nom du vainqueur.
PS : une bonne âme nous glisse dans l’oreillette le quarté gagnant : Samuel, Mickaël, Olivier et Marc.

Table 6, dite « Composition française  » : So Clover achève de donner une couleur irlandaise à cette soirée. On y remplit des trèfles de mots répartis sur des cartes, qu’il s’agit ensuite d’associer puis de faire deviner lesdites associations après avoir enlevé les mots, et rajouté une carte intrus. On retiendra de ces deux manches un score moyen avec Dom (17), mais excellent avec Jibee (Jérôme, Fred et François étant les éléments fixes), et quelques trouvailles, à l’image de ce Jeanne d’Arc (Vierge, Incendie).

Séance de VENDREDI 10/02/2023 à Servel

Sr. K., Mestre Zen: Um Personagem de Bertolt Brecht - Budismo HojeEn ce 10 février, Bertolt Brecht aurait eu 125 ans, et reste considéré comme le chantre du théâtre épique, un style théâtral qui tente, par l’introduction d’un narrateur, de rendre le théâtre plus proche d’une épopée. Dans les tragédies antiques, ceci est réalisé par exemple par le chœur. Le théâtre épique s’oppose au théâtre dramatique qui, lui, cherche à captiver le spectateur par le saisissement (catharsis).

Le théâtre épique de Brecht est une rupture avec la conception du théâtre. En marxiste, il entend ses pièces comme des « instruments d’instruction, au sens de la pratique sociale révolutionnaire ». Pour pouvoir instruire, il faut déclencher le processus de réflexion. À cet effet, le spectateur doit prendre conscience du caractère illusoire du théâtre, et ne doit pas, contrairement à ce que demande la catharsis aristotélicienne, être prisonnier de l’action, avoir pitié des protagonistes, ressentir les événements comme un destin individuel. Au contraire, il doit voir la représentation comme une parabole des rapports sociaux et se demander comment les injustices présentées pourraient être modifiées. La théorie théâtrale de Brecht est politique : il voit ses pièces, écrites en exil, comme des tentatives de création d’un nouveau théâtre qui incite le spectateur à une réflexion distanciée et au questionnement.

A cette nouvelle soirée de Parties Civiles, on trouva beaucoup d’épopées, quelques drames, et pas moins de questionnements.

Table 1, dite « Têtes rondes et têtes pointues » (sous l’aimable plume de Marie-Anne) :  Partie d’initiation à Root par Fabrice, avec comme novices : Gilles, Kilian, Marie-Anne. Après une explication des règles communes, chaque joueur démarre avec un peuple aux caractéristiques et tactique de jeu spécifique. Gilles avec le peuple des oiseux des Eyries ( les oiseaux bleus) Killian avec l’alliance de la forêt (Souris vertes), Fabrice : le vagabond (mustélidé noir), et Marie-Anne avec la marquise des chats (chats oranges) Chaque faction a sa manière de jouer et de marquer des points.
La marquise des chats a commencé à prendre de l’avance visible avec les constructions (scierie et tour de recrutement), les Eyries ont commencé une vendetta, contre la marquise avec quelques coups d’alliés opportuns qu’étaient l’alliance de la forêt et le Vagabond. Gilles parvient à éviter la crise et ne change qu’une seule fois de despote à la tête de ses oiseaux. Le vagabond est surtout présent sur le territoire de la marquise, joue quelques alliances et peine à obtenir des objets car peu d’objets ont été manufacturés. L’alliance trouve difficilement ses marques malgré un beau coup pour réduire la présence de la marquise des chats. L’alliance est un peuple qui peut crée du chaos et jouer sur les équilibres des force, mais semble difficile à jouer.
Les chats de la marquise ont maintenu vaille que vaille les clairières construites, tandis que subtilement les Eyries re-construisent leurs nids. Cette action permettant à Gilles de se créer un moteur à points qui le fit rapidement et irrémédiablement prendre la tête. Une coalition tardive permis de temporiser d’un tour cette victoire. Pour cela, le vagabond sacrifia tous ses objets sur ces deux tours de jeu pour attaquer les nids et en détruire certains. L’alliance chercha à développer un peu tard sa rébellion, et la marquise était trop éloignée et à manquer de peu de finir la partie avant les Eyries.
Résultat : Gilles/les Eyries à 30 points, Marie-Anne/la marquise à 28 points, Fabrice/le vagabond à 19 points et enfin Kilian/l’alliance à 12 points.

Comment une société malade en arrive-t-elle à désigner un bouc émissaire, responsable de tous ses maux ? A travers une parabole grotesque et fantaisiste, Brecht tourne en dérision l’idéologie raciste dans une tragi-comédie musicale au pays du Grand Ibérin, où les Têtes Rondes décident d’exterminer les Têtes Pointues.
« Humaine est l’injustice mais plus humain est le combat contre l’injustice » 

Table 2, dite « Dialogues d’exilés » : à cette table on s’étale à perte de vue devant les marchés planétaires qui servent de décor à Coffee trader. Comme attendu, on y joue le négoce du café à l’ère de la  mondialisation. Benjamin, qui aime mettre en scène et commenter ses actions dans la plus pure tradition du théâtre épique, s’impose 1 petit point devant Matthieu. Neox et Xel ont apprécié ce moment d’éternité, surtout long vers la fin.

