Séance de VENDREDI 18/10/2024 à Servel

Au Grand Palais, à Paris, le 18 octobre 1905, le Salon d’automne révèle un nouveau courant artistique illustré par des peintres qui ont nom Henri Matisse, Maurice de Vlaminck, Albert Marquet, Henri Manguin, André Derain et Charles Camoin. Leurs œuvres réunies dans la salle VII se distinguent par l’exaltation de la couleur pure, appliquée en larges traits de pinceau. Cet excès chromatique choque le public et l’on crie au scandale au point que le président de la République Émile Loubet préfère se fait porter pâle à l’inauguration. Le critique Louis Vauxcelles s’extasie devant un buste d’enfant du sculpteur d’Albert Marque dont la candeur, dit-il, «​ surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves​ »​ ! La phrase fait mouche et «​ fauve​ » devient éponyme du ​fauvisme​​, premier mouvement d’avant-garde du XXe siècle.

Par une coïncidence troublante, forcément troublante, les tables jouées ce soir à Parties Civiles exhibaient d’incroyables profusions de couleurs.

Table 1, dite « Toutes les couleurs se confondent » : Olive, Steven, Gérard et Dom s’installent autour de Coimbra, jeu de gestion au thème transparent qui parvient à renouveler la mécanique de choix de dés parmi un pool commun. En effet ici la couleur et la valeur du dé interviennent, mais à deux phases indépendantes du tour de jeu (la valeur détermine ce que le joueur peut acquérir et à quel prix alors que la couleur détermine quel bénéfice/revenu il gagne plus tard dans le tour). Le tout avec pas mal de façons de marquer des points, c’est le genre de jeux où la position sur la piste de score en cours de partie ne signifie pas grand chose tellement il y a de postes dans le décompte final. Il y a aussi quelques actions « croche-pied » qui font perdre des points ou des ressources aux autres joueurs. La plupart des joueurs découvraient : Dom a pas mal axé son jeu sur les voyages, Gérard a privilégié le pèlerin et Steven a été bon partout, faisant quelques achats de cartes à bon compte et étant moins présent pour récupérer des Châteaux. Bien positionné au terme des quatre manches pour les majorités sur les 4 pistes d’influence, il s’impose avec 149 PV devant Dom 130, Olive 121 et Gérard 118.

Table 2, dite « Virée chez Donatello » : à Heat Olivier B, Olivier L, Olivier G, PyD, Xel se lancent dans une course effrénée au milieu des paysages fauves d’une Italie chatoyante entre mare et monti. Xel l’emporte de peu, derrière Olivier G et Olivier B, Olivier L et enfin PyD.

Table 3, dite « Les nuits fauves » : à la veille de Scorfel, cette table ose embrayer sur un Dune Imperium – insurrection et ne craint pas de le proposer en baptême du feu à Caroline, notre nouvelle adhérente. De cette bataille de fauves terminée à l’obscurité de la nuit noire, Fred s’extirpe brillamment avec 11 PV, tirant un magnifique parti des vers, grande nouveauté de ce nouvel opus, et d’une carte stratégique qui lui permet de doubler ses gains au combat. Mickaël est deuxième avec 7, suivi par François, 6, qui découvre cette version et appréhende mal les vers, en plus d’être plombé par une carte personnage handicapante qui le prive des talents du diplomate. Avec 4, Caroline n’a pas démérité, et s’en sort avec les honneurs.

Séance de VENDREDI 13/09/2024 à Servel

Lors de la Cène, le dernier repas de Jésus, il y avait 13 apôtres, dont Judas, qui l’a dénoncé – il a été crucifié un vendredi. C’est ainsi que le vendredi 13 est devenu un jour à part, surtout en Occident. En France, la superstition tiendrait aussi ses origines de l’arrestation du Grand Maître des Templiers, Jacques de Morlay, et de tous ses disciples, sur décision du roi de France Philippe IV Le Bel, le vendredi 13 octobre 1307, un événement qui marquera la chute de l’ordre. Ce jour-là, après avoir été torturés, 54 templiers furent brûlés vifs. Dans la mythologie nordique, le 13 est aussi symbole de malheur. associé au Dieu de la malice, de la discorde et des illusions : Loki, qui s’est invité à un banquet organisé par le roi des Dieux nordiques, Odin. Banquet qui s’avèrera funeste puisqu’il tuera le fils d’Odin, Balder, d’une flèche empoisonnée en plein cœur. Loki était le 13e convive de ce diner. Dans l’histoire récente, enfin, plusieurs événements tragiques se sont déroulés un vendredi 13, tels en janvier 2012, le naufrage du Costa Concordia, ou encore en novembre 2015, les attentats de Paris.

Mais à Lannion, en 2024, un quarteron de joueurs défia le sort.

Table 1, dite « Harmonie brisée » : chez les Grecs et les Romains, le nombre 12 était considéré comme la perfection, associé au cycle des heures dans une journée, au nombre de mois dans l’année, au nombre de travaux d’Hercule et de divinités dans l’Olympe. Saluons l’esprit olympien à cette table de Dune Imperium – Insurrection qui, en plus de réunir d’authentiques champions, fit résonner le nombre 12 (Fred) = 7 (Thomas) + 5 (Elie). Harmonie hélas vite brisée à Forêt mixte, Thomas l’emportant avec 93, 13 points devant Elie et Fred jouant les trublions avec le score maléfiquement dual de 69 (en base 13).

Table 2, dite « Dérèglement temporel » : à la table de Ultimate Railways on vit Axel s’imposer devant Xel, Xof et Steven. Les règles y ont été maltraitées, peut-être à cause d’un infime dérèglement de l’ordre temporel.

