Le 30 septembre 1891, le général Georges Boulanger se suicide sur la tombe de sa maîtresse, à Ixelles, près de Bruxelles. C’est la fin d’une aventure,qui a fait craindre un moment que la République française ne soit renversée par un coup d’État.
En 1886, le leader du parti radical Georges Clemenceau fait de cet officier à la belle prestance un ministre de la Guerre. Le héros est applaudi à la revue du 14 juillet et prend des mesures peu coûteuses et d’un bel effet, comme peindre les guérites en tricolore. Mais il remplace aussi le fusil Gras par le fusil Lebel, réorganise l’état-major, rend la mobilisation en cas de guerre possible en deux jours, refond les services de renseignement, et en sous-main, pose les prémices d’un rapprochement avec la Russie. Ce faisant, il ravive les espérances des ennemis de la République, des citoyens déçus par le régime des partis et de tous ceux qui rêvent d’une revanche militaire sur l’Allemagne.
Mais le sens politique lui fait défaut quand, le chancelier allemand Bismarck ayant fait arrêter un commissaire de police français à la frontière, le ministre en appelle à une mobilisation partielle. Le président de la République Jules Grévy, inquiet de la tournure des événements, se défait du gouvernement et démet Boulanger de ses fonctions ministérielles le 18 mai 1887. Il n’en devient que plus populaire. On le surnomme « général Revanche », ce qui exprime assez bien ce qui fut la préoccupation principale de Boulanger. Il a connu la défaite de 1870, et en tant que militaire, l’humiliation qui l’a accompagnée. Toute sa préoccupation est de préparer la France à l’inéluctable revanche, ou faire en sorte qu’elle n’advienne pas.
Sans qu’il ait posé sa candidature, 100 000 bulletins portent son nom à une élection partielle de la Seine. La popularité du général continuant de croître, le gouvernement le « limoge » en le nommant commandant du 13e corps d’armée. Son départ donne lieu à une démonstration de foule : 10 000 personnes envahissent la gare de Lyon, couvrent le train d’affiches « Il reviendra » et bloquent son départ pendant plus de trois heures et demie. Le lendemain, il se bat en duel contre Charles Floquet, président du Conseil, qui le blesse ! Survient le scandale des décorations dans lequel Boulanger est un temps mis en cause. Cependant, le président Grévy doit démissionner. Boulanger devient un acteur clé des tractations pour élire son successeur, les monarchistes offrant leur voix au candidat s’engageant à prendre Boulanger comme ministre de la Guerre. Mais c’est finalement Sadi Carnot qui est élu, et lui refuse l’entrée au ministère.
Le 1er janvier 1888, le général rencontre secrètement, en Suisse, le prince Napoléon, qui lui apporte le soutien des bonapartistes. Pour l’élection du 26 février , la candidature du général, présenté comme bonapartiste, est posée dans sept départements, où il obtient 54 671 voix. Cependant le général est toujours en activité et de ce fait inéligible. Le 15 mars, le ministre de la Guerre le relève de ses fonctions et, le 24 mars, Boulanger est rayé des cadres de l’armée. En avril, il se présente aux élections en Dordogne et dans le Nord où il reçoit 59 000 et 172 500 voix : il est de nouveau élu à la Chambre. Une foule importante assiste à son entrée à la Chambre des députés. Outre les bonapartistes, Boulanger ne tarde pas à recevoir le soutien des monarchistes, qui ont échoué à restaurer la monarchie et cherchent à affaiblir le régime républicain. En août, Boulanger se présente à plusieurs élections et est élu dans le Nord, la Somme et la Charente-Inférieure. Les boulangistes peuvent bientôt présenter un candidat dans chaque département. En juillet-août 1889, il se présente aux élections cantonales dans 400 cantons sur 1300. Il est élu dans 12, mais l’ensemble de ces élections seront annulées.