Dialogue d’exilés met en scène la rencontre de deux exilés au buffet d’une gare : Kalle, un ouvrier et Ziffel, un physicien. Autour de bières, une conversation philosophique s’installe.
« Le passeport est la partie la plus noble de l’homme. D’ailleurs un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu’un homme. On peut faire un homme n’importe où, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable : Un passeport, jamais. »

Table 3, dite « L’opéra de quat’sous » :  à Mage Knight Marc inflige une rude défaite à Olive, par le truchement, notamment, d’un parapluie, qui n’est, pourtant, en général, pas considéré comme une arme par destination, sauf chez les bulgares.

L’opéra de quat’sous est une comédie musicale qui s’inscrit dans la logique carnavalesque, d’ambivalence et d’inversion, recourant à de multiples formes de parodie. Sa conception du temps est purement carnavalesque et les thèmes classiques de la littérature carnavalisée sont omniprésents, comme le déguisement, le « temps joyeux », ou le « bas corporel .
 » Tout ce que vous trouverez à coffrer ici, ce sont quelques jeunes gens qui veulent fêter le couronnement de leur reine en organisant un petit bal masqué. « 

Table 4, dite « Le cercle de craie » : attention, chef d’œuvre : Fred a fait l’acquisition de Terracotta Army, et s’il commence à expliquer les règles par le comptage des points, cela n’a rien d’un hasard tant celui-ci se révèle d’une redoutable complexité. Nous construisons un mausolée, qui enferme des militaires tels que soldats, officiers, arbalétriers, que l’on façonne à l’agile humide, mais aussi des chevaux, musiciens et autres serviteurs, que l’on recrute moyennant finances et talents. Toute la complexité du jeu réside dans le schéma que vont former ces différentes figures, qui rapportent des points selon différentes situations, et qui varient en plus selon les 5 phases du jeu. Pour corser le tout, les actions se programment sur un triple cercle dont deux sont des roues qui tournent et que l’on peut influencer, et chacune ne propose d’un seul emplacement par manche, à moins d’avoir recruté un « grand meeple » qui donne le privilège de s’incruster à un poste déjà pris. Cela peut être salvateur en particulier quand on se trouve en fin d’ordre du tour. Dans cette partie inaugurale, Franck, un autre adepte du théâtre épique qui aime à commenter ses actions et à tester ses hypothèses, prend un départ rapide, qui s’avèrera vite irrémédiable. Il s’impose avec 176 dans cette soirée qui consacre décidément les penchants brechtiens, suivi de Mickaël, 144, François, 128, et Fred, 125.

Dans le cercle de craie du Caucase, lors d’un attentat révolutionnaire, le gouverneur est assassiné. Son épouse fuit en abandonnant leur bébé, recueilli par une servante du palais. Mais l’enfant (héritier) est pourchassé par les révolutionnaires et la servante s’enfuit pour un long périple à travers le Caucase au cours duquel elle s’attire de nombreux ennuis à cause de l’enfant. La révolution avortée, elle est toujours traquée par les soldats qui veulent désormais rendre l’enfant à sa mère mais elle s’est attachée à lui et le considère comme son propre fils. À qui l’enfant sera-t-il accordé ? Le tribunal, dirigé par un juge extravagant, décide d’appliquer l’épreuve du cercle de craie : l’enfant est placé dans un cercle et les deux mères doivent tirer l’enfant de leur côté. La véritable mère sera-t-elle celle qui attirera l’enfant ? Non, ce sera celle qui refusera de faire du mal à l’enfant en l’écartelant.

Table 5, dite « Ventres glacés » : sous la plume de Vincent, nous retiendrons de cette partie de Massive Darkness qu’avec OlivierB, François-René et Jérôme, ils ont « vaincu sans péril mais non sans gloire, avec un centaure doré marquant l’éclat de son auréole mordorée, tandis que les squelettes tombaient sous le feu assassin de la roublarde « .

Ventres glacés est le premier film ouvertement communiste de la République de Weimar. Coécrit par Bertolt Brecht, qui supervisa l’ensemble de la production, il retrace l’histoire d’une colonie ouvrière autonome à Berlin. D’abord censuré pour « propagande communiste », il put ensuite être montré sous certaines conditions, sous la pression d’une partie de la presse. Le titre provient du dialecte berlinois kuhl (pour kühl, frais) et Wampe (ventre). Kuhle Wampe était aussi le nom d’un terrain de camping de Berlin. Le titre symbolise à la fois les difficultés du prolétariat et la vision d’espoir des auteurs incarnée par le communisme. Un des ouvriers y fait la remarque à un « nanti » que la classe aisée ne changera pas le monde, ce à quoi l’interpellé rétorque: « Qui changera alors le monde ? ». Il se voit répondre « Ceux à qui il ne plait pas ».

Table 6, dite « Irrésistible ascension » : à Tigre et Euphrate, Tristan, 15, déclara sobrement à propos de Xof, 19 : « Je lui ai appris à jouer. Il m’a appris à gagner ».

Composée de dix-sept scènes, la résistible ascension d’Arturo Ui est une parabole sur la prise de pouvoir nazi et son extension, transposée dans le milieu du crime qui s’était développé à l’époque aux États-Unis. La figure principale d’Arturo Ui représente Adolf Hitler, mais il emprunte aussi des traits à Al Capone. Dans l’épilogue, Brecht tire la leçon de la pièce : « Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester les yeux ronds… Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ».

Séance de VENDREDI 03/02/2023 à Servel

Le 3 février 1962 l’embargo des États-Unis contre Cuba était mis en place à la suite de nationalisations expropriant des compagnies américaines. Il est aujourd’hui toujours actif, ce qui en fait le plus long embargo commercial de l’époque contemporaine, mais, depuis 2000, les produits alimentaires sont exemptés d’embargo. Pendant la présidence de Barack Obama, les exportations de médicaments sont redevenues légales, bien qu’encore soumises à de lourdes restrictions. Sous la présidence de Donald Trump 240 sanctions sont au contraire mises en place et, 9 jours avant la fin de son mandat, il classera l’île dans les groupes terroristes.

