Séance de VENDREDI 17/03/2023 à Servel

Le 17 mars 1808, Napoléon Ier créait le baccalauréat, une altération du bas latin bachalariatus désignant un chevalier débutant, puis calqué à partir du latin bacca (« baie, olive, arbre à baies ») et laureatus (« couronné de laurier »), d’où « triomphant ».

215 ans après les joueurs de Parties Civiles planchaient en toutes les matières.

Table 1, dite « Histoire-Géo » : Pour la Saint Patrick quoi de mieux que jouer à Irish Gauge ? se disent Gérard, Fred, Tristan et Dom. Ce jeu aux règles minimales et au matériel élégant fait partie de la famille des « cube rails » où l’on spécule sur des actions de compagnies ferroviaires (ici mises aux enchères) en construisant leur réseau entre différentes villes d’Irlande. On peut le rattacher à la famille de Chicago Express et Paris Connection, déjà joués en cette assemblée. Parmi les particularités de celui-ci, les cubes de 3 couleurs qui déterminent à la fois la valeur des lignes au moment des distributions de dividendes et quelles seront les compagnies qui distribuent leurs profits. Tristan, le plus celte de la table, nous donne une leçon aux enchères initiales : ayant accepté de ne rien acheter, il dispose ensuite d’un budget lui permettant de récupérer les actions suivantes à leur valeur faciale sans compétition. Très vite il s’allie à Gérard et ils développent à toute vapeur la compagnie Orange au centre de la carte. Une erreur de calcul les prive du bonus de 12 £ obtenu en connectant Dublin, Belfast et Galway. Dom et Fred s’allient en réaction pour développer la compagnie Rouge. Les différentes distributions de dividendes lancées par Dom, vue son incapacité à tirer des cubes noirs du sac, ne lui offrent aucun retour financier sur son investissement dans la petite ligne Bleue. En fin de partie, Tristan sacrifie toutes ses économies pour une dernière action Violette, les autres joueurs ne voyant pas trop l’intérêt de l’opération. Une fois le sac de cubes vidé, c’est l’argent accumulé et la valeur faciale des actions qui comptent pour la victoire. Dom l’emporte avec 89 £ devant Tristan 76, Fred 75 et Gérard 72.

Les mêmes découvrent ensuite Régicide, un jeu coopératif jouable avec un jeu de 54 cartes. Il s’agit de combattre successivement 12 « boss », soit les Valets puis les Dames puis les Rois. A son tour on les attaque en jouant (en général) 1 carte de sa main sachant que chaque couleur a un effet spécial : le Cœur recycle de la défausse vers la pioche, le Carreau fait piocher, le Trèfle double la force de l’attaque et le Pique protège contre l’attaque du boss. Et oui, s’il a survécu, le boss vous attaque à son tour (en infligeant 10/15/20 dégâts pour un Valet/Dame/Roi qu’on encaisse en défaussant de sa main). Pour un jeu aussi simple c’est vraiment bien fait et c’est pas facile : Les trois tentatives des lascars ont abouti à trois défaites (tout le monde perd dès qu’un joueur ne peut pas défausser assez de points) aux stades Dame/Roi/Dame.

Table 2, dite « Oral de rattrapage » : à cette table, Olivier B, Armand, Jérôme et François-René se crashent à Massive darkness (un exploit en soi) puis à l’oral de rattrapage, où ils héritent d’un sujet difficile, Ghost Stories.

Table 3, dite « Mathématiques élémentaires » : François ressort P.I., dérivatif pas trop prise de tête quand on regarde les tables de gros jeux qui se forment autour, et attire dans ses rêts Adrianne et Baptiste, également en recherche d’une expérience ludique sans engagement (quoiqu’on peut y prendre goût). Un jeu d’enquête policière à New York mais surtout de logique, qui incite les deux impétrants à sortir leur carnet de notes pour ne rien oublier de leur enquête en cours. François, lui, a tout en tête, et l’emporte avec 15, fruit d’une utilisation judicieuse de ses jetons enquêteur. Les deux autres atterrissent à une encâblure (13), sur deux stratégies différentes : audacieuse pour Baptiste, qui joua de malchance avec 4 points de pénalité, et prudente pour Adrianne, sans pénalité, mais, qui, de ce fait, rata les places d’honneur au cours des trois manches.

