Séance de VENDREDI 26/01/2024 à Servel

Le 26 janvier 1926, des membres de la Royal Institution assistent à la première séance de télévision. Il ne s’agit que d’une petite image animée en noir et blanc de 30 lignes verticales, mais elle permet de distinguer clairement la silhouette d’un personnage transmise d’un émetteur situé dans la pièce voisine. La séance a lieu à Londres, 22 Frith Street, dans le laboratoire de l’inventeur, un ingénieur et entrepreneur écossais du nom de John Logie Baird. Après de longues recherches, il avait présenté une première fois son procédé en octobre 1924 dans un magasin, mais le résultat avait été trop médiocre pour être pris en considération.

98 ans après, on donnait en simultané sur 4 chaînes une séance de Parties Civiles.

Table 1, dite « Histoires » : Mythic Battles prend du poids et du volume dans les bagages de François-René, venu présenter sa nouvelle acquisition. A la version Ragnarok pour les puristes, il s’impose avec Elie fort d’une collection de runes, se déjouant de Xof et Armand.

Table 2, dite « NRJ » : A la table de Nucleum, déjà de vieux habitués : Olivier L. qui prend un départ compliqué qu’il paiera longtemps, se muant dès lors et selon ses dires en spectateur d’une joute opposant Fred à François. Ce dernier brille en électrifiant et en remplissant des contrats, mais il est défait au décompte final par Fred, qui engrange les points de ses bâtiments fédéraux, sans oublier ses juteuses avancées sur les pistes. Au final, Olivier est juste devant Fred, mais c’est un effet d’optique car il a un tour de retard (78 à 177, donc). François score un honorable 137.

Table 3, dite « Treizième rue» : à La Famiglia Tristan et Franck engrangent une victoire aisée, permise par un butin plantureux mais mal acquis. Marie-Anne et Mickaël n’étaient pas forcément plus honnêtes mais n’ont rien pu faire.

Table 4, dite « Evasion » : Nouveau tour en Nouvelle-Zélande qui réunit cette fois Xel, Neox et Dom à Great Western Trail Nouvelle-Zélande. Les deux premiers ont joué au jeu de base mais il y a bien longtemps, comme l’a fait remarquer Neox on perd des réflexes à moins jouer. Dom tire les leçons du vendredi précédent où il avait peiné après avoir longtemps n’eu qu’une seule bergère. Cette fois c’est Xel, vu le faible nombre mis en jeu et les achats agressifs des deux autres, qui en souffrira. Elle axe sa partie sur les bâtiments et la navigation pendant que Dom et Neox (le premier à augmenter sa taille de main) font des livraisons à Wellington de plus en plus valables. En fin de partie Neox musarde sur la route sans réaliser qu’il fait le jeu de Dom qui, à toute berzingue, fonce faire une ultime livraison à 13 PV et comme on dit « to add insult to injury », rafle le jeton de fin de partie à 5 PV. Il ressort en tête du décompte des points avec 131 PV devant Neox 92 et Xel 72.

Séance de VENDREDI 19/01/2024 à Servel

Disparu près de soixante ans, le manuscrit du roman de Céline Voyage au bout de la nuit réapparait le 19 janvier 2001 par l’entremise d’un libraire parisien. La Bibliothèque nationale de France l’acquiert, faisant jouer son droit de préemption, pour plus de 12 millions de francs et le conserve depuis dans un coffre-fort, seuls quelques privilégiés ayant pu y avoir accès. Il sera édité en fac-similé dans un luxueux coffret en 2014  en deux tirages, limités chacun à 1 000 exemplaires. Avec ce livre, récit à la première personne de la Première Guerre mondiale, du colonialisme en Afrique, des États-Unis de l’entre-deux guerres et de la condition sociale, Céline obtint le prix Renaudot, manquant de deux voix le Goncourt.

Classique du XXe siècle, traduit en 37 langues, il tient son titre d’un couplet d’une chanson chantée par l’officier suisse Thomas Legler, alors au service de Napoléon, pendant la Bataille de la Bérézina: «  Notre vie est un voyage / Dans l’Hiver et dans la Nuit / Nous cherchons notre passage / Dans le Ciel où rien ne luit ». Le roman est notamment célèbre pour son style, imité de la langue parlée et teinté d’argot, ce qui suscita de nombreuses polémiques à sa parution. En jetant les bases d’un style qu’il nomme son « métro émotif ». Céline refuse d’utiliser la langue académique des dictionnaires, qu’il considère comme une langue morte. C’est l’un des tout premiers auteurs à le faire, avec une force qui influencera largement la littérature française contemporaine.