61 ans plus tard, guerres et commerce faisaient rage à cette soirée de Parties Civiles.

Table 1, dite « Embargo climatique » :  Xel et Neox enchaînent à Weather Machine, la dernière création de Vital Lacerda, dans le sillage du vendredi précédent. A deux, on a plus d’espace pour choisir ses emplacements, mais aussi moins d’opportunités pour libérer le climat de son embargo à l’heure anthropocène. C’est Neox qui impose sa loi avant que la table ne bascule en mode papotage.

Table 2, dite « Libre commerce » : à cette table du trop méconnu Container, on joue la mondialisation, produisant des ressources, les chargeant dans les entrepôts, qu’on vient ensuite charger dans des bateaux pour enfin les mettre aux enchères une fois sur l’île. Point crucial, la valeur de chaque marchandise varie selon les joueurs, et, encore plus important, la ressource majoritaire de chaque joueur est supprimée de son score ! Ces règles retorses obligent à de savants calculs et d’audacieux paris, ce qui n’est pas toujours facile dans une ambiance rythmée par le cliquetis des jetons de Doc Nico, ambianceur de la soirée, qui termine la jeu avec Axel Bauer et son Cargo de nuit en instrumental ! Thomas (137) fit le bon en se refusant à charger dans son entrepôt, qu’il garda minuscule, la moindre cargaison. Ce refus de participer à l’effort collectif lui permit d’économiser des actions et de faire des ventes lucratives. Dom (117), François (113) et Doc Nico (109) terminent dans un mouchoir de poche, tandis que Olive (64) ferme la marche.

Table 3, dite « Une si longue attente » : à Res Arcana, Baptiste l’emporte à l’arraché devant Steven, sur un écart de 2 points.

Table 4, dite « Bipolaire » : à Twilight struggle, on reprend les mêmes et on recommence, mais en changeant de camps : les Américains (cette fois-ci joués par Mickaël) se font surprendre par les Russes (Tristan) qui ont pris e contrôle de l’Europe.

Table 5, dite « Échappées belles » : Lise remporte coup sur coup une partie de Sub Terra dont elle sort seule survivante, puis de Tokaïdo où, avec 80, elle surclasse ses rivaux (Jakez, Morgane et Jeff), tous entre 60 et 64.

Table 6, dite « En rouge et noir » : à Massive Darkness, l’archange Michel sort libéré de la corruption des enfers. Un beau travail d’équipe, signé Olivier B, Fred et François-René.

Table 7, dite « Clap de fin » : le populaire Scout fait office de clap de fin, table que Xel surclasse avec 46, gagnant 3 des 4 manches. François (24) et Thomas (17) ont lâché prise tandis que Dom (7), tel un joueur de tango à contretemps, sombra régulièrement dans les affres d’un mauvais timing à ce jeu où le tempo est roi.

Séance de VENDREDI 27/01/2023 à Servel

La National Geographic Society fut fondée le 27 janvier 1888. Cette organisation scientifique et éducative non lucrative américaine vise à accroître et diffuser les connaissances géographiques, puis s’étend à l’archéologie, les sciences naturelles, à la promotion de l’environnement, la protection historique et l’étude des cultures et de l’histoire du monde. L’ensemble de ses publications, dont le célèbre magazine à couverture jaune,  touche chaque mois 360 millions de personnes dans le monde.

135 ans plus tard, à Lannion, on se déployait dans toutes les zones géographiques par la magie des jeux de plateau.

Weather MachineTable 1, dite « Dystopie du présent » :  Du gros jeu pour ce vendredi qui prend la forme de Weather Machine, la dernière création de Vital Lacerda (Vinhos, Lisboa, The Gallerist). Avec un thème steampunk-apocalyptique assez artificiel, il s’agit pour Neox, Xel, Fred et Dom de faire de la R&D et fabriquer des machines compliquées pour réparer une météo déréglée (quel Amish a crié « haro sur le technosolutionnisme » au fond de la salle ?). Pour ce faire on va utiliser trois types de ressources (des robots, des engrenages et des bidons de cochonium) dans trois grandes zones du plateau : les projets gouvernementaux, le labo où on teste des solutions et la R&D où on publie des résultats. Tout ceci à travers un placement d’ouvrier assez classique, sauf qu’on ne récupère son meeple qu’au début de son tour et que donc un certain nombre d’emplacements restent occupés (surtout à 4 joueurs) par les autres. Saupoudrez l’ensemble de divers jetons qui permettent de faire des actions bonus et des enchaînements compliqués.

Cette première partie laisse un goût d’inachevé d’une part parce qu’il est difficile de construire une stratégie vu le niveau de complexité et d’intrication des mécanismes, d’autre part parce que certains pans du jeu n’ont jamais été utilisés (ex. construire un prototype après avoir réalisé une percée scientifique). Alors que l’auteur est réputé produire des jeux denses et longs, nous avons observé 12 tours s’écouler et la fin de partie arriver (après minuit quand même) avec l’étrange impression que tout allait trop vite. Le post mortem révéla qu’effectivement une règle avait été mal appliquée (d’ailleurs à l’instant où ces lignes sont écrites il reste deux interprétations concurrentes de la phrase en question) mais qui n’a finalement raccourci la partie que d’un tour car une autre condition de fin de partie se serait déclenchée.