Table 4, dite « Travaux manuels » : grande première pour Woodcraft – dernier opus de Vladimir Suchy et qui, arrivé vierge sur la table, se fait déflorer en direct. Jibee prendra rapidement le large d’une partie qu’il dominera à l’aise. Quant à Xel et Neox, il en fit du petit bois.Woodcraft

Table 5, dite « Sciences surnaturelles  » : à Skymines on colonise l’espace et bien plus encore. Alexander Pfister et Viktor Kobilke ont fait merveille en revisitant Mombasa pour le gommer de ses petits déséquilibres. Mickaël, Samuel, OlivierL et Marc furent les protagonistes d’une partie au long cours. Leurs scores, 205, 161, 114, 112 nous ont été arrachés d’une feuille de score anonyme, sans que de ce chaos journalistique se dessine le nom du vainqueur.

Table 6, dite « Composition française  » : So Clover achève de donner une couleur irlandaise à cette soirée. On y remplit des trèfles de mots répartis sur des cartes, qu’il s’agit ensuite d’associer puis de faire deviner lesdites associations après avoir enlevé les mots, et rajouté une carte intrus. On retiendra de ces deux manches un score moyen avec Dom (17), mais excellent avec Jibee (Jérôme, Fred et François étant les éléments fixes), et quelques trouvailles, à l’image de ce Jeanne d’Arc (Vierge, Incendie).

Séance de VENDREDI 27/01/2023 à Servel

La National Geographic Society fut fondée le 27 janvier 1888. Cette organisation scientifique et éducative non lucrative américaine vise à accroître et diffuser les connaissances géographiques, puis s’étend à l’archéologie, les sciences naturelles, à la promotion de l’environnement, la protection historique et l’étude des cultures et de l’histoire du monde. L’ensemble de ses publications, dont le célèbre magazine à couverture jaune,  touche chaque mois 360 millions de personnes dans le monde.

135 ans plus tard, à Lannion, on se déployait dans toutes les zones géographiques par la magie des jeux de plateau.

Weather MachineTable 1, dite « Dystopie du présent » :  Du gros jeu pour ce vendredi qui prend la forme de Weather Machine, la dernière création de Vital Lacerda (Vinhos, Lisboa, The Gallerist). Avec un thème steampunk-apocalyptique assez artificiel, il s’agit pour Neox, Xel, Fred et Dom de faire de la R&D et fabriquer des machines compliquées pour réparer une météo déréglée (quel Amish a crié « haro sur le technosolutionnisme » au fond de la salle ?). Pour ce faire on va utiliser trois types de ressources (des robots, des engrenages et des bidons de cochonium) dans trois grandes zones du plateau : les projets gouvernementaux, le labo où on teste des solutions et la R&D où on publie des résultats. Tout ceci à travers un placement d’ouvrier assez classique, sauf qu’on ne récupère son meeple qu’au début de son tour et que donc un certain nombre d’emplacements restent occupés (surtout à 4 joueurs) par les autres. Saupoudrez l’ensemble de divers jetons qui permettent de faire des actions bonus et des enchaînements compliqués.

Cette première partie laisse un goût d’inachevé d’une part parce qu’il est difficile de construire une stratégie vu le niveau de complexité et d’intrication des mécanismes, d’autre part parce que certains pans du jeu n’ont jamais été utilisés (ex. construire un prototype après avoir réalisé une percée scientifique). Alors que l’auteur est réputé produire des jeux denses et longs, nous avons observé 12 tours s’écouler et la fin de partie arriver (après minuit quand même) avec l’étrange impression que tout allait trop vite. Le post mortem révéla qu’effectivement une règle avait été mal appliquée (d’ailleurs à l’instant où ces lignes sont écrites il reste deux interprétations concurrentes de la phrase en question) mais qui n’a finalement raccourci la partie que d’un tour car une autre condition de fin de partie se serait déclenchée.