La tension est à son comble le 27 janvier 1889 lorsque Boulanger se présente à Paris en remplacement d’un député décédé, sur un programme en trois mots : « Dissolution, révision, constituante ». Il célèbre sa victoire avec son état-major au café Durand, où se rassemblent 50 000 personnes. Une partie de la foule le pousse au coup d’État en scandant « À l’Élysée ! ». Mais Boulanger conseille d’attendre des législatives et choisit de rester sur place. Ce faisant, il déçoit ses partisans sans apaiser les craintes de ses adversaires. « Minuit cinq. Depuis cinq minutes le boulangisme est en baisse. » dit le soir même Georges Thièbaud, compagnon de la première heure de Boulanger, et ce sera en effet son dernier fait d’armes : poursuivi en justice pour complot, prévarication et détournement de fonds publics, il s’exile à Bruxelles avec sa maîtresse, et la rejoint dans la mort trois mois après elle. « Il est mort comme il a vécu: en sous-lieutenant », s’exclamera cruellement Clemenceau.
A quelques années de là, Parties Civiles tenait son Assemblée Générale, devant un parterre bien fourni de fidèles. La révolution de palais n’y est pas de mise, le président débonnaire restant réélu par acclamations, fort d’un bilan moral irréprochable et d’un bilan financier au zénith – au point d’envisager un week-end de célébration des 15 ans de l’association en 2023, une affaire à suivre… Après ces agapes, la soirée n’était pas finie, une myriade de tables se constituant sous nos yeux émerveillés.
Table 1, dite « Minuit cinq » : à bord de The expanse, la guerre fait rage entre Samuel, Jack, Fabrice et Jeff. Ce jeu à base de cartes inspiré de la série télévisée du même nom met l’accent sur la politique, la conquête et l’intrigue, les joueurs représentant les forces terrestres de l’ONU, l’armée de Mars, les rebelles de l’O.P.A., et la mystérieuse corporation Protogen Inc. La nuit n’en vint pas à bout avant le départ du chroniqueur qui n’émarge pas aux heures supplémentaires.
Table 2, dite « Mascarade » : à cette table de Twisted fables on vit s’affronter le Petit chaperon rouge (Baptiste) et Blanche-neige (François-René), et les deux Olivier (Mulan et la belle au bois dormant). Les premiers l’emportèrent sans coup férir. On se prend à rêver de les voir un jour dans les vrais costumes de leurs personnages, ils leur siéraient tant.
Table 3, dite « Duel consenti » : à 7 Wonders Duel Adrianne, victime d’un départ poussif, laisse Dom loin devant, 81 à 47.
Table 4, dite « Général Revanche » : quatre courageux entament un Madeira qui les amènera jusqu’au bout de la nuit, mais une chronique nous en est parvenue en bribes, recensant Evan vers 50, Xel vers 60, Ivan vers 70, et Olive au-delà de 100. Cette fois, le privilège de l’âge a joué et, et l’heure de la revanche a sonné face à une jeunesse naguère sans pitié.
Table 5, dite « Candidatures spontanées » : Thomas ressort sa boîte rutilante de Red 7 en reçoit un flot de candidatures spontanées pour s’encanailler à un jeu qui n’engage pas fort, ni sur le long cours. Tristan s’adjuge une première partie avec 34 (Adélie 18, Thomas 4, François 0), ensuite Thomas triomphe avec 41 (François 20, puis 0-0).
Table 6, dite « Prévarications » : à Mob big apple, la lliste des prévarications semble infinie. Nicolas II y étrenne le titre du plus mafieux, 13 à 10 devant Mickaël.
Table 7, dite « Au nom du peuple » : un Mot malin clôt avec bonheur cette soirée, sur deux parties ponctuées par les scores mirifiques de 20 et 24 (sur 25), et avec quelques perles comme Adam (Dieu, Chocolat), Salvador Dali (Chocolat, Étrange), Mabuse (Docteur, Étrange), Thor (Dieu, Froid) ou encore l’inattendu Étudiant (Sandwich, Ampoule). On a cru à un joli (Colère, Repas) pour Purée, mais ce n’était pas ça, et le peuple parti-civilien (Adélie, Thomas, Dom, François, Mickaël, Nicolas II) a frôlé le score parfait de 25, qu’on aurait certainement touché si la langue de François n’avait pas fourché, disant Voyage au lieu de Voyageur pour (Pigeon, Vélo), ce qui fit déraper le pigeon en Italie.