De cette partie oubliable on consignera que Dom l’a emporté par 37 PV devant Neox 31, un Dom qui a beaucoup pesté pour avoir pris un départ désastreux faute d’avoir bien compris les règles (alors même qu’il les a expliquées !). Il est clair que seules des nouvelles sessions pourront révéler la richesse du jeu et faire émerger les combinaisons efficaces. Pour se donner une idée, les statistiques sur BGG indiquent que pour 4 joueurs expérimentés, le gagnant finit en général au delà des 100 PV.

Skymines

Table 2, dite « Des monstres et des hommes » : à cette table de Massive darkness, nous retrouvons François-René et les deux Olivier, pour une partie gagnée, mais « pas facile » selon le récit laconique des protagonistes.

Table 3, dite « Un futur à construire » : Première sortie pour Skymines, petit  cousin de Mombasa, premier gros jeu d’Alexander Pfister, celui qui l’a révélé au grand public (Diamant d’or en 2015, et épuisé en boutiques depuis bien longtemps). Plutôt que de coloniser le continent africain, on y colonise la lune, c’est plus consensuel (quoique) !

Le plateau principal représente la Lune (ou des astéroïdes sur son autre face) et les différentes compagnies qui s’affrontent pour en extraire les ressources. Les joueurs incarnent des investisseurs qui financent ces compagnies, collectent de l’Hélium-3 et réalisent des recherches scientifiques pour gagner le plus de crypcoins possible au terme des sept manches de la partie.

Comme souvent dans ses jeux, Pfister mélange plusieurs mécaniques dans Skymines. Il y a un peu de deckbuilding : les ressources Titane, Minéraux et Carbone permettent d’acquérir de nouvelles cartes au marché en payant leur coût plus celui de leur emplacement, mais le deck se reconstitue selon un mécanisme inédit.  Dépenser votre énergie dans une compagnie vous permet de placer ses succursales sur la Lune, de gagner les bonus des secteurs sur lesquels vous les placez, et même de virer les succursales des autres compagnies. Un mécanisme de majorité permet de récompenser les actionnaires de ces sociétés selon leurs nombres de parts, acquises au cours du jeu à coup de ressources. Et enfin, du développement : sur votre plateau personnel, vous disposez de deux pistes pour gagner des points en fin de partie. La piste d’Hélium-3 progresse lorsque vous utilisez une carte Ingénieur dans votre phase d’actions ou grâce à l’occupation de certains secteurs de la Lune. La piste de recherche nécessite de remplir les demandes indiquées sur les jetons recherche qui la composent en plaçant les cartes correspondantes dans votre zone d’action (avoir 2 Énergies et 2 Minéraux par exemple). Les jetons Recherche s’obtiennent en dépensant des points de science et on avance sur la piste en jouant une carte Chercheur dans la zone d’action.

Samuel, possesseur du jeu, fit merveille avec une stratégie efficace sur tous les plans, et l’emporte avec 92. Suivent Evan, 75, Olive, 66, et François, 50, qui joua de malchance, pénalisé par un sous-investissement sur la compagnie la mieux développée et surtout butant d’un rien sur deux seuils sur les pistes qui lui auraient octroyé 15 PV de plus. Un excellent opus, d’une grande richesse, et à la courbe d’apprentissage plutôt douce pour un jeu de ce calibre.

Table 4, dite « Une histoire à refaire » : à Twilight struggle, les Américains (Tristan) défont les Russes (Mickaël) dans un remake de vendredi dernier, et pour un résultat probablement identique, même si l’issue du combat n’était point connue alors que le carrosse du chroniqueur s’avançait.

Table 5, dite « Sous la terre comme au ciel » : le grand retour de se confirme, et, dans cet univers peuplé de divinités égyptiennes, c’est Gilles qui survole la partie avec 42, devant Marie-Anne, 35, Baptiste, 27, Thomas, 18, et Franck, 15. Les mêmes, rejoints par Jakez, enchaînent sur un Sub Terra qui se solde par une défaite suite à une erreur fatale de Frank, garde du corps qui ne remplit pas son office.

Séance de VENDREDI 13/01/2023 à Servel

En ce vendredi 13, on compta au moins de 21 participants à la soirée galette des rois de Parties Civiles, dont pas moins de trois nouveaux membres ! Dans la Bible, Jésus fut crucifié un vendredi. La veille au soir, pour son dernier repas, la Cène, Jésus convia ses douze apôtres, ce qui fait treize. Judas est désigné comme le treizième, le traître. Un tel sort funeste ne fut pas promis à notre Président qui, en préambule à cette cène païenne, prononça le discours à la fois le plus bref et le plus inattendu de notre riche histoire. Puis, on joua, mais on n’en avait pas fini avec les libations, le cidre et le rhum arrangé vanille échauffèrent les esprits jusque tard dans la nuit.

Table 1, dite « Tradition brisée » : ambiance rhum-vanille à cette table où prend place Marie-Anne, son instigatrice. Thomas ressort le Brass historique et les lumières clignotent dans les yeux de Xel et François, en souvenir de temps anciens et de fonds de culotte usés à bâtir rails, canaux et autres manufactures. Le score canon de 467  couronne une prestation collective de haut vol. Marie-Anne (104) réussit 2 chantiers navals, ce que personne d’autre ne tenta, François (110) eut une feuille de score équilibrée à laquelle il ne manqua qu’un soupçon d’audace, Thomas (126)  se distingua par de puissantes manufactures, mais se fit souffler la victoire par Xel (127), qui, en soufflant la victoire aux jaunes, brisa là une tradition au moins décennale.

