Séance de MARDI 29/10/2024 à Servel

En cette semaine de Samhain on vit de nombreux joueuses et joueurs accourir pour fêter la fin des travaux des champs et se réchauffer en tremblant à l’approche des mois sombres. Aucun bûcher ne fut élevé même si d’aucun(e)s auraient aimé se débarasser de quelque joueur trop bavard. Pas de friandises pour les rédacteurs bénévoles qui semaine après semaine, le dos courbé sur leur pupitre et leur vue baissant irrémédiablement en direction d’une cécité annoncée, couchent sur les octets de ce fidèle blog la mémoire vivante et collective de l’association. Pas de friandises, non, mais un tour joué au rédacteur de permanence qui, isolé dans un aquarium et jeté à l’eau parmi des requins ludiques où il tenta de surnager au fil marathonien d’un enchaînement de trois jeux, ne put faute de budget pour rembourser ses frais de déplacement voyager dans les autres salles et collecter ainsi les tranches de vie ludique qui, versées au chaudron de la création littéraire, sont la matière vivante d’où tirer les chroniques inégales qui sont publiées ici-même avec une régularité qui témoigne de l’engagement à la limite du sacrifice desdits rédacteurs dont la tendance à composer des phrases trop longues n’est que le moindre des défauts.

Ainsi vit-on en ce mardi d’un octobre où l’automne offrait encore de belles journées cinq tables accueillir une quinzaine de joueurs. Par exemple avec du Terraforming Mars (ne demandez pas qui a gagné), du Harmonies par deux fois et encore du QE.

Table 1, dite « Triple sot » : Le narrateur retrouvant Xel, Olive et Pierre-Yves, le programme était de visiter deux oldies but goodies qui pour certains étaient familiers tandis que pour d’autres ils étaient de petits cailloux sur le chemin peu balisé de l’exploration ludique. Bruges pour commencer où tout l’art est avec quelques cartes bien choisies de prendre un ou deux axes sur lesquels mettre l’accent tout en résistant aux événements néfastes soit issus des dés en début de manche, soit issus de joueurs nuisibles (Xel et Dom se reconnaîtront). P-Y pour sa première partie se lance dans les canaux mais, privé de cartes jaunes, s’arrête à un coup de rames de la construction qui lui aurait rapporté 7 PV. Olive et Dom sont les seuls à investir dans la réputation (progression sur la place centrale de la ville) tandis que Xel bénéficie du meilleur tableau de personnages, tant en valeur (23 PV) que pour le choix de leurs pouvoirs. Au terme des 4 manches, c’est sa réputation qui permet à Dom de prendre l’avantage sur Xel avec 47 PV contre 37, puis Olive 33 et P-Y 25, des scores plutôt modestes.

L’autre jeu au programme de la soirée était Art Moderne, un classique des jeux d’enchères par l’auteur réputé Rainer Kinizia. C’est tout simple : les joueurs mettent aux enchères à leur tour un tableau d’un artiste prometteur. Le gagnant l’ajoute à sa galerie puis au terme de chacune des 4 manches tous les tableaux ainsi exposés sont vendus à la banque avec un système de cote plutôt malin qui fait qu’on va choisir les tableaux mis en vente aussi en fonction de leur capacité à influencer le marché de l’art. Au final l’analyse est simple (mais la pratique pas si simple) : on gagne de l’argent à la fois en vendant des tableaux de sa main aux autres joueurs et en fourguant sa collection à la fin de la manche ; on dépense de l’argent en remportant des enchères pour les tableaux. Et ce n’est pas forcément celui qui en fait le plus qui gagne à la fin, comme nous l’avions déjà constaté il y a 7 ans. Ainsi Dom qui croit maîtriser le tempo de la partie en précipitant la fin des troisièmes et quatrièmes manches. Certes il fait des ventes intéressantes mais il a aussi pas mal dépensé d’argent pour ce faire et ce sont ceux qui ont su garder tête froide et ne pas s’emballer pour quelques non-figuratifs surcotés qui révèlent le compte en banque le mieux garni : 437 k€ pour P-Y, Xel 340, Olive 275 et Dom 250.

Avec tout ça il n’est même pas minuit, c’est les vacances et l’ambiance est bonne. Pourquoi ne pas sortir un autre jeu d’enchères classique, moins austère, du même Knizia ? Hop, voici installé et expliqué, et là c’est pour trois manches qu’on est partis. Un jeu où il y a une part de prise de risque et de timing sur quand se décider à enchérir pour gagner un lot de tuiles, on le fait au maximum trois fois par manche et parfois à trop attendre on laisse passer sa chance. VHN, c’est plus fort que lui, commente doctement la valeur des lots disponibles tandis que les autres ne se privent pas d’influencer le malheureux débutant de service : le baratinage, les rodomontades et le lancement d’une enchère juste pour forcer les autres à sortir du bois font partie des plaisirs de ce jeu. A la première manche, Olive fait une excellente affaire avec 4 artisans qui lui vaudront 10 PV. P-Y puis Dom visent à dominer sur les pharaons tandis que Xel construit peu à peu un Nil valable tout en se plaignant qu’elle ne score rien. En fin de partie tous sauf Xel ont une collection de bâtiments correcte mais il en manque un à P-Y pour atteindre les 10 PV. Malgré les -5 points pour la plus faible valeur de ses disques solaires, Dom sort en tête avec 23 PV contre une égalité à 18 pour P-Y & Olive et 14 pour Xel, des scores riquiqui qui reflètent bien la succession d’enchères précipitées pour des lots faméliques.

Table 2, dite « Photos de voyages » : Après quelques atermoiements sur le choix du jeu, Fred, Elie et François jettent leur dévolu sur Bruxelles 1893 et partent en voyage outre-Quiévrain à la rencontre des maîtres de l’art nouveau, cherchant à acquérir et vendre des toiles, bâtir des maisons et engager des agents qui les feront progresser dans leurs capacités. La visite du plateau principal permet de choisir ses actions mais aussi d’acquérir des cartes et des points par des effets de majorité redoutables. Comme Fred n’a pas ressorti le jeu depuis longtemps, les explications traînent en longueur et on sent Elie peiner à les assimiler. Mais c’est un leurre car le jeune galope et engrange les succès. Ce n’est que le début, d’accord, d’accord, mais le voilà qui grimpe sur la piste de score et enchaîne les bonus et les constructions. Bientôt il n’y a personne devant, et ni les efforts patients de François pour construire son immeuble, ni la longue file des agents de Fred n’y feront rien. Dis-toi surtout qu’il ne reviendra pas, pensent-ils, comptant les chances qu’il leur reste. Mais ça continue encore et encore et ils rendent les armes à la jeunesse triomphante sur le score symbolique de 205 – un sacré numéro – laissant Fred, 144, et François, 132, seuls au fond de l’espace.

Séance de MARDI 23/07/2024 à Servel

Un 23 juillet, un tsar (Romanov, 1645), un maréchal (Pétain, 1951) et un roi (Hassan II, 1999) disparaissaient.

Mais dans les lueurs de l’été, à Servel, rien que des joueurs égaux entre eux, et bien vivants.

Table 1, dite « Nulle et non avenue » : à la table de Sherlock Holmes Detective Conseil, la fine équipe d’enquêteurs (Dom, Thomas, François, François-René, Vincent, Elouann), et un supplétif, Nico77, se plongent dans une étrange affaire de journaux codés, à une époque ou chiffrer un message et se le partager était moins simple que dans le monde connecté d’aujourd’hui. Grâce à Thomas, qui réussit à comprendre le principe du code caché dans un de ces fameux journaux (sans toutefois déceler une astuce diabolique) et à proposer une visite providentielle, ainsi qu’à Dom, grand animateur et maître de la synthèse collective, le naufrage de cette soirée ne fut pas total. La générosité du teneur de livre, qui attribua 15 points sur 25 à une réponse partiellement bonne, fait atterrir le score collectif de l’équipe en territoire positif, les gains des questions compensant les pertes dues aux pistes supplémentaires. Pour un total strictement positif, il eut fallu porter une meilleure attention à l’environnement général de l’action.

Table 2, dite « La marche de l’empereur » : le retour de Tzolk’in – Le calendrier Maya attire Xel, Olive, Steven et Mickaël, et ce dernier prend le large grâce à des combinaisons lui accordant des actions en plus presque à chaque tour. S’ensuit un QE, avec le même vainqueur.

Table 3, dite « Régime conservateur » : avec Marco et son compère Corentin, présents mais non annoncés, Marie-Anne engage un conciliabule qui débouche sur l’inévitable Forêt mixte – joué deux fois. Suivent deux parties également de Splendor pour une soirée « no new rules ».

Table 4, dite « Tous pour un » : La nuit s’étire sans fin, les tables 1 et 2 fusionnant avec quelques pertes et fracas pour un Just one qui dut finir à peu près à cette heure-là.

Séance de MARDI 16/04/2024 à Servel

undefinedLe 16 avril 1921 vit la naissance du premier fromage fondu en portions « La Vache qui rit » dont le brevet est déposé par l’affineur jurassien Léon Bel. Lors de la Première Guerre mondiale, il est affecté au « Train », qui s’occupe de la logistique, dont celui du « Ravitaillement en Viande Fraîche » (RVF). À cette époque, dans chaque unité, les soldats se choisissent des emblèmes spécifiques qu’ils apposent sur tous les véhicules, en particulier sur les camions. Sollicité, l’illustrateur Benjamin Rabier offre un de ses dessins à l’une de ces unités : celui d’une vache hilare. Le dessin fut surnommé la « Wachkyrie », allusion aux Valkyries, rendues célèbres par Richard Wagner et emblèmes des transports de troupes allemandes. Le titre et l’illustration furent repris pour un foxtrot de Clapson en 1920. En 1921, Léon Bel, à la recherche d’un nom pour son fromage fondu, se souvient de ce nom d’emblème et dépose la marque La vache qui rit. Il demande alors à une première entreprise de lui dessiner une vache, mais la piètre qualité de l’illustration le pousse à faire appel à Rabier, qui reprend son dessin original de Wachkyrie. Bel l’affuble de boucles d’oreilles, a priori sur les conseils de sa femme, afin de « féminiser » l’animal. L’imprimeur Vercasson est chargé de faire des retouches et donne à la vache sa couleur rouge. Le premier nom de La vache qui rit était « Fromage moderne », et le produit n’a pas pris une ride aujourd’hui !

103 ans plus tard, à Parties Civiles, il était question de choses fondantes et de fieffés gourmands.

Table 1, dite « Fondue » : à Super Motherload Steven, qui découvre, échappe aux piges du magma fondu des entrailles de la terre, coiffant Xel, 40, Mickaël, 33, et Thomas, 19.

Table 2, dite « Gourmande » : Il y en a toujours un de trop gourmand à Q.E. et ce fut Thomas, l’américain, ce qui ne surprendra personne. Trop dépensier, le voila éjecté d’un podium, que domine encore Steven, le Japonais économe (40), suivi de Mickaël, l’Européen trop rationnel (30), et Xel, la Chinoise trop communiste (30).

Séance de VENDREDI 15/03/2024 à Servel

La rumeur que César allait se faire couronner roi se fait forte au début du mois de mars de l’an 44 av. J.-C.. Il s’apprête alors à partir en guerre contre les Parthes, et les Livres sibyllins énoncent que seul un roi peut espérer les vaincre. On dit que, lors de la prochaine séance du Sénat, le 15 mars, le sénateur Aurelius Cotta proposera que César soit couronné roi avant le début de la campagne. Au lieu de quoi il sera assassiné, résultat d’un complot de sénateurs romains qui se surnommaient les Liberatores et dont les chefs les plus renommés furent Marcus Junius Brutus et Caius Cassius Longinus. L’événement eut lieu à la curie de Pompée, alors que peu avant, le Sénat avait nommé Jules César dictateur à vie, ce que certains sénateurs n’acceptaient pas. Ils pensaient que le régime allait aboutir à une tyrannie et que Jules César se ferait couronner roi de Rome.

Il semble que Caius Cassius Longinus fut à l’origine du complot. César venait de le nommer préteur pour l’année 44 mais, mais désirait le consulat, ce qui l’a amené à vouloir le tuer. Cassius parvient à attirer plusieurs sénateurs dans le complot. On le persuade qu’il faut une personnalité symbolique : ce sera son beau-frère et ami Marcus Junius Brutus, qui avait comme ancêtre Lucius Junius Brutus, celui qui chassa le dernier roi de Rome (509 av. J.-C). Son adhésion en amène d’autres, une soixantaine selon Suétone. Ils ne savent comment s’y prendre, pensent d’abord le jeter en bas d’un pont pendant les comices du Champ de Mars, puis à l’attaquer lors de son entrée au Théâtre. Finalement, ils décident d’agir lors de la séance du Sénat des ides de mars, d’autant que César a licencié sa garde personnelle.

Selon Suétone, plusieurs signes annoncent la mort de César dans les jours précédents, mais il n’en tient pas compte. Le matin du 15, sa femme Calpurnia a rêvé de sa mort et lui demande de ne pas se rendre au Sénat. César hésite, mais se persuade de venir. Peu avant d’entrer au Sénat, l’un de ses agents informateurs lui tend une supplique donnant tous les noms des conspirateurs. César la prend sans la lire. César et les sénateurs entrent dans la Curie de Pompée où le Sénat tient ses sessions. Soudain, Cimber, un conjuré, saisit le pan de la tunique de César et lui découvre son épaule, signe pour les conjurés de passer à l’action. Il est alors entouré par 23 sénateurs qui le poignardent avec leurs poinçons l’un après l’autre. Il semble qu’en voyant Brutus il ait dit « Tu quoque mi fili ». Il couvre alors la tête de sa toge et s’effondre au pied de la statue de Pompée après 23 coups, dont on découvrira qu’un seul fut mortel. Aussitôt, les conjurés s’enfuient, suivis des sénateurs innocents qui ont assisté à l’assassinat sans intervenir. César reste longtemps sur le sol jusqu’à ce que, vers la fin de la journée, trois esclaves le ramènent chez lui dans une civière, un bras pendant au-dehors.

Le méfait eut comme résultat la guerre civile des Libérateurs suivie de la prise du pouvoir par Octave, qui allait devenir Auguste, premier empereur romain. Si les assassins visaient à restaurer la République, ils furent déçus puisque s’ensuivirent quinze ans de guerre civile, puis le règne sans partage d’Octave, héritier testamentaire de César et devenu du même coup son fils adoptif. Au début, avec l’accord d’Antoine, toujours consul, les conjurés sont amnistiés. Mais en 43 av. J.-C., Octavien se fait nommer consul et l’un de ses premiers gestes est de les faire condamner par contumace. Suétone écrivit à leur propos : « Presque pas un de ses meurtriers ne lui (César) survécut plus de trois ans et ne mourut de mort naturelle. Condamnés tous, ils périrent tous, chacun d’une mort différente ; ceux-ci dans des naufrages, ceux-là dans les combats ; il y en eut même qui se percèrent du même glaive dont ils avaient frappé César ».

2068 ans plus tard, à Parties Civiles, on parlait de batailles, de rois et d’éléphants.

Table 1, dite « Conjurés pour le bien » : La campagne de Gloomhaven jaws of the lion bat son plein avec Fabrice, Armand, François-René et Jérôme.

Table 2, dite « Aucune chance » : Dans cette autre campagne, à Batman, Xel, Fabrice, Steven et Olivier n’ont laissé aucune chance à Samuel, atomisé et lissé sur place comme mort.

Table 3, dite « Coup de folie » : à la table de Ark Nova, un dernier coup de folie d’Arakis le propulse vers la victoire, avec le score mirifique de 30. Mickaël, 17, n’est pas en reste, et Tristan n’a rien pu faire.

Table 4, dite « Tu quoque ? » : Dom ressort des tiroirs le trop méconnu Istanbul pour une partie à 4, qui voit Franck prendre un excellent départ, raflant les saphirs à la chaîne après de lucratifs passages au salon de thé, celui qui convertit les dés en livres, et de la chance, il en eut. A l’orée du dernier tour, il enquille son cinquième, synonyme de victoire, mais doit laisser à ses adversaires une dernière action. Peu voient Dom venir, lesté qu’il est de seulement 3 saphirs après une déveine improbable aux dés, mais porteur d’un portefeuille de cartes bonus épais comme un matelas. Et parmi elles, celle qui fait gagner, autorisant l’achat de deux saphirs dans la même action ! Son épais coussin de billets le lui permet, et, ruse suprême, il lui en reste assez pour terminer avec 5 livres contre 4 à Franck, ce qui lui octroie une victoire inattendue au départage. Xof et François avaient chacun 4 saphirs, ce dernier manquant d’une pièce d’en acquérir un cinquième au tour d’avant, ce qui n’aurait de toutes façons pu lui suffire à l’emporter.

Table 5, dite « Le roi de Londres » : Peu de suspense à la table de London, où Thomas s’adjuge la victoire devant Jack et Jérôme 67. On continue dans la veine anglophone avec Sea, Salt & paper, puis QE, où l’on vit les enchères flamber de manière parfaitement déraisonnable !

Table 6, dite « Inexorable » : A la faveur de la nuit, Dom entraîne François dans le guet-apens d’un Splendor Duel, où il lui inflige une défaite inexorable, 20 à 13.

Séance de VENDREDI 08/03/2024 à Servel

Le 8 mars 1967, le film les Demoiselles de Rochefort sort en salles. Pour son cinquante-septième anniversaire, accompagnons cette soirée de quelques-uns des airs de sa BO signée Michel Legrand.

 

Table 1, dite « Arrivée des camionneurs » : Après un compte à rebours interrompu la semaine passée, c’est le décollage pour le poids lourd ISS Vanguard avec à bord Fabrice, Stéven, Samuel et OlivierL. Le groupe s’en sort collectivement bien mais individuellement moins bien pour Samuel qui, aux prises avec un golem plus fort que lui, a été abandonné par des collègues lassés de l’attendre.

Table 2, dite « Marins, amis, amants ou maris » : Dans Aliens, F-R, Elie, Jérôme et Armand disputent l’un des scénarios. L’un des personnages parmi les 7 rôles possibles n’y survit pas mais cela compte néanmoins comme une victoire collective.

Table 3, dite « Les rencontres » : Mickaël et Thomas invitent Xel et Dom à Farshore, un cousin d’Everdell avec un matériel et un prix excessifs. Il s’agit d’optimiser l’usage des ses ressources pour construire un tableau de cartes avec des combos efficaces. C’est Mickaël qui fait une démonstration; le seul à atteindre la limite de 15 cartes, il score le plus sur les tuiles d’objectifs et sur les jetons bonus et rencontre le succès avec 136 PV devant Dom 113 et Thomas & Xel à 98. Les mêmes poursuivent par un QE où les sommes dépensées, relativement groupées (les enchères ayant varié environ entre 5000 et 11500) se tiennent entre 26472 et 33571; Dom est éliminé au titre du plus dépensier, Xel rattrape un démarrage lent par des achats tardifs et c’est Thomas qui collecte le plus de points (39 PV) en dépensant le moins d’argent, ce garçon devrait être envoyé à Bercy.

Table 4, dite « Toujours, jamais » : Une table au parfum suranné de Saint-Elivet avec un Imperial pour JiBee, Lucie, Vincent, Fred et Gilles. Si l’ancien Président se fait rare, il n’a rien perdu de son talent : il manipule à son profit à la fois les russes et les allemands et l’emporte avec 80 PV devant Fred 67 puis Gilles, Lucie et Vincent.

Table 5, dite « Kermesse » : A minuit passé il reste de l’appétit ludique et la soirée finit par un Codenames, jeu toujours joyeux et toujours renouvelé qui a fait son grand retour depuis quelques semaines, tant mieux.

Séance de VENDREDI 23/02/2024 à Servel

undefinedLe 23 février 1898, le romancier français Émile Zola est condamné à un an de prison et au versement de 3 000 francs d’amende, la peine maximale (avec les frais, 7 555,25 francs), pour la publication en une du journal L’Aurore de Georges Clemenceau d’une célèbre lettre et tribune intitulée J’accuse…! dans laquelle il prenait la défense du capitaine Alfred Dreyfus. En accusant nommément les protagonistes de l’Affaire, Émile Zola s’expose volontairement à des poursuites judiciaires afin que la justice civile se saisisse des débats et que « l’enquête ait lieu au grand jour ». La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre, avec l’assignation d’Émile Zola pour diffamation. Le ministre ne retient que trois passages de l’article, dix-huit lignes sur plusieurs centaines.

Le procès s’ouvre dans une ambiance de grande violence. Fernand Labori, l’avocat de Zola, fait citer deux cents témoins. Ce procès est le lieu d’une véritable bataille juridique, dans laquelle les droits de la défense sont sans cesse bafoués De nombreux observateurs prennent conscience de la collusion entre le monde politique et les militaires. À l’évidence, la Cour a reçu des instructions pour que la substance même de l’erreur judiciaire ne soit pas évoquée. La phrase du président Delegorgue : « La question ne sera pas posée », répétée des dizaines de fois, devient célèbre. Toutefois, l’habileté de Fernand Labori permet l’exposition de nombreuses irrégularités et incohérences, et force les militaires à en dire plus qu’ils ne l’auraient souhaité.

Une demande de pourvoi en cassation reçoit une réponse favorable. Labori conseille à Zola de quitter la France pour l’Angleterre avant la fin du procès, ce que fait l’écrivain. Les accusés sont de nouveau condamnés. On fait partir Zola immédiatement au soir du verdict, avant que celui-ci ne lui soit officiellement signifié et ne devienne exécutoire. À l’image de ceux d’Hugo, Voltaire ou Vallès, cet exil déclenche un important mouvement d’opinion. Le 18 juillet 1898, Zola, seul, prend le train de 21h pour Calais, sans aucun bagage. Il vit ensuite reclus à Londres, dans le secret et une solitude entrecoupée des visites de ses amis et de sa famille proche. Le suicide du lieutenant-colonel Henry, l’officier français qui a produit des faux documents visant à accuser le capitaine Dreyfus , en août 1898, lui redonne l’espoir d’achever rapidement cet exil. Espoir vain, du fait des lenteurs de la justice. La procédure connaît de nombreux épisodes et s’étend sur tout le premier semestre 1899. La décision, positive, est rendue le 3 juin et, le lendemain, l’écrivain rentre à Paris, au terme de onze mois d’exil, avec Fécondité, son dernier roman achevé le 28 mai précédent.

« J’accuse… ! » a totalement relancé l’affaire et lui a donné une dimension sociale et politique qu’elle n’avait pas jusqu’alors. Zola sort de ses démêlés judiciaires avec une stature de justicier et de défenseur des valeurs de tolérance, justice et vérité pour toute une frange de la population. Mais cet engagement coûte aussi très cher au romancier. Sur le plan financier, la justice fait saisir ses biens et les vend aux enchères. Et, alors que le dreyfusisme s’exposait d’abord sous un jour immatériel pour les nationalistes anti-dreyfusards, ceux-ci trouvent en Zola leur tête de Turc. Il concentre dès lors toutes les attaques, incarnant à lui seul le traître à la patrie et à l’armée. Dès 1898, l’écrivain est l’objet d’un torrent d’articles satiriques, caricatures, chansons et livrets le traînant dans la boue.

Jamais Zola n’a regretté son engagement, quel qu’en ait été le prix. Il a écrit dans ses notes : « Ma lettre ouverte [« J’accuse… ! »] est sortie comme un cri. Tout a été calculé par moi, je m’étais fait donner le texte de la loi, je savais ce que je risquais ». Les cendres de Zola seront transférées au Panthéon le 4 juin 1908. À la fin de la cérémonie, un journaliste anti-dreyfusard, Louis Grégori, ouvrira le feu avec un révolver sur Alfred Dreyfus, le blessant au bras.

126 ans plus tard, erreurs judiciaires et saisies se multipliaient à la séance de Parties Civiles.

Table 1, dite « Exil salutaire » : à la table de Lueurs il fallut une lampe de poche bien réglée pour distinguer le vainqueur à la table de marque. C’est Gilles qui a franchi la ligne en tête avec 97, Olive, 93, et Camille 91. Xel en était fort fort loin, comme en exil, mais elle prit sa revanche en s’adjugeant une large victoire à l’une des deux parties de Faraway qui suivirent, l’autre tombant dans l’escarcelle de l’insatiable Gilles.

Table 2, dite « Erreur judiciaire » : Jérôme, François, Dom, Thomas et François-René tentent de survivre à Evolution climate. 4 végétariens trouvent rapidement devant eux un carnivore vorace, incarné par François-René, suivi ensuite par François. Les morsures s’enchaînent, et les charognards en profitent, au-delà de la capacité de leur estomac. La question est posée de ce franchissement litigieux, et on change la règle en cours de route tant il nous paraît abusé de procéder ainsi, à juste raison comme une enquête minutieuse le démontrera après coup : quand un animal est rassasié, il ne prend plus de jetons nourriture par action « take food » (sauf s’il a Fat Tissue). Une règle dont n’a pas profité François-René, vainqueur avec 79, devant Dom, 71, François, 66, Jérôme, 65, et Thomas, 64. On sera donc enclin à lui accorder cette victoire.

Table 3, dite « Question posée » :  on est partis sans nouvelles de From the moon – on y distingua cependant Samuel et Olivier B en compagnie d’Élie. Qui en fut le vainqueur, la question est posée.

Table 4, dite « Biens saisis » : à QE, François aurait engrangé une très belle victoire avec le score mirifique de 63, si ses biens n’avaient été saisis faute d’avoir un peu plus dépensé que Dom (34886 contre 32291). Ce dernier est donc déclaré vainqueur de ce poker menteur, avec 51, devant Thomas, 28, Jérôme, 23, et François-René, 13 avec 0 dépense !

Table 5, dite « Retournement » : Xof fait une énorme remontée éclair à Amalfi et manque de peu de renverser la situation, mais reste coiffé par Mickaël, 199 à 196. Baptiste et Fred ont admiré.

Table 6, dite « Vaine plaidoirie » : cela faisait longtemps, un Codenames final met aux prises les Rouges (Dom, Jérôme, Élie, Gilles) aux Bleus (François, Xel, François-René, Thomas).

  • Bleus 1-0 : François-René trace sa route, imperturbable
  • Bleus 2-0 : les Rouges déclenchent l’assassin, Entrée, sur un Blocus risqué
  • Bleus 2-1 : les Rouges sauvent l’honneur mais ont failli se faire coiffer par les Bleus au terme d’une remontée fantastique avec 5 mots trouvés de suite. Vaine plaidoirie, à laquelle n’a manqué que le Lit de Cléopâtre, auquel il fut préféré Course, vestige d’un indice précédent.

Séance de VENDREDI 16/02/2024 à Servel

Le 16 février 1899, à l’Élysée, le président de la République meurt dans les bras d’une admiratrice. La victime, Félix Faure, est un bel homme de 58 ans avec une fine moustache façon de Guy de Maupassant. La rumeur croit d’abord que sa compagne des derniers instants est Cécile Sorel, actrice célèbre du moment. On saura dix ans après qu’il s’agissait d’une demi-mondaine plantureuse d’à peine trente ans, Marguerite Steinheil. Appartenant à une célèbre dynastie industrielle de l’Est, les Japy-Peugeot, elle était l’épouse d’un peintre en vogue, qui, en récompense des services particuliers de sa femme, avait reçu quelques commandes officielles grassement rémunérées. Ses œuvres ornent encore aujourd’hui les murs de palais de la République.

Très vite, les initiés chuchotent que le président aurait succombé à un excès de zèle. Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d’absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc, médicament ayant la vertu d’exciter les virilités défaillantes, mais aussi pour effet de bloquer la circulation rénale. Le jour dit, comme le président attendait la dame, il avait demandé à l’huissier de sonner deux coups à son arrivée. Les deux coups sonnent, il avale en hâte une dragée, mais l’huissier a fait une erreur. C’est le cardinal Richard, archevêque de Paris, qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui, le prince Albert 1er de Monaco, venu plaider la cause du capitaine Dreyfus, ce qui met en fureur le président. Quand enfin l’huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur, gagnant le salon bleu réservé à ses « audiences très particulières », et a le temps d’avaler une deuxième dragée, qui lui sera fatale… Survolté par l’entretien orageux avec le prince, par la prise médicamenteuse, et l’impatience d’honorer sa compagne, Félix Faure succombe sur le canapé.

Georges Clemenceau ne sera pas en reste de bons mots. « Il a voulu vivre César, il est mort Pompée », dit-il du président en guise d’oraison funèbre, ajoutant aussi : « Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui ».

La mort de Félix Faure vue par L'Illustration (1899)

125 ans plus tard, aucun test médicamenteux n’avait pu être pratiqué sur les participants d’une séance de Parties Civiles.

Table 1, dite « Sacrificielle » : à cette table, les cartes sont de sortie pour Le Trône de fer B’Twixt. On revisite la célèbre saga, et François-René (16) l’emporte, suivi d’Élie, 13, Armand, 7 et Jack, non classé. Rappelons aux apprentis chimistes la richesse de l’alliance du fer et du zinc, une couche de zinc et de fer déposée s’oxydant à la place du métal qu’il protège, empêchant sa dégradation par la corrosion. Le dépôt de zinc et de fer étant très réducteur, il est qualifié de sacrificiel. Ils s’essaient ensuite à Sea Salt & Paper, un jeu de collection du duo Bruno Cathala et Théo Rivière à base d’origamis. Armand, 32, mate Élie, 26, et François-René, 15.

Table 2, dite « Audiences particulières » : l’équipage composé de Marc, François, Dom et Marco repart à l’aventure de Sleeping Gods, sur la base de la sauvegarde faite mardi, et se lance réellement dans l’aventure, sortant notamment victorieux d’un mythique combat de monstres, et réussissant quelques quêtes mémorables à coup d’audiences très particulières, qu’on ne dévoilera pas ici. La sauvegarde a été faite juste avant un basculement de phase, et il flotte un parfum de reviens-y pour découvrir ce qui se passe alors.

farshore boîteTable 3, dite « Espace détente » : On plonge dans un tout nouveau jeu indépendant, amis pas totalement inconnu car se déroulant dans le monde enchanté d’Everdell, et reprenant les mécaniques de son ainé. Farshore invite à naviguer le plus loin possible dans la baie en réalisant de nouveaux objectifs de déploiement au fil des saisons. Comme toutes vacances estivales, le jeu demande des efforts de planification pour en sortir victorieux, et c’est Mickaël qui enfile le costume du meilleur travel planner, sous les yeux de Thomas, Fred et Olivier B.

Table 4, dite « Circulation fluide » : à QE, le mécanisme original d’enchères sans limites expérimenté à 4 ou 5 change de nature à trois joueurs, la circulation fiduciaire étant plus fluide et moins débridée. Pour une fois, Thomas s’en sort, et sans flamber, aux dépends de François-René et Mickaël. Un Mot malin permet ensuite de rééquilibrer leur programme de mathématiques par une composition française.

Table 5, dite « Relation suivie » : la fine équipe de Batman entame une nouvelle campagne à ISS Vanguard mais il y a un hic, car on n’y joue qu’à 4. C’est Xel qui tient la chandelle de cette partie découverte, un rôle pas si désagréable pour terminer la semaine sans se prendre trop le chou.

Séance de VENDREDI 09/02/2024 à Servel

Victime de la canicule de 2003, le plus vieux chêne de Versailles était debout depuis 324 ans. Mais, en ce 9 février 2005, l’arbre favori de Marie-Antoinette va tomber. Il est environ 12 h 30, lorsque le mât, lourd de 60 tonnes, est abattu dans un sinistre craquement, suivi d’un impressionnant fracas. Il n’a fallu que quelques minutes à deux puissants tracteurs pour le mettre à terre.

Le chêne de Marie Antoinette - 2/2 | Planté en 1681, haut de… | FlickrLe géant de 35 mètres de haut et de 5,5 mètres de circonférence était le doyen des arbres du domaine. Il avait échappé à la transformation du parc voulue par Louis XVI en 1776, et survécu à la tempête de 1999, qui avait pourtant emporté dix mille arbres du parc. Pour lutter contre la sécheresse, en 2003, il avait puisé dans ses réserves et limité son feuillage. Très exposé aux rayons du soleil, à bout de souffle après ce dernier effort de printemps, il n’a pas pu survivre à l’été.

En 1783, un officier des gardes de la reine avait demandé à l’horloger Breguet de créer pour la reine Marie-Antoinette la montre de poche la plus sophistiquée qui soit, à l’aide des matériaux les plus précieux. Il faudra quarante-quatre ans pour terminer cette pièce extraordinairement complexe que ni la reine, ni même l’horloger, ne verront achevée. Volée en avril 1983, la Breguet n° 160 « Marie-Antoinette » a été retrouvée en 2007 et a repris sa place au musée Mayer de Jérusalem d’où elle avait disparu. En 2004, Breguet, a souhaité que ses ateliers réalisent une exacte réplique du chef-d’œuvre alors porté disparu depuis vingt ans. Celle-ci sera présentée, après près de quatre ans de travail, dans un splendide coffret, confectionné avec le bois de l’historique chêne de Versailles.

19 ans après, le changement climatique n’avait pas encore eu raison de Parties Civiles. L’association, qui va sur ses seize printemps, perdurera-t-elle au-delà de la longévité du chêne ? Il est encore un peu tôt pour le dire.

Table 1, dite « Dynastie millénaire » : Tristan, Jérôme2, Fred et Dom s’installent devant Age of Innovation. Ce descendant de Terra Mystica est un jeu stratégique costaud où on développe chacun son peuple, à la fois en s’étalant sur la carte où l’on construit des bâtiments et par ses aptitudes et pouvoirs. Cela peut ressembler de loin à Smallworld (dont on retrouve l’appairage entre une faction et un pouvoir spécial en début de partie mais c’est très différent). Il s’agit de bien planifier car les ressources (cubes et or) sont rares et difficiles à obtenir, malgré un mécanisme original de « pouvoir », une sorte de denrée « boost » convertible en un peu tout mais là encore difficile à obtenir et pas toujours disponible. Jérôme choisit de développer sa navigation ce qui lui permet de s’implanter un peu partout. Fred et Tristan acquièrent rapidement des tuiles de revenu (eh oui, un des soucis du jeu est qu’il y a beaucoup de choix avec autant d’information à ingurgiter et une iconographie pas évidente. Il s’avère qu’il y a des tuiles de revenu qu’il vaut mieux acquérir tôt et des tuiles de scoring qu’on se dispute en fin de partie -Tristan l’ayant bien démontré à Fred-). Dom fait un placement de départ pas fameux et a du mal à développer ses villes qu’il n’interconnectera pas. Dans le dernier tiers de la partie, Tristan rattrape son retard mais Fred (dont c’est la deuxième partie) ne lâche rien. Il parvient encore à construire une troisième cité le temps de la 6e et dernière manche, les convertit en 15 PV additionnels et remporte le bonus final (18 PV) pour la plus grande agglomération. Jérôme regrette un coup qui aurait pu lui disputer la victoire mais Fred s’impose avec 150 PV devant Jérôme 130, Tristan 123 et Dom 112.

Table 2, dite « Réserves inépuisables » : Les choix à cette table furent orientés par la présence de 5 joueurs, et en puisant dans les ressources de l’armoire, on jette son dévolu sur Heat, un jeu de course automobile un peu sophistiqué, où il faut aller vite, mais sans griller son moteur faute de partir en tête-à-queue. Le jeu comporte également des bonus pour les retardataires, ce dont certains usèrent et abusèrent, telle Marie-Anne, qui, a force de squatter les dernières places du peloton, fur irrémédiablement distancée. Plus loin sur la piste, la bataille faisait rage, Thomas et Mickaël jouant des coudes, Élie et François s’adonnant à de grandes chevauchées solitaires aussi chevaleresques que risquées, car qui est en tête ne bénéficie ni des bonus de queue, ni de l’aspiration qui permet à un concurrent situé juste derrière ou à côté de se propulser devant. C’est finalement la gestion du moteur qui sera décisive: François, ignorant les limites de vitesse, franchit allègrement les derniers virages à grand coup de pénalités dont il se tire sans ambages avec son inépuisable réserve de cartes moteur. Fort d’un dernier tirage de cartes providentiel, il termine un essieu devant Élie, suivi de Mickaël et Thomas.

Les mêmes quittent alors leur combinaison pour enfiler le costume de banquiers centraux à QE. Ce jeu, au mécanisme original d’enchères sans limites, est une sorte de poker menteur, puisqu’il faut enchérir assez pour remporter des tuiles mais pas trop, car celui qui a le plus dépensé est éliminé à la fin de la partie ! Le déroulement des enchères de cette partie sera fascinant, parti d’une première à 1715, pour finir au-delà de 325 000 ! Thomas, qui aurait fait un excellent score de vainqueur (54), est ainsi éliminé par son dernier achat un peu trop gourmand, qui porte ses emplettes à plus de 420 000. C’est Élie qui emporte la mise avec 43 points (et un budget de 397 678), juste devant Mickaël (42 pour 394 013 dépensés), François, 28. Marie-Anne, perplexe devant l’équation budgétaire proposée, n’a acquis aucune tuile et termine juste avec les 7 points attribués au joueur le moins dépensier !

Table 3, dite « Patine du temps » : la campagne Batman shadow of the bat bat son plein, et la fine équipe (Steven Fabrice, Xel) se joue de Double face, incarné par Olivier, pour une victoire sans encombres.

Table 4, dite « Longévité légendaire » : l’équipe habituelle (François-René, Jérôme, Olivier, Armand), à la longévité légendaire, se retrouve pour une table de Gloomhaven jaws of the lion.

Table 5, dite « Battement de sourcil » : à Wink (un nouveau jeu sur nos tables, qui semble avoir été apprécié en mode fin de soirée) Steven l’emporte d’un clin d’œil devant François-René, Xel et Jérôme.

Séance de VENDREDI 12/01/2024 à Servel

undefinedPierre de Fermat, mort le 12 janvier 1665, magistrat, et surtout mathématicien fut aussi poète, latiniste et helléniste, et s’est intéressé aux sciences, en particulier à la physique (on lui doit le principe de Fermat en optique). Son dernier théorème, dont la démonstration n’a été établie que trois siècles plus tard par le britannique Andrew Wiles, le rendit célèbre. Il l’énonce en marge d’une traduction (du grec au latin) des Arithmétiques de Diophante, en regard d’un problème ayant trait aux triplets pythagoriciens : « Au contraire, il est impossible de partager soit un cube en deux cubes, soit un bicarré en deux bicarrés, soit en général une puissance quelconque supérieure au carré en deux puissances de même degré : j’en ai découvert une démonstration véritablement merveilleuse que cette marge est trop étroite pour contenir ». Cette note est le seul témoignage dont on dispose de Fermat sur cet énoncé dans le cas général. A fortiori aucune démonstration ou tentative de démonstration n’a été retrouvée. En revanche, Fermat évoque à plusieurs reprises le cas des cubes et des puissances quatrièmes, et on possède des preuves de lui et de contemporains sur le cas des puissances quatrièmes. C’est même, dans toute l’œuvre mathématique laissée par Fermat, la seule démonstration.

Les historiens des mathématiques ne sont pas certains que Fermat lui-même ait été longtemps convaincu d’avoir une preuve dans le cas général. En effet, les annotations marginales de Fermat sont des notes de lectures à son usage personnel, et si Fermat mentionne bien dans ses correspondances les cas particuliers du théorème pour n = 3 et n = 4, il n’aborde jamais explicitement le cas général, seule exception parmi ses énoncés de théorie des nombres. La mention de ces deux cas particuliers laisse penser que Fermat s’était lui-même rapidement rendu compte qu’il n’avait pas de démonstration générale, ni même simplement dans le cas n = 5.

Un autre argument fait la comparaison avec la conjecture de Fermat sur la primalité des nombres dits depuis « nombres de Fermat ». En effet, après avoir écrit plusieurs fois à ses correspondants qu’il n’avait pas de démonstration de ce résultat, il assure en posséder une par descente infinie dans une lettre de 1659. Or, la conjecture de Fermat est en défaut pour n = 5 (225 + 1 = 4 294 967 297 n’est pas premier mais divisible par 641), ce qui conduit à supposer que Fermat n’aurait vérifié précisément cette conjecture que jusqu’à n = 4, par une méthode dont il se serait persuadé à tort qu’elle fonctionnait au-delà, et procédé de même pour son « dernier théorème ». On ignore à ce jour s’il est possible de prouver le théorème de Fermat par des raisonnements n’utilisant que les propriétés arithmétiques et algébriques des entiers connues de son temps, mais l’on sait que certaines pistes, telles la méthode de descente infinie, échouent sous la forme qui réussit pour les petites valeurs de n. La plupart des spécialistes estiment, pour cette raison, qu’une approche « élémentaire » est vouée à l’échec.

359 ans après, Servel bruissait des crissements du couteau sur la galette des rois et du clapotis du cidre dans les verres pour une soirée prolifique, riche en nouveautés avec pas moins de trois nouveaux jeux ajoutés à notre bibliothèque de tags (Ad astra, Age of innovation, Faraway), et qui reçut la visite d’une apprentie journaliste. On a hâte de comparer sa recension avec la nôtre.

Table 1, dite « Primus inter pares » : Bruno Faidutti a décidément la cote à Parties Civiles, JérômeC y forme une table de son Ad astra et en sort vainqueur, devançant Nastassia, dans un mouchoir de poche avec Thomas. Suivent Marco et Marie-Anne.

Table 2, dite « Démonstration réussie » : Voici Age of innovation, un jeu visiblement d’une grande complexité au vu de l’heure tardive où il prit fin. Tristan, son promoteur, s’y impose avec 150, devançant de 30 Arakis. Plus loin sur la table de marque, on apercevait Doc Nico et son collègue Patrice, en compagnons d’infortune de Fred.

FarawayTable 3, dite « Carré parfait » : pour la dernière table formée de la première partie de soirée, Gilles étrenne Faraway, une nouveauté aux mécanismes déroutants de prime abord, et qui appela donc à une redite après la première partie de découverte. Lucas 93, Baptiste 65, Aurore 63, François 60, Gilles 58, Camille 57 pour la première. Revanche pour Aurore, 87, Lucas 85, François 78, Gilles 71, Baptiste 59 et Camille toujours 57 pour la seconde. On jette ensuite son dévolu sur Mot malin. Une première partie, commencée par un Adultère (Détective, Lit), et terminée par un hommage à Johnny (Casque, Nuit) puis à Schumacher (Casque, Lit) se solde par le score collectif « Bon ». Une seconde, puisque c’était la table des redites, parvient au niveau « Excellent », grâce aux malins Dop (Savon, Oeil), et Jésus (Pied, Eau).

Table 4, dite « Bête de sommes » : Mickaël sort son spécial, on a nommé La bête bien sûr, et attire Jesus (condisciple de Marco), Élie, Frank et Paul. Ce dernier incarnait le monstre et la partie se solda par un match nul, à une victime de la victoire pour notre jeune ami, mal parti, mais qui, selon son propre aveu, eut plus de succès quand il arrêta de réfléchir ! On passe ensuite aux additions vertigineuses de QE, et Paul l’emporte cette fois avec 44, explosant la concurrence (ses suivants, Frank et Mickaël pointant à 28), dans une partie où l’américain réussit à intoxiquer le japonais.

Table 5, dite « Descente infinie » : sur le toboggan infini de la campagne Batman shadow of the bat, on voit la fine équipe habituelle (Xel, Samuel, Fabrice, Steven) engranger un nouveau succès. Un jour, c’est mathématique, cette série prendra fin, mais ce n’était donc pas ce soir.

Table 6, dite « Marges providentielles » : à la table de Civilization Baptiste posa, comme à son habitude, beaucoup de questions. Et là, pas de marge trop étroite pour contenir les réponses : il reçut tant et tant de conseils avisés que sa victoire pourrait presque se lire comme un succès collectif pour Benjamin, Marc, Olive et Adrianne !

Table 7, dite « Conjecture indémontrable » : on retrouve la fine équipe (François-René, Jérôme, Olivier, Armand) pour cette table de Gloomhaven jaws of the lion. Cette campagne prendra-t-elle fin, on ne saurait le dire ? On est tenté de penser que la conjoncture est indémontrable.

Table 8, dite « Double jeu » : Mot malin attise les envies, et voici que la table 1, rejointe par Xel et Jérôme s’y met aussi, après que Marco eut tiré sa révérence. Ils furent bons, sans plus.

Table 9, dite « Correspondances dévoyées » : si, à l’époque de Pierre de Fermat, les correspondances étaient le moyen de se jauger et de partager ses connaissances, à Fiesta de los muertos il leur arrive d’être dévoyées. De cette table finale, on retiendra comme exemple de glissement progressif des sens qu’il n’était pas évident de penser à Odin avec un indice canin (Viking, Danois, Carlin) ou à Jacques Brel sur l’indice financier issu de l’enchaînement (Flammandes, Frite, Patate, Pognon).