23 ans après, Servel bruissait du tumulte d’aventures extraordinaires, qui se poursuivirent jusqu’au bout de la nuit, bien après le départ du scribe.

Table 1, dite « Une boucherie » : en 1347, la peste noire envahit toute l’Europe. Les bateaux infestés accostent dans les ports de Constantinople et de Messine en Sicile. La maladie gagna l’Italie et Marseille pour se propager très rapidement dans l’Europe entière. En cinq ans, la pandémie fit 25 millions de victimes sur une population totale de 75. Messina 1347, le jeu de l’excellent Vladimir Suchy, restitue à merveille cette ambiance, avec la propagation des rats, la quarantaine, et le feu pour éradiquer le fléau. Dans son mécanisme, il est dans la grande mouvance des jeux experts de qualité avec de la gestion, de la planification, des échelles, de multiples bonus et actions à combiner pour arriver, in fine, au repeuplement de la ville. Pour cette partie découverte, François joue le registre de la ville, qui permet de grappiller des lieutenants supplémentaires. Un choix stratégique, qui, associé à une excellente programmation, lui permet en fin de partie d’assurer les deux repeuplements les plus lucratifs du jeu (17 et 19). En retard sur la piste de score en temps réel, il sort victorieux au décompte final avec 76, devançant Marc, 69, et Olive 52. A rejouer avec la face b des tuiles, qui propose des plateaux asymétriques !

Table 2, dite « Des cadavres » : A la table de Too many bones, un duel homérique entre un « Boomer » (Tristan) et un « Riffle » (Arakis). L’issue finale de cette table nocturne est un profond mystère.

From the MoonTable 3, dite « Des voyages » : après un voyage très lointain, les joueurs de From the moon (François-René et les deux Olivier) sont en compétition pour gérer et développer la base lunaire qui va lancer des missions spatiales de survie à travers la galaxie. Au baveux qui s’enquiert de la joute par un « ça se passe bien ? », il sera répondu un mystérieux « ça dépend pour qui », que les brumes de la nuit ne dissiperont jamais.

Table 4, dite « Des moutons » : Expédition aux antipodes pour jouer à Great Western Trail Nouvelle-Zélande, avec Élie, Fred, Mickaël et Dom, les trois derniers ayant déjà disputé la partie inaugurale juste avant Noël. On confirme que le jeu est moins contraignant que son parent, il y a plus d’argent et on peut faire évoluer sa stratégie en cours de partie (mais peut être quand même qu’une stratégie très orientée serait supérieure ?) Fred recrute une première bergère à bas prix et est le premier à acheter des brebis haut de gamme et à faire de belles livraisons à Wellington, cela en découle. Élie part plutôt sur une dominante « construction ». Mickaël et Dom accumulent les cartes « deck building » qui font tourner la main avec quelques bénéfices. Ensuite, tous sauf Dom vont naviguer loin, là où les îles donnent des points en fin de partie. C’est Mickaël qui met fin à la partie, difficile de savoir qui est en tête car il y a une douzaine de façons de marquer des points; en fait c’est très serré : Mickaël 113, Dom 112, Fred 107, Élie 70.

Séance de VENDREDI 22/12/2023 à Servel

Le 22 décembre 1938, l’ornithologue sud-africaine Marjorie Courtenay-Latimer (1907 – 2004) annonça la découverte d’un cœlacanthe vivant, alors que cet ordre était réputé éteint depuis la fin du Crétacé. Elle avait reçu un appel téléphonique lui indiquant qu’un pêcheur actif dans l’estuaire de la Chalumna River venait de remonter dans ses filets un poisson d’un type inconnu. Elle emporta la prise au musée d’East London afin de l’étudier et de l’identifier mais, ne le trouvant dans aucun de ses ouvrages, elle fit naturaliser l’animal et contacta un ichtyologue qui y vit un cœlacanthe, représentant d’un groupe connu alors uniquement à l’état de fossile. L’espèce est depuis baptisée Latimeria chalumnae en l’honneur de l’ornithologue et des eaux où elle a été retrouvée. Il faudra attendre quatorze ans pour qu’un nouveau spécimen soit découvert.

