Séance de VENDREDI 28/06/2024 à Servel

Le 28 juin 1833, une loi initiée par le ministre Guizot créée une obligation pour les communes de proposer un enseignement primaire public aux petits garçons, gratuit pour les familles pauvres. Ils y apprennent l’instruction morale et religieuse (selon la volonté des familles), la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures. Dans la foulée, des écoles normales voient le jour dans chaque département pour former les maîtres. Au début on pratique la classe unique et rapidement les punitions corporelles sont interdites. Plus tard dans le XIXe siècle Victor Duruy puis Jules Ferry rendront l’école obligatoire y compris pour les filles ; tous ces efforts feront fortement régresser l’analphabétisme en France.

Table 1, dite « XIXe siècle » : L’inusable Brass Birmingham est de sortie pour Thomas, Xel, Mickaël et Xof. Après un investissement constant dans les rails, Xel coiffe Thomas d’une courte tête, 174 PV contre 167. On a vu les mêmes jouer ensuite à Beasty Bar où Thomas a réussi le mieux à se taper l’incruste dans le fameux bar animalier. Dans les deux cas la bière ça le connaît !

Table 2, dite « Bambins » : A peine sorti le voila sur nos tables : Wyrmspan, bien que d’une autrice différente, a une parenté évidente avec Wingspan mais avec des volatiles XXL, des dragons plutôt que des oiseaux, avec même de la progéniture sous forme de dragonneaux. Toujours des cartes superbes, des œufs et des objectifs variables à chaque tour mais plus de mangeoire à dés. En plus il faut explorer des grottes pour y accueillir ses dragons, une notion qui réjouira les joueurs de Codenames de l’association. Le score est serré ; c’est grâce à ses cartes glissées en dessous que Adriane prend le meilleur avec 85 PV sur Fred (77, avec le plus de pontes) et OlivierL (74).

Table 3, dite « Instruction morale »: Après Beasty Bar, encore des animaux dans le rôle d’humains avec Mafiozoo. Un jeu plutôt simple une fois les règles bien clarifiées (et pourtant quelques erreurs furent commises). Dans une première phase des 4 manches on se place sur 12 territoires sachant qu’on est contraint par leur topologie et par les cartes qu’on a piochées, mais un mécanisme de « ruissellement » permet d’alléger cette contrainte de placement. Ajoutez que selon les territoires on cherche à être unique majoritaire (on retrouve des sensations de jeu de Las Vegas du même auteur), ou pas, et que certains joueurs détiennent des cartes « coup fourré » donnant un renfort ponctuel et que d’autres (on l’a abondamment reproché à l’auteur de ces lignes) pourront jouer un coup de plus, c’est toujours précieux de jouer en dernier dans un jeu de placement majoritaire. Dans la seconde phase on récolte diverses ressources en fonction de son placement dont certaines seront converties en présence parmi 16 bâtiments qui rapportent points de victoire et bénéfices divers. Participent à cette partie de découverte Olive, Vincent, Elie et VHN. Dom réussit une très belle troisième manche où il se positionne sur 3 bâtiments. Il ne sera pas rattrapé avec 48 PV devant Vincent 36, Elie 32 et Olivier 29.

Table 4, dite « Châtiments corporels » : Encore des dragons et des grottes, sous forme de deckbuilder avec Clank pour F-R, OlivierB et Armand. Olivier gagne avec 108 PV, juste devant F-R avec 107. Armand ne sort pas.vivant du dongeon et marque 71 points. Olivier a très rapidement éliminé ses deux faux pas ce qui lui a permis d’être serein vis à vis du dragon.

Table 5, dite « Leçon de choses » : En seconde partie de soirée, les tables 2 et 3 se regroupent et Fred, Elie, Olive et Dom disputent un Forêt Mixte. Elie dont c’est la première partie joue tout sur les arbres : il devait en avoir plus d’une quinzaine qui lui rapportent 106 PV sur 136 ; Dom joue les hêtres, les fouines et les plantes de sous-bois et en obtient 175 PV. Fred met fin à la partie en piochant 8 cartes, la dernière piochée est la troisième Hiver ; il maximise une stratégie loup + cervidés (7 daims ou chevreuils), mais est bon aussi avec ses cartes dessous/dessus. Il l’emporte avec 195 PV tandis qu’Olive, frustré dans l’utilisation de son ours, ferme la marche avec 115.

Séance de MARDI 18/06/2024 à Servel

Les joueurs  qui se trouvent en territoire trégorois ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs cubes et leurs pions, ayant été invités à se mettre en rapport avec l’association de jeux locale, c’est une petite vingtaine qui débarqua à Servel en ce 18 juin, presque le jour le plus long de l’année.