Table 2, dite « Terre promise » : à la table de Galileo, Matthieu s’impose sans faiblir avec 62, laissant Benjamin (48), Evan (42) et Nicolas (41) dans son sillage, dans une partie deux fois plus rapide que la semaine précédente.

Table 3, dite « Des souris et des hommes » : Première sortie pour Aftermath, promis à un avenir radieux en mode campagne. La soirée prend un air murin pour Fabrice qui se retrouve avec Lise, Dom et Marc pour découvrir ce cousin de Mice & Mystics. Un jeu d’aventure coopératif et narratif, donc, où chacun incarne un rongeur et, en groupe, part mener des missions dans un monde ravagé et débarrassé des humains. Mais pas des nuisibles, puisque toutes sortes d’autres animaux se chargent de compliquer la vie des petits aventuriers à fourrure. Pour cette mission de découverte, il s’agissait de partir à l’assaut de la carcasse d’un distributeur de friandises et d’en ramener au camp de base un sachet d’oignons grillés. A son tour on peut faire quelques actions en dépensant une main de 5 cartes dont la force va de 1 à 3. La possibilité de passer des cartes à un autre joueur incite à une vraie planification commune en tirant parti de la position et des aptitudes/équipements de chacun. Cette première mission a été couronnée de succès tout en laissant une sensation de presque trop facile, en particulier parce que la seule mauvaise rencontre a été avec une nuée de cafards dont Lise et Fabrice sont venus à bout. A mieux explorer aussi une prochaine fois, l’horloge dont l’écoulement inexorable accroît les risques de mauvaise rencontre. Peut-être lors d’un prochain épisode de la campagne, mode de jeu privilégié pour Aftermath.

Table 4, dite « Sainte Russie » : à Twilight struggle, les Russes (Franck) se jouent des américains (Mickaël).

Table 5, dite « Pour les siècles des siècles » : cette table de Massive Darkness accueillait Samuzl, OlivierB, Théophile, pour sa première apparition sur nos tables, mais remplacé à la mi-temps par Jérôme suite à un autre engagement, et bien sûr François-René. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Ce que vous voulez, car l’issue de cette partie restera dans les limbes pour les siècles des siècles.

Table 6, dite « Charité mal ordonnée » : dans cette aventure collective qu’est Marvel zombies, Neox a joué une carte personnelle, puis, ouvrant son cœur, s’est ouvert aux autres, ce qui a paradoxalement conduit ses équipiers (OlivierL, Gilles, Aurore, Baptiste-aux-mains-pleines, Steven) à une défaite inexorable.

Table 7, dite « Parfum d’antan » : c’est la soirée « oldies but goodies », et voici Dominion qui fait son retour sur nos tables ! Tristan s’adjuge deux parties au nez et à la barbe de Baptiste, Jérôme et notre nouvel adepte, Jakez.

Table 8 , dite « Même joueur meurt encore » : les protagonistes de la table 1 accueillent Mickaël pour un digestif Scout, où, dans les effluves rhum-vanille, Thomas (27) subit une fois de plus une domination féminine, Marie-Anne (28) figurant l’ange exterminatrice. François (25), Xel (22) et Mickaël (11) n’ont rien pu y faire.

Séance de VENDREDI 23/12/2022 à Servel

Le 23 décembre 1588, Henri de Lorraine, duc de Guise, est assassiné sur l’ordre d’Henri III qui l’avait convoqué sous prétexte d’un prochain déplacement. Guise pense que le roi va enfin le nommer connétable. Alors que le duc passe dans la chambre du roi pour se rendre à ce cabinet, il tombe dans un guet-apens : huit membres de la garde personnelle du roi se ruent sur lui pour l’exécuter. Le duc parvient à riposter et blesser quatre adversaires avant de s’effondrer, percé d’une trentaine de coups d’épée et de dagues, le sieur de Loignac l’achevant en lui enfonçant son épée dans les reins.

Son corps est confié à Richelieu, grand prévôt de France, qui par commandement du roi, le fait dépecer par le bourreau puis brûler à la chaux vive avant que ses cendres ne soient dispersées dans la Loire. Le même jour sont arrêtés sa mère Anne, son fils Charles. Son frère Louis est exécuté puis brûlé, les cendres jetées à la rivière le lendemain. Quoique apocryphe, un célèbre mot historique est prêté à Henri III. Voyant étendu à ses pieds le corps de son ennemi qui mesurait presque deux mètres, le roi se serait exclamé : « Il est plus grand mort que vivant ! ».

À la tête d’un puissant réseau nobiliaire, le duc était devenu populaire pendant les guerres de Religion, se posant en défenseur de la foi catholique. Après avoir participé au massacre de la Saint-Barthélemy (1572), il s’illustre à plusieurs reprises sur le champ de bataille en combattant les protestants. Chef de la Ligue catholique (1584), il aspira à gouverner la France et réduire l’influence politique du parti protestant en France, en vertu du principe de catholicité de la couronne.

Sa mort provoquera indirectement l’assassinat du roi, qui meurt des suites de ses blessures 2 août 1589, après avoir été poignardé par Jacques Clément, moine dominicain ligueur, qui le considérait ennemi déclaré du catholicisme depuis qu’il avait commandité l’assassinat.

Quelques 434 années plus tard, la concorde régnait à Parties Civiles, alimentée par de savoureuses douceurs (vin chaud et gâteaux de Noël de Marie-Anne, fondant au chocolat de Frank), comme un avant-goût de Noël.