Les cœlacanthes sont peut-être l’exemple le plus fameux de « taxon Lazare » (appellation donnée en référence au personnage ressuscité par Jésus dans le Nouveau Testament). On lit souvent qu’ils ont subsisté des millions d’années sans modification biologique, mais les espèces modernes ne sont en fait pas représentées dans les strates fossiles du Mésozoïque. Cela dit, certaines espèces disparues, particulièrement celles des fossiles de cœlacanthes les plus tardifs, ressemblent beaucoup extérieurement aux modernes. Les fossiles des grands fonds marins sont rarement formés dans les strates où les paléontologues peuvent les mettre au jour, ce qui donne l’illusion que ces espèces des grandes profondeurs n’existaient pas autrefois – hypothèse d’Edward Forbes, toujours à l’étude, et nommée théorie abyssale azoïque.

Le séquençage du génome du cœlacanthe africain en 2013 a mis en évidence qu’il contient environ 25 % d’éléments transposables, qui ont eu un impact faible sur son évolution morphologique, mais fort sur son évolution anatomique afin de s’adapter à ses différents milieux aquatiques, à l’instar de ses cousins tétrapodes qui ont colonisé le milieu terrestre (évolution anatomique par des gènes impliqués dans l’immunité, excrétion d’azote, développement de nageoires et de membres).

Bien des années plus tard, à Lannion, nous accueillions avec plaisir certains de nos plus anciens membres. Le temps n’a pas de prise sur eux, à l’instar des cœlacanthes.

Table 1, dite « Voyage au long cours » : Agités comme des brebis prêtes pour la transhumance, on se bouscule pour s’asseoir à la table de Great Western Trail Nouvelle-Zélande, tout chaud tombé de la hotte. Les élus sont Fred, Mickaël, Olive et Dom. En changeant de continent on a remplacé les vaches par des moutons, ajouté une façon de gagner de l’argent (en tondant les animaux pour vendre leur laine) et remplacé la ligne de chemin de fer par le cabotage dans un archipel. Cette version du jeu semble offrir des voies de développement plus variées et être moins punitif que l’original (ainsi au bout d’un moment on peut ne plus payer de « taxe » sur les tuiles Danger et certains bâtiments adverses). Mickaël met la main sur l’unique bergère, les autres partent sur de la tonte (Fred & Olive) ou de la navigation (Dom). Mais au fil de la partie les priorités changent et au final c’est Dom qui aura le plus de tondeurs. Fred met l’accent sur la construction et la navigation, Dom fait un peu de tout et, riche de cartes faisant tourner son deck, conclut par une belle livraison à Wellington à 13 PV. Ayant aussi grappillé quelques tuiles Bonus et Danger, il l’emporte avec 118 PV devant Fred 86, Mickaël 74 et Olive 51. Maintenant que les règles sont en tête, il faudra refaire un tour aux antipodes.

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Table 2, dite « Fossiles de l’histoire » : bien des années après sa fin, Jeff et Jack en sont à parcourir, pour la première fois sur nos tables, Hitler’s reich, le premier en allemand, le second en soviétique. Malgré une belle victoire de Patton dans le Caucase, les nazis ont triomphé des communistes, et, sur les décombres des fossiles de l’histoire, leurs idées ressuscitent telles Lazare.

Table 3, dite « Taxon inconnu » : sept joueurs en mal de table sont convoqués à une séance de survivalisme avec The thing, qui tourna au carnage. La bête, incarnée au départ par François-René, fit un malheur parmi les humains, contaminant Camille, Élie, Olivier, et abattant froidement François. Xel et Xof, restés seuls représentants de l’espèce, n’ont rien pu faire.

Table 4, dite « Sous la terre comme au ciel » : on retrouve à cette table François-René, Xel, François et Élie, pour la découverte de Kites – une réussite mais avec de mauvaises règles, la faute a un traducteur bénévole, croit-on savoir. Ce n’est pas plus brillant, et même un plongeon historique, à Die Crew avec un triple échec sur la même mission dès le premier pli !