Table 3, dite « Chance provoquée » : quoi de mieux pour une fin d’Olympiade que le retour sur nos tables de Cyclades ? Bien trop peu convoqué (trois fois en huit ans !), ce jeu est toujours excellent et la partie ne dérogea pas à la règle, avec, comme dans la précédente du 26 juillet 2019, l’intervention maléfique de Pégase. François, qui avait fait un départ bille en tête, en fut victime, exproprié d’une île pourvue de deux cornes d’abondance. Il réussit quand même à construire une métropole, et Dom aussi, Mickaël et Doc Nico n’y étant pas encore. A ce moment de la partie, tout devient possible, puisque pour gagner il faut contrôler 2 métropoles à la fin d’un tour et donc la construire (avec 4 bâtiments ou 4 cartes Philosophe)….ou la conquérir. C’est ce qui se passa : après deux échecs précédents, Dom lança un ultime assaut sur la métropole de François, qui n’avait pas vu le coup venir en s’en croyait protégé par le maigre portefeuille de son assaillant, mais celui-ci parvint à ses fins grâce à une brillante combinaison de cartes, brûlant avec une première ses vaisseaux pour les vendre et ainsi acquérir la deuxième. Il restait à faire parler les dès, et ils donnèrent la victoire à l’attaquant. La chance, dit-on, sourit aux audacieux. Quant à François, il ne se rendra plus jamais à l’espace Pégase d’un air insouciant.

Table 4, dite « Sans Freddy ni Jason » : Sans Freddy ni Jason, on peut aussi passer un bon Vendredi 13 : Steven Xel, Thomas, Xof, Axel puis François remplaçant Xel se lancent dans des parties de Mot malin, avec un beau succès et quelques trouvailles comme Tigre (chat, soldat) qui évoquait Clémenceau, Marseille (ville, savon), mais pour Rose, la jolie triangulation (ville, soldat) était un leurre, plus tard corrigé avec Garnison !

Table 5, dite « Chat noir » : Olivier B, François-René, Armand et Jérôme poursuivent les Chroniques de Drunagor – L’Âge des Ténèbres, mais y ont mélangé les règles. Une malchance à laquelle la date ne peut être tout à fait étrangère.

Table 6, dite « Not today » : était-ce vraiment le bon jour pour se lancer dans Turbulences, on peut en douter. Cette prise de risque ne fait pas peur à nos trois héros, Dom, Doc Nico (fier possesseur de ce jeu, jamais joué encore sur nos tables) et Mickaël, pendant que François est rentré ruminer ses mésaventures avec un cheval ailé. En tous cas, le jeu attire autant l’œil qu’il stimule l’esprit et, flattant les principes écologistes dans sa conception, il a toute sa place sur nos tables !

Séance de VENDREDI 16/08/2024 à Servel

Jean de La Bruyère, né à Paris le 16 août 1645, est célèbre pour une œuvre unique, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle (1688). Cet ouvrage, constitué d’un ensemble de brèves pièces littéraires, compose une chronique essentielle de l’esprit du XVIIème siècle. Quelques années plus tard, à Lannion, qu’il nous soit permis de le revisiter.

Table 1, dite « Du mérite personnel » : Un honnête homme se paye par ses mains de l’application qu’il a à son devoir par le plaisir qu’il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l’estime et la reconnaissance qui lui manquent quelquefois. Projetés dans une Suède des années 1980 légèrement revisitée, les héros de Tales from the loop sont des enfants, qui évoluent dans un univers de machines issu de la série éponyme, machines qui ont pris leur autonomie et qu’il faut, la plupart du temps, éviter de croiser. Ils n’en ont pas moins les corvées dues à leur âge, tondre la pelouse, aller chercher sa sœur à l’école, inverser les pneus de la voiture (ce que chacun est tenu de faire, une fois par an, comme nul ne l’ignore), et, surtout, rentrer à l’heure pour dîner. L’équipe habituelle de ISS Vanguard (Xel, Steven, Fabrice) s’est adjoint les services de François, équipier valeureux mais sans mérite personnel avéré. Bientôt englué par les retards à rentrer dîner, la fatigue et les blessures, il se désintéresse des éloges que personne ne songe lui prodiguer, tandis que les épreuves s’accumulent, avec les cartes B2, B3, B4, B5 et leur lot d’embûches à affronter. Et voici que, peu avant minuit, au détour d’une phrase, l’une de ces cartes annonce que les enfants ont remporté la partie. Ils y auront gagné moins la reconnaissance que du plaisir à l’avoir fait.

Table 2, dite « Des ouvrages de l’esprit » : La gloire ou le mérite de certains hommes est de bien écrire, et de quelques autres, c’est de n’écrire point. A la table de L’ordre de Veiel, Olivier B, François-René, Jérôme et Nico77 ont écrit ensemble les pages d’une belle histoire, après un test d’apocalypse ponctué de 7 météores.

Table 3, dite « Des esprits forts » : L’impossibilité où je suis de prouver que Dieu n’est pas me découvre son existence. Jack, Mickaël, Jeff, Marc, Fred et Elie se lancent dans Dune imperium – insurrection, un nouvel opus arrivé le soir même, dont ils ont compris les règles à 4 – mais ils sont 6, et cela change la donne, sans compter les erreurs de traduction. Après ce départ différé, voilà une table qui les entraîne jusqu’au bout de la nuit. L’histoire ne dit pas s’ils ont fini par rencontrer Dieu.

Table 4, dite « Du beau parleur  » : Ce que quelques-uns appellent babil est proprement une intempérance de langue qui ne permet pas à un homme de se taire. A cette table de noctambules, Profiler et Crack List ont prolongé le babil jusqu’à des heures indues.