Table 1, dite « Moi, général de Gaulle » : F-R, Mickaël et Nico se comparent dans un Mythic Battles version Ragnarok. Nico s’est retrouvé un peu éloigné de l’action, Mickaël et François-René ont lutté pour être le premier à récupérer la quatrième rune qui signerait une victoire à ce scénario et c’est le Président qui l’a emporté.

Table 2, dite « Demain, comme aujourd’hui, je parlerai » : Entendu ce message cryptique sur les ondes de la PPC (Parlotte Parties Civiles) : « Le 16 septembre 1920 à midi, une détonation retentit en plein coeur de Wall Street à proximité de la banque JP Morgan, provoquée par l’explosion de 50 kg de dynamite déposés dans une voiture. L’attentat coûtera la vie à 38 personnes et fera 300 blessés, dont l’un des petits-fils de JP Morgan, à une heure très fréquentée. A la différence du 11 septembre 2001, la Bourse de New York avait rouvert en hausse dès le lendemain. A la table de 1920 Wall street, le jeu tiré de cet événement, on joue à la bourse, dans l’attente fiévreuse de l’attentat qui met fin à la partie. Un jeu plaisant, truffé d’événements imprévisibles, et où un joueur inattentif peut y laisser des plumes, à l’image de François, qui lit mal le tableau des valeurs minimales à posséder et perd 21 points sur le coup, échouant à 81, comme Thomas, pourtant lesté de deux coûteux emprunts. Xel finit un billet au-dessus (84), mais c’est Marie-Anne qui se révèle la plus habile. Avec 97, elle remporte la mise sans discussion. Les mêmes enchaînent sur Beasty Bar, une redécouverte tout aussi plaisante et chaotique, et où Marie-Anne s’impose encore grâce à de jolis coups (11), devant Xel (8), Thomas (7), et François (5). »

Table 3, dite « Submergé par la force de l’ennemi » : Stéven et Dom s’attablent pour jouer en face-à-face. Ils commencent par un Pillards de la mer du nord où ils embarquent non pas pour Londres mais pour aller semer la désolation dans des ports, des monastères et des forteresses. Stéven joue à fond la stratégie Valkyries, sacrifiant sans scrupules son équipage. Dom enchaîne les raids et se souvient que les dés ne l’aiment pas quand, devant rassembler 22 points de force pour gagner 7 PV, il part d’une base de 17 points auxquels il ajoutera le jet de deux dés, chacun valant de 2 à 5. Il parvient à sortir deux « 2 » (une chance sur 36 !), un échec qui lui coûtera cher. En effet, au décompte final, Dom marque 13 PV de contrats tandis que la Valkyrie et les héros de Stéven lui rapportent 10+6, et ce sont les ressources restantes qui lui donnent la victoire par 54 PV à 52. Ils poursuivent par un Splendor Duel : voyant Stéven ramasser les cartes bleues en vue de la victoire par 10 points dans une couleur, Dom préempte la carte à 4 et les deux pivotent vers la victoire classique à 20 points. C’est Stéven le premier à y arriver un tour avant Dom, il l’emporte par 20 à 17.

Table 4, dite « Nous pourrons vaincre dans l’avenir » : Ayant entendu l’appel de Younaël, Mélanie et Dany s’initient à Shards of Infinity en mode coopératif. Après avoir vaincu un boss de justesse, ils repartent au combat une seconde fois.

Table 5, dite « La défaite est-elle définitive ? » : Olive, Marc, Marco et un visiteur disputent une partie de Revive. Lors de notre visite Olive semblait penser que rien n’était perdu et que la flamme de la résistance ne s’éteindrait pas. Mais encore faut-il pouvoir compter sur ses troupes et force est de constater que l’attention de la moitié de l’équipe n’était pas au rendez-vous et que la partie finit en queue de poisson.

Séance de VENDREDI 14/06/2024 à Servel

Point final d’une guerre franco-espagnole qui durait depuis presque 25 ans et premier grand succès militaire de Louis XIV, la bataille des dunes eut lieu le 14 juin 1658 à l’est de Dunkerque. Les français étaient pour l’occasion alliés aux anglais qui tenaient la mer mais ce fut en partie une bataille entre français opposant deux grands leaders, Turenne contre Condé, et des troupes majoritairement françaises des deux côtés suite aux troubles de la Fronde. Les forces en présence sont équilibrées, environ 15000 hommes, mais les espagnols manquent d’artillerie tandis que le terrain sableux affaiblit la cavalerie. Les piquiers anglais enfoncent la droite espagnole puis, profