Le 22 octobre 1797 A-J. Garnerin, après avoir dégonflé sa montgolfière (eh oui, encore un ballon) un peu en dessous de 1000 m d’altitude, déploie son prototype de parachute et revient sur terre (au Parc Monceau) presque intact, passant derechef à la postérité devant une foule de badauds déconfits qui s’attendaient à le voir s’écraser. L’homme connaissait bien les ballons, les ayant mis en oeuvre à l’armée et dans le civil. Après ce premier saut, il perfectionne son parachute, en dépose le brevet, et continue à sauter depuis de plus en plus haut (partant de 2400 m lors d’une démonstration en Grande-Bretagne en 1802). Il meurt à 53 ans sur le chantier d’un nouveau ballon, s’étant pris une poutre sur la tête. Comme l’a chanté G.Brassens (né un 22 octobre, étonnant non ?) : « La loi de la pesanteur est dure mais c’est la loi ».
Table 1, dite « Voyages dans les cieux » : Nos vétérans intergalactiques poursuivent leur exploration de l’ample Voidfall. C’est intéressant, ils décident de rejouer le scénario de la semaine passée ; la variabilité liée en particulier aux événements venant rythmer les tours fait que le déroulé a été très différent, avec des factions plus puissantes, moins d’économique et plus de militaire- nos deux Kirk se sont même frittés un peu. Côté score c’est beaucoup plus équilibré que le premier opus, Marc l’emporte sur Olive par 122 à 108 PV.
Table 2, dite « Pas dégonflé » : Pierre-Yves sort Yunnan de sa besace, un jeu allemand d’il y a une douzaine d’années. Il attire Vincent, François, Marco et VHN. En apparence c’est un jeu de développement : plus on avance loin sur la route qui relie les provinces chinoises, plus on peut vendre son thé cher. Et pour cela, il faut suite à une phase d’enchères acquérir des meeples supplémentaires, accroître sa portée le long de la route, augmenter le nombre de déplacements des meeples, construire des bâtiments pour se donner des options tactiques etc. En fait il est assez méchant car il y a plusieurs façons pour que sa chaîne de meeples habilement construite puisse être perturbée, ce qui réduira le revenu perçu à la fin du tour. On ne se fait donc pas de cadeaux et certains comme PY et François ont souvent vu leurs plans mis en lambeaux. Notons aussi qu’en choisissant bien son moment on peut récupérer de grosses sommes à la banque. Dernier élément pas évident à jauger : on décide librement de convertir une fraction de son revenu (mais pas de son argent déjà devant soi) en PV à la fin de chaque tour. Sachant que la fin de partie est déclenchée quand un joueur atteint 80 PV il faut bien gérer le timing de cet arbitrage. Ainsi Dom qui brusquement convertit l’intégralité de son revenu de 38. On le voit venir mais trop tard : premier joueur, il assure son revenu du tour suivant en dominant sur l’influence ; il score 51 PV puis encore un peu au décompte final et finit avec 121 PV, devant la mine dépitée de Vincent 67, François 62, Marco 54 et PY 30.
Table 3, dite « L’homme qui tombe à pic » : Bien au calme, deux parties de Wyrmspan pour Xel, Nastassia et Stéven. La première est pour Stéven avec 104 PV devant Xel 86 et Nastassia 76. La seconde est pour Stéven avec 94 PV devant Xel 83 PV et Nastassia 70+. Il y a des choses immuables en ce monde.
Table 4, dite « Plus dure sera la chute » : Partie au long cours de La bête avec de nouveau Thomas dans le rôle du prédateur. Face à lui Caroline, Mickaël, Marie-Anne, Xof et une nouvelle venue. Nous publions ici le long rapport reçu d’un infiltré dans le groupe de chasse, Jean Chastel.