Table 1, dite « Guet-apens » : Comment résister à un Brass:Birmingham de Noël ? Aussitôt l’offrande émise par Thomas, les places s’arrachèrent pout tomber dans son guet-apens, et pourtant, les trois autres (Marie-Anne, Xel, Gilles) n’étaient pas venus faire de la figuration. Tous terminèrent entre 130 et 150, laissant cependant la précédence à la marque jaune de l’heureux propriétaire du jeu.

Table 2, dite « Exécution sommaire » : Yona, Dom, François et Vincent redécouvrent l’excellent Dune imperium – un jeu où le timing est important car la fin de partie se déclenche sur l’arrivée au score de 10 points de prestige. C’est ce que compris d’emblée François, qui asséna un rythme d’enfer à cette partie, s’octroyant rapidement le troisième meeeple personnel, gagnant régulièrement de lucratifs combats, et délaissant stratégiquement le marché des cartes. Ce blitz krieg culmina dans un combat homérique au dernier tour, où il écrasa l’ultime combat, pourvoyeur de 2 points de prestige, y déployant pas moins de 28 forces armées, 12 de plus que son poursuivant immédiat. Dom, 7, Yona et Vincent, 6, n’eurent pas le loisir de mettre fin à l’inexorable issue.

Table 3, dite « Dagues aiguisées » : dans le huis-clos en tête-à-tête de Twilight struggle Mickaël, à la tête des Russes, dame le pion à Frank l’américain, qui rata tous ses tirs : il ne suffit pas d’avoir les meilleures dagues, encore faut-il les aiguiser avec soin.

Table 4, dite « Patience et longueur de temps » : unis dans la quête d’un Massive Darkness François-René, Paul-le-jeune, et Olivier B se sont adjugé de justesse une victoire au long cours.

Table 5, dite « Loi salique » : La popularité de Scout ne se dément pas, et la table 1 met à profit sa fraîche connaissance du jeu pour remettre le couvert. Deux parties que Xel s’adjuge avec les excellents scores de 43 et 46. Venant après les vainqueurs masculins des deux séances précédentes, cette percée féminine brise la loi salique qui commençait à poindre.

Table 6, dite « Plus grands morts que vivants » : Cette soirée d’avant Noël ne pouvait se conclure sans un nocturne Codenames. Prirent place autour de la table les Rouges (François, Dom, Mickaël, petit Paul) et les Bleus (Frank, Yona, Vincent, François-René). Dans la première manche, François surprend par sa lenteur à imaginer les bonnes combinaisons, et son équipe perd sur le fil, faute d’avoir décrypté la pourtant splendide triangulation finale sur Bois 3 (Bouteille, Corde, Canne). Mais les Bleus chutent immédiatement après, l’assassin Tour étant touché dès le premier mot pour l’audacieux Magellan 6 lancé par l’intrépide Vincent. Cette défaite éclair donne lieu à un remake par les deux mêmes maîtres-espions, et Dom se met en phase avec ses partenaires, après un débat homérique sur Anorak (poche, neige, et non pas voile, défendu mordicus par le jeune Paul), mais cela ne suffit point, Vincent concluant sur un Moreno 1 pour Puce. Puis égalisation des Rouges à 2-2 sur un parcours maîtrisé par Mickaël, aidé d’une grille favorable.  La dernière manche se conclut par un deuxième assassin, Noyau, touché par les Bleus à l’issue d’un débat intense entre les ressorts intimes de la Physique (le noyau) et de la Chimie (l’électron). Deux fois morts avant l’heure, les Bleus ont fait preuve de panache, et terminent plus grands morts que vivants.

Séance de VENDREDI 02/12/2022 à Servel

Le 2 décembre on ne chôme pas chez les Bonaparte. Pour Napoléon qui a commencé artilleur et fini empereur, la date évoque un couronnement mégalomane en 1804 et la victoire décisive d’Austerlitz en 1805 contre la coalition des Anglais, des Autrichiens et de Russes en pleine expansion (au dépens de la Pologne et de l’empire Ottoman). Pour son neveu Louis-Napoléon (roi du grand-écart, il réussit à être à la fois le premier président de la France, élu au suffrage universel, et son dernier empereur), on se souvient du coup d’état de 1851 (jamais deux sans trois, après des essais ratés en 1836 et 1840) suivi de son couronnement comme Napoléon III en 1852 pour un règne de 18 ans qui finira, pour un monarque usé par la maladie, par la défaite de Sedan en 1870.

Table 1, dite « Expansion russe » : C’est semble-t-il la première fois qu’on sort la grosse boite de Ultimate Railroads (aka Russian Railroads avec toutes ses extensions et rafraîchi derrière les oreilles) autour de laquelle s’installe un quarteron de vétérans : Xel, François, Tristan et VHN. Tristan prend un départ canon en construisant à un rythme de stakhanoviste son transsibérien. Il récupère rapidement ses deux ouvriers supplémentaires en nous assénant une maxime solide comme de l’acier de Krivoi-Rog : « aux jeux de placement d’ouvrier, il faut un max d’ouvriers ». Xel développe résolument son industrie en se plaignant d’être, à ce jeu, rouillée comme une brame sortie d’un combinat vétuste et laissée sous la pluie bretonne. Dom fait du Tristan en moins bien mais a bien noté que la majorité sur les Conducteurs vaudrait 40 PV en fin de partie. Par un placement agressif en tête de l’ordre du tour, il parvient à en embaucher 3 sur 7. Au décompte final, il profite de son autre bonus de fin de partie de 30 PV pour fondre à toute vapeur sur Tristan qui avait mené de bout en bout : il l’emporte avec 345 PV devant Tristan 321, Xel 235 et François 215. Les plus courageux parmi ces joueurs passèrent ensuite en mode coopératif avec The Crew.

Table 2, dite « Couronnement impérial » : Quand l’abondance confine à l’excès, c’est par exemple quand on joue à Pillards de la Mer du Nord avec ses deux extensions. L’espace de décision s’ouvre nettement et le jeu ralentit. Il en faut plus pour décourager Neox qui embarque avec OlivierL, Steven et Matthieu-un-nouvel-adhérent. Au terme d’une partie pas si longue que ça c’est le discret mais efficace Steven qui s’impose avec plus de 70 points en ayant misé sur l’affrontement avec les Jarl.

Table 3, dite « Jamais deux sans trois » : Nouvelle partie de Massive Darkness pour F-R, Mickaël et OlivierB. Ils triomphent dans deux scénarios successifs au point de se demander si tout ceci n’est pas trop facile. Ou peut-être sont ils juste talentueux et bien organisés ? Au mépris des formules, ils n’ont pas rejoué une troisième fois.

Table 4, dite « Victoire décisive » : Pour faire plaisir à Baptiste, proposez-lui un Shem Philipps. Ce soir ce sont les Paladins du Royaume de l’Ouest qui sont de sortie avec Aurore, Benjamin et son collègue Alexandre qui lui aussi va rejoindre la troupe du PC-Circus. Au terme d’une partie qui passa l’heure de minuit, c’est la discrète mais efficace Aurore qui s’impose avec 98 PV. Elle a construit son succès sur la commission, c’est à dire l’envoi de moines.

Table 5, dite « On ne chôme pas » : On est vendredi donc on peut se coucher tard. C’est implicite dans la partie de Boonlake qui rassemble Olive, Fred, Baptiste2 et Samuel. Partie qui dura au delà de l’éclaircie entre deux froides averses quand le rédacteur de ces mots enfourcha sa monture pour disparaître dans la nuit, entouré du cri des chacals et du vacarme des serpents à sonnette. Le récit du déroulé, l’analyse des stratégies et le nom des buteurs nécessitera donc une contribution tierce.

Séance de VENDREDI 18/11/2022 à Servel

Quatre tables dans deux salles et de nombreuses averses pour cette soirée de jeux qui dura fort tard en cette première nuit froide. La température dépassa rapidement 19°C mais juré, ce n’était pas le chauffage mais les cervelles overclockées de participant(e)s joyeux et concentrés.

Rappelons enfin que Dimanche on joue, au même endroit à partir de 14h.

Table 1, dite « moyenâgeuse » : Il avait été beaucoup joué en 2011-2012 mais après une apparition en 2015 n’avait plus fréquenté les tables de Parties Civiles. Revoici Ora & Labora, jeu habile de gestion du maître Uwe Rosenberg où on développe son territoire au moyen-âge, avec une abbaye et toutes sortes de bâtiments qui produisent et transforment une quizaine de ressources différentes. Le jeu présente des aspects originaux : la roue de ressources comme dans la Route du Verre mais fonctionne différemment, la possibilité d’activer moyennant paiement un bâtiment adverse avec un meeple adverse.

Pour cette redécouverte on choisit le mode France (tout est biface, il y a aussi  l’Irlande) et la partie courte en 12 tours où les ressources tombent généreusement du ciel (d’ailleurs à la fin tout le monde nageait dans les tuiles). Les règles sont simples mais on ne peut pas tout faire, il faut choisir et bien planifier ses productions ainsi que ses achats et placements de bâtiments, il y a un aspect spatial dans son développement territorial.

Les axes stratégiques choisis par chacun(e) se reflètent dans le décompte des points : Marie-Anne a maximisé l’effet de ses 5 agglomérations  (85 PV), Dom a acheté les bâtiments les plus riches en PV (84 PV malgré l’art de la redoutable M-A de lui chiper sous le nez ceux qu’il convoitait) et Xel qui a fait produire une merveille à 30 points par M-A domine sur les tuiles ressources (50 PV). Quand on fait les sommes le résultat final donne Dom vainqueur (164), Marie-Anne (153), Xel (136) et François (126). Maintenant que tout est bien calé dans les têtes, nous sommes prêts pour la version longue avec 24 tours, plus de meeples et des ressources qu’il faudra se fatiguer à aller chercher. Finie l’abondance, quoi.

Table 2, dite « looongue » : Olive, Samuel, Mickaël et Arakis découvrent Boonlake, un jeu d’Alexander Pfister qui rappelle (peut-être) son Great Western. Très longue partie dont pour l’instant nous ne savons rien.

Table 3, dite « baffable » : Frank et Evan s’affrontent à coup de dés et de monstres dans King of Tokyo. Partie probablement courte dont pour l’instant nous ne savons rien.

Table 4, dite « semi-héroïque » : Massive Darkness mérite son nom, une grosse boite avec du matos dedans. Ce soir c’est la Saison 2 qui est inaugurée par OlivierB, F-R, Neox et Gilles, la première avait été vue en 2017. Ils ont eu le temps de jouer deux scénarios de ce dungeon crawler coopératif, tous deux s’achevant par une victoire des aventuriers. Bon, on me dit que pour le second la tactique gagnante a consisté à s’enfuir au bon moment. Ce qui compte, c’est le résultat, non ?

Table 5, dite « vertueuse » : Début de soirée avec un quasi-classique, Architectes du Royaume de l’Ouest, pour Baptiste (grand fan de la trilogie), Tristan et Steven. Déroulant une stratégie le conduisant au sommet de la cathédrale en cumulant les points de vertu, c’est Steven qui s’impose. Tristan et Steven remettent ça avec un duel de Twisted Fables. A ce deckbuilder très asymétrique, Tristan (Belle au bois dormant à catogan) l’emporte de peu sur Steven (Petite fille aux allumettes apparemment mouillées).

Table 6, dite « apothéotique » : Les tables 1 et 4 fusionnent pour le Codenames final. Faute de la version maison c’est avec la boîte Iello qu’on jouera. Les trois manches des Bleus (F-R, M-A et V-H-N) et des Rouges (François, Gilles et Xel) ont été serrées, avec de belles remontées et parfois une tendance à trouver un mot adverse par tour. A un partout c’est la paire Xel/Dom qui va trancher la partie. La première égare son équipe avec Empereur 3 (pour Pingouin, Guide et Classe), elle avait négligé Palais. Le second voit juste avec Pupille 3 (Iris, Vision et Noir). On se retrouve cependant à 7-6 , il reste deux mots à trouver pour chaque équipe ; le Démasqué 2 bleu révèle Espion puis Prise (au lieu de Tuile). Les rouges ont leur chance : leur Gambas 2 les mène à Orange puis, suite à de longs conciliabules, à Licorne (en partie pour une sombre histoire de Kim Jong Un) au lieu de Classe (peut-être que Metro 2 aurait mieux fonctionné). Les Bleus peuvent alors conclure.

Séance de VENDREDI 22/09/2017 à St-Elivet

Comme l’a chanté Brassens, « le vingt-deux septembre, aujourd’hui, je m’en fous ». Tournons-nous plutôt vers l’intéressant sujet qu’est la pétrochimie : si le pétrole évoque avant tout des carburants, l’infinie richesse des composés organiques qui en sont dérivés (adhésifs, médicaments, peintures, engrais, caoutchouc, plastiques, cosmétiques, fibres) est au cœur de notre vie « moderne ». Quelques échantillons :

Table 1, dite « Polyester » : Bruno, Olivier et VHN s’essaient à Grand Austria Hotel. Un jeu des mêmes auteurs que Lorenzo le Magnifique vu cet été et dont on retrouve certains mécanismes. Le système d’appauvrissement progressif d’un pool de dés partagés est bien trouvé. Quant au thème, on doit nourrir avec du café et du strudel des visiteurs à votre hôtel/salon de thé qui, une fois rassasiés, montent (seuls) dans les chambres. Et on y trouve du polyester, depuis les nappes jusqu’aux tabliers des femmes de chambre. Une partie remportée par VHN devant Bruno puis Olive, mais qui laisse une sensation d’indigestion à la Schlagsahne quand on s’aperçoit qu’on a joué sans une règle essentielle qui permet de limiter l’aléa des jets de dés.

Table 2, dite « Bitume » : les enrobés utilisés comme chaussée sont un mélange de graviers et de bitume, sous-produit du raffinage. Ce n’est pas ce qui manque dans Formule Dé, qui rassemble François-René, Vincent, Michal, Thierry et la paire de passage Hugo et Christophe. L’animateur proposa moult circuits mais c’est Monaco qui fut choisi. Le jeune Hugo, tel un Lewis Hamilton local, se révèle un pilote précocement doué. Cependant, en tête après deux tours, il voit tel une moderne Cendrillon sa monoplace menacer de se transformer en citrouille et décampe fissa avant minuit. Protestation véhémente des pilotes de l’écurie PC qui, comme la tortue de la fable, avaient économisé leur matériel et prévoyaient de fondre sur l’imprévoyante cigale (que La Fontaine et Esope me pardonnent cette image) dans le troisième et dernier tour. Nous sommes ainsi contraints de constater l’absence de classement à cette partie, dans l’attente de l’opinion du TAJP (Tribunal Arbitral du Jeu de Plateau).

Table 3, dite « Polystyrène » : autant les figurines en plastique de qualité de chez FFG seraient en polystyrène, autant nous n’avons pas la certitude que c’est aussi le cas de celles de Mechs vs. Minions. Peu importe. L’équipe constituée de Xel, Paul, Mickaël et Guillaume se lance dans la quatrième mission. Ils s’en tirent vainqueurs, mais après 1h45 d’efforts (alors que ce même scénario avait été récemment plié en 20 min.).

Table 4, dite « PVC » : toujours selon des sources non confirmées, les figurines de CMON seraient en PVC, un plastique issu à la fois de la pétrochimie (V=Vinyle) et de la chimie minérale (C=Chlorure, dérivé du sel). Et du sel, cette longue partie de Massive Darkness qui regroupait Neox, Baptiste, Christophe, Nicolas-2 et Julien-Paimpol n’en a pas manqué. Retenons qu’ils ont triomphé du mal dans le premier scénario, à peine perturbé par une mystérieuse visiteuse.

Table 5, dite « Térébenthine » : la peinture à l’huile, c’est difficile mais cela fait des œuvres qui se vendent cher (ou pas) dans Modern Art. Un classique du jeu d’enchères datant des grandes années de Reiner Knizia. Qualifié de « jeu subtil » par son promoteur (qui en général ne brille pas par son objectivité), il me faut reconnaître (en toute objectivité !) que le qualificatif n’est cette fois pas immérité. Toutes les décisions (que vendre ?, à quel prix acheter ?, comment manipuler la cote des 5 peintres de la galerie du DUC ?) s’imbriquent en effet et il faut avoir une bonne idée de qui mène pour éviter de trop l’enrichir. Il faut aussi sûrement quelques parties pour se faire une meilleure idée des valorisations et des tactiques. De nos 4 apprentis spéculateurs (Mickaël, Bruno, Olive et VHN) c’est Olive -qui avait su rester discret- qui repart avec le portefeuille le mieux garni.

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