De cette partie oubliable on consignera que Dom l’a emporté par 37 PV devant Neox 31, un Dom qui a beaucoup pesté pour avoir pris un départ désastreux faute d’avoir bien compris les règles (alors même qu’il les a expliquées !). Il est clair que seules des nouvelles sessions pourront révéler la richesse du jeu et faire émerger les combinaisons efficaces. Pour se donner une idée, les statistiques sur BGG indiquent que pour 4 joueurs expérimentés, le gagnant finit en général au delà des 100 PV.

Skymines

Table 2, dite « Des monstres et des hommes » : à cette table de Massive darkness, nous retrouvons François-René et les deux Olivier, pour une partie gagnée, mais « pas facile » selon le récit laconique des protagonistes.

Table 3, dite « Un futur à construire » : Première sortie pour Skymines, petit  cousin de Mombasa, premier gros jeu d’Alexander Pfister, celui qui l’a révélé au grand public (Diamant d’or en 2015, et épuisé en boutiques depuis bien longtemps). Plutôt que de coloniser le continent africain, on y colonise la lune, c’est plus consensuel (quoique) !

Le plateau principal représente la Lune (ou des astéroïdes sur son autre face) et les différentes compagnies qui s’affrontent pour en extraire les ressources. Les joueurs incarnent des investisseurs qui financent ces compagnies, collectent de l’Hélium-3 et réalisent des recherches scientifiques pour gagner le plus de crypcoins possible au terme des sept manches de la partie.

Comme souvent dans ses jeux, Pfister mélange plusieurs mécaniques dans Skymines. Il y a un peu de deckbuilding : les ressources Titane, Minéraux et Carbone permettent d’acquérir de nouvelles cartes au marché en payant leur coût plus celui de leur emplacement, mais le deck se reconstitue selon un mécanisme inédit.  Dépenser votre énergie dans une compagnie vous permet de placer ses succursales sur la Lune, de gagner les bonus des secteurs sur lesquels vous les placez, et même de virer les succursales des autres compagnies. Un mécanisme de majorité permet de récompenser les actionnaires de ces sociétés selon leurs nombres de parts, acquises au cours du jeu à coup de ressources. Et enfin, du développement : sur votre plateau personnel, vous disposez de deux pistes pour gagner des points en fin de partie. La piste d’Hélium-3 progresse lorsque vous utilisez une carte Ingénieur dans votre phase d’actions ou grâce à l’occupation de certains secteurs de la Lune. La piste de recherche nécessite de remplir les demandes indiquées sur les jetons recherche qui la composent en plaçant les cartes correspondantes dans votre zone d’action (avoir 2 Énergies et 2 Minéraux par exemple). Les jetons Recherche s’obtiennent en dépensant des points de science et on avance sur la piste en jouant une carte Chercheur dans la zone d’action.

Samuel, possesseur du jeu, fit merveille avec une stratégie efficace sur tous les plans, et l’emporte avec 92. Suivent Evan, 75, Olive, 66, et François, 50, qui joua de malchance, pénalisé par un sous-investissement sur la compagnie la mieux développée et surtout butant d’un rien sur deux seuils sur les pistes qui lui auraient octroyé 15 PV de plus. Un excellent opus, d’une grande richesse, et à la courbe d’apprentissage plutôt douce pour un jeu de ce calibre.

Table 4, dite « Une histoire à refaire » : à Twilight struggle, les Américains (Tristan) défont les Russes (Mickaël) dans un remake de vendredi dernier, et pour un résultat probablement identique, même si l’issue du combat n’était point connue alors que le carrosse du chroniqueur s’avançait.

Table 5, dite « Sous la terre comme au ciel » : le grand retour de se confirme, et, dans cet univers peuplé de divinités égyptiennes, c’est Gilles qui survole la partie avec 42, devant Marie-Anne, 35, Baptiste, 27, Thomas, 18, et Franck, 15. Les mêmes, rejoints par Jakez, enchaînent sur un Sub Terra qui se solde par une défaite suite à une erreur fatale de Frank, garde du corps qui ne remplit pas son office.