« Je vous écris pour vous narrer les évènements tragiques dont j’ai été témoin en mon pays de Gévaudan. En ce l’an de grâce 1764, le 30 juin, j’appris qu’une jeune fille de 14 ans, la dénommée Jeanne Boulet venais d’être trouvée déchiquetée à proximité du village des Hubacs, un loup l’aurait attaquée sauvagement à la tombée de la nuit. Mais déjà les rumeurs enflèrent, certains y voyant l’œuvre du diable, d’autres l’œuvre d’un homme se changeant en loup les jours de pleine lune. Pour couper court aux rumeurs, je fus sollicité par le marquis d’Apchier en ma qualité de chasseur pour participer à la capture de cette bête. A l’été suivant, je fus surpris de voir arriver de Paris un envoyé du roi ainsi qu’une femme naturaliste, assistante de Georges-Louis Leclerc de Buffon, il parait que cette terrible affaire arriva aux oreilles de notre cher Roi et que cela faisait désordre. Un notable revenant de la capitale me confia qu’on se gaussait dans les couloirs de Versailles de ce roi impuissant à maitriser un simple loup et qu’il n’était donc point étonnant qu’il fut ainsi humilié par ces foutus anglais et prussiens dans ces longues années de guerre dont nous sortons à peine. L’évêque de Mende persuadé que le diable était à l’œuvre voulu aussi suivre la traque, son cousinage avec le ministre de Choiseul ne dut pas être étranger à la venue dans nos contrées éloignées du porte-arquebusier de notre bon Roi.
En cet été, je me positionnai aux environs de la ville de Grandrieu, mal m’en a pris, comme vous le savez, les chemins sont sinueux et difficiles par ici, ma monture n’étant pas très vigoureuse, j’eu du mal à retrouver les traces de ce que je pensais encore être un simple animal. Ce qui me valut bien des moqueries et le sobriquet de « Chastel, le chasseur de lapin ».
D’autres victimes furent à déplorer autour de la forêt de Mercoire durant la saison froide malgré l’arrivée de dragons du Roi et de leur chef, le capitaine Duhamel. Des témoins furent interrogés, ils auraient vu la bête traverser leur hameau. La bête défia nos prédictions, elle était comme tapie dans l’ombre, semblant anticiper nos mouvements. Mes compagnons de traque et moi-même, malgré nos sensibilités respectives, ressentions de l’impuissance face à cette force destructrice qui semblait mue par une force supérieure. Et si l’évêque avait raison ? Je me souviens encore de son discours lors de cet hiver 1764 : « toutes ces choses n’étaient que le commencement et le prélude d’un malheur plus terrible encore que ceux qui ont précédé. Vous ne l’éprouvez que trop, hélas ! Nos Très Chers Freres, ce fléau extraordinaire, ce fléau qui nous est particulier et qui porte avec lui un caractère si frappant et si visible de la colère de Dieu »
La colère de Dieu…Je l’ai éprouvée, jamais ma foi ne fut mise à aussi rude épreuve que lors des terribles évènements qui allaient survenir.
En cette nuit d’horreur de décembre, cela est gravé au plus profond de ma mémoire, le ciel était clair et la fraicheur de ce début de soirée pénétrait les corps, les paysans se pressaient de rentrer sous la lumière de la lune. De cette pleine lune qui était rouge sang, comme annonciatrice du malheur à venir et qui restera dans l’histoire comme la boucherie de Saint Aman, les cris des familles commencèrent à résonner dans tout le village, glaçant ses habitants, d’abord vers le chemin du moulin au nord, puis vers le pont enjambant la Colagne au sud, la panique fut indescriptible comme si la main de la faucheuse venait se poser sur nous où que nous soyons, chacun essayant de retrouver et de protéger ses proches. Cela sembla durer des heures, puis le ciel se couvrit, au même moment un hurlement terrifiant s’éleva au lointain, la lune disparut et la nuit redevint d’un noir impénétrable. La mort venait de frapper, le silence lourd des survivants, le regard hagard, hésitant entre le soulagement d’être en vie et la douleur de la perte.
En cet instant, il m’est venu la certitude que ce ne pouvait être un simple loup, cette pensée me terrifia et des frissons irrépressibles firent tressauter mon corps jusqu’à l’aube. Marqué par cette nuit d’horreur, je retrouvai de bon matin le marquis d’Apchier, bien déterminé à mettre fin à ces tueries. Notre évêque décréta des prières de quarante heures en envoyant un message à toutes les églises des environs : « Une bête féroce, inconnue dans nos climats, y paroit tout-à-coup, comme par miracle… Elle y laisse des traces sanglantes de la cruauté… Elle fond sur sa proie avec une agilité et une vitesse incroyable… A ces causes, l’on fera les prières de quarante heures où l’on chantera le Domine »
Les beaux jours revenus en ce printemps de 1765, par la grâce de notre seigneur, nous décidâmes de ne pas nous laisser abattre, et redoublâmes d’énergie en mettant nos connaissances en commun, ce qui fut couronné de succès. Aidés par notre naturaliste et son érudition, elle mit la bête en fuite à Marvejols évitant un évident massacre, mais elle ne fut pas écoutée quand elle annonça qu’il fallait vite se diriger vers le Born, la ville plus à l’est, nous temporisâmes et nous eûmes tort, des morts auraient pu être évités si nous avions suivi cette femme de science, si cela avait été un homme, peut-être l’aurions-nous écouté au lieu de perdre notre temps à faire appel aux trop réputés frères Marlet, qui soit disant avaient réussi à toucher la bête la veille, vantant leurs armes de bonne facture et leurs munitions de qualité.
Les paysans s’armèrent, les dragons du roi patrouillèrent mais la bête immonde nous échappait toujours, la colère grondait, à tel point que notre évêque fut empêché par la foule de quitter Saint Amans alors qu’il devait la traverser pour guider la traque et fut contraint d’y célébrer une messe en hommage des victimes de l’année passée. Ceci nous retarda dans nos plans mais mieux vaut l’apaisement des âmes que la colère des corps.
Nous en étions sûr, la créature allait remonter vers une zone plus peuplée, cette engeance du démon avait faim, nous l’avions contraint à se mettre en mouvement. Une nouvelle lune de sang nous faisait craindre le pire, de nouvelles victimes furent à déplorer vers Rimeize. Heureusement une jeune paysanne, Marie-Jeanne Vallet avec une lance de fortune réussi à faire fuir la bête, lui entaillant même par deux fois le flanc limitant ainsi le massacre. Nous la suivions de près mais le temps nous était compté, au printemps prochain, les troupes serait rappelées à Paris. Un forgeron mandaté par le Marquis de Morangiès, nous confectionna 3 pièges de fortes constitution qu’on plaça judicieusement aux alentours du Malzieu bloquant ainsi la redescente vers le sud, du moins nous l’espérions.
Si près du but, le sort s’acharna sur nous, par une injustice que je dénonce encore aujourd’hui, je fus emprisonné sous prétexte d’avoir menacé deux garde-chasses à cheval, Pélissier et Lachenay, m’accusant de les avoir sciemment dirigés vers les tourbières, s’embourbant avec leur monture, une altercation s’en suivit et je dus les mettre en joue craignant pour ma vie. Je passai l’hiver 1766 dans les geôles m’empêchant donc de continuer la traque. J’en fus libéré au printemps prêt à en découdre ayant mis à profit ces mois d’enfermement pour élaborer une stratégie pour coincer enfin ce monstre des enfers. Connaissant bien ce coin du nord de la province pour y avoir mener de célèbres battues avec mon camarade Thomas, il nous fallait utiliser la fameuse tactique de la tenaille de Langeac.
Des mois de traque, à apprendre, à anticiper, à douter mais tous les indices concordaient, la bête nauséabonde était à Ruynes et elle s’apprêtait à fondre sur le village de Prades, nous en étions convaincus bien qu’elle voulusse nous faire croire que sa prochaine cible était la ville voisine de La Besseyre. Oui, vous m’avez bien lu, pour nous ce n’était pas un simple animal mais une créature dotée de raison qui se jouait de nous. Des nuits entières à se mettre dans la peau de cet innommable démon, à en perdre la raison, à en faire douter jusque notre foi en notre Seigneur. Mais le moment de vérité était arrivé, la bête frapperait ce soir en ce lieu. Nous nous positionnâmes aux points stratégiques, elle ne pouvait pas nous échapper. Elle fut stoppée comme espéré par le grand louvetier du royaume d’Enneval. Pourchassé, le coup fatal lui fut donné peu après, sa dépouille basculant dans la Seuge, emportée par le fleuve gonflé par une pluie d’orage.
Le mystère de sa nature demeurera. Depuis ce jour, malgré le calme revenu, les soirs de pleine lune, me reviennent en mémoire cette forme que je crus distinguer dans l’obscurité lors d’une battue, comme si un immense loup se mettait à marcher tel un homme. Et dans le lointain parfois, il me semble encore discerner son hurlement diabolique. »