Séance de VENDREDI 05/01/2024 à Servel

Le 5 janvier 1477, Charles le Téméraire, « Grand Duc d’Occident », trouve à 43 ans une mort tragique et solitaire en faisant le siège de Nancy, blessé d’un coup de hallebarde par l’un des Lorrains ou Suisses qu’il combattait. Défait par les Confédérés suisses, Charles le Téméraire s’était retourné contre le jeune duc de Lorraine René II, qui lui a repris la ville. Par une matinée glaciale, aux côtés son demi-frère Antoine, dit le Grand Bâtard, qui lui a toujours été fidèle, mais n’ayant plus avec lui qu’une poignée de soldats, il livre bataille à son ennemi qui bénéficie d’un effectif beaucoup plus nombreux (15 000 contre 2 000), essentiellement de mercenaires suisses. Ses troupes sont taillées en pièces, lui-même disparaît dans la mêlée. Le lendemain, à Nancy où René célèbre son triomphe, un jeune page révèle au duc avoir vu Charles le Téméraire tomber de cheval. René se rend en escorte sur le lieu indiqué et, parmi plusieurs corps dévorés par les loups et que les pillards ont déjà dépouillés de leurs vêtements, on croit reconnaître celui du Téméraire. Son médecin se penche sur le cadavre et l’identifiera formellement d’après une cicatrice à la gorge et une bague restée au doigt.

Charles le Téméraire chute de cheval devant Nancy (miniature des Mémoires de Commynes, XVe siècle)

Quelques années plus tard, à Lannion, on guerroyait sur tous les continents et toutes les époques.

Table 1, dite « Voyage hasardeux » : Une partie d’Iki avec extension pour quatre expérimentés, Mickaël, Axel, Samuel et Dom. La preuve : tous finissent avec les cinq couleurs de personnages dans leur jeu. Le hasard du marché des personnages fait que très peu de bâtiments ont été construits (la maison de thé par Axel). Les incendies n’ont fait aucun dégât. Samuel a fait la course en tête sur la piste d’incendie et a accumulé les points de victoire en cours de partie. Par contre sans jetons tabac ou poissons il marque peu en fin de partie et finit second avec 98 PV. Mickaël fait un dernier achat de poissons à 12 PV qui lui donne la victoire avec 108 PV. Axel et Dom ferment ce tir groupé avec 94 et 93.

Table 2, dite « Fin prématurée » : lorsqu’Elsa von Frühlingfeld présenta son invention au roi Frédéric-Auguste II de Saxe, les gens pensèrent à une supercherie. Cette scientifique du dix-neuvième Box cover of English editionsiècle a utilisé l’uranium, élément récemment isolé, pour chauffer un seau d’eau, et la vapeur générée pour alimenter un moteur, qui lui-même maintenait l’uranium actif via un processus qu’elle appela « atomisation ». Son appareil, le Nucleum, a marqué le début d’une nouvelle ère d’énergie et de prospérité pour les décennies suivantes, et plus prosaïquement pour nous, le jeu dérivé de l’invention éponyme.
Simone Luciani (Tiletum, Tzolk’in, Grand Austria Hotel…) souvent plus développeur qu’auteur, est ici, comme à son habitude accompagné d’un auteur de renom: David Turczi, qui n’est pas non plus n’importe (Teotihuacan, Anachrony…) . Deux auteurs exceptionnels pour un jeu d’exception, jeu que Fred nous présente comme nécessitant un apprentissage au long cours, avouant n’en avoir pas encore maîtrisé les arcanes. Cet aveu d’un si fin connaisseur glace le sang d’Olivier et François, mais il est trop tard pour reculer, et les voilà pris dans l’engrenage. A la découverte, le jeu se révèle d’une grande richesse, avec de faux-semblants de Brass, autre aventure industrielle, moins librement inspirée de la réalité : on construit des rails pour relier des villes, et un réseau à partir duquel on peut agir. Les rails sont en fait des tuiles à double face, l’avers étant constitué d’un couple d’actions associés à une couleur, actions que l’on résout avant de poser son rail, en respectant bien sûr les couleurs. On établit des bâtiments, on fore des mines et on active des centrales, tout l’enjeu étant de réussir à électrifier ses bâtiments en amenant l’uranium par un réseau de rails, ou le charbon pour les nostalgiques. Olivier et Fred jettent leur dévolu sur le matériau rare au sud du plateau, alors que François s’exile au nord, jouxtant une mine de charbon en activité. Ce mouvement calculé à l’instinct l’éloigne du champ de bataille, lui permet de construire à tour de bras et de récolter de précieuses étoiles lors de l’électrification. Il prend rapidement la tête, lentement rejoint par Fred et Olivier qui montent en puissance, mais ce n’est qu’un leurre, car tout se règle à la fin de partie sur la piste des étoiles, qui offre des bonus plantureux à ceux qui s’y sont bien placés. Sentant son avance fondre, sur les coups de minuit, François décide de mettre fin à la partie, au grand dam de ses adversaires, en vidant le marché, coup hautement stratégique qui lui offre une victoire de prestige avec 152 PV, devant Fred, 128, et Olivier, 99.

Attention une précision très importante aux règles (source Luciani lui-même): « Pour pouvoir construire dans une ville, sauf la toute première, il faut un rail À SOI qui relie à la ville en question contrairement à ce qui est écrit sur les règles »

Table 3, dite « Rois sans divertissement » : convoqués à une séance de Gloomhaven : les mâchoires du Lion, François-René, Armand, Jérôme et Olivier B. s’en sortent brillamment.  Ils enchaînent sur Kites, mais leur final est perturbé par l’arrivée intempestive d’un journaliste amateur, puis finissent par s’encanailler au casino des banques centrales avec Q.E. François-René s’y distingue en la jouant super Mario (Draghi bien sûr, pour les intimes).

Table 4, dite « Chronique d’une mort annoncée » : Jérôme et F-R inaugurent Sky Team, un original jeu coopératif à deux où, respectivement pilote et copilote d’un avion de ligne, les joueurs doivent le faire atterrir en utilisant des dés dont la valeur est inconnue de l’autre. Pas mal d’options et de configurations laissent anticiper un jeu riche, mais avec une certaine courbe d’apprentissage : ce soir le 757 s’est crashé avant d’avoir atteint le seuil de piste de l’aéoport de Montréal.

Table 5, dite « Duc d’occident » : à cette table de Civilization (en version 2018), on retrouve Xel, Adrianne, Benjamin et Steven, ce dernier réglant son petit monde avec un panache que n’aurait pas renié le duc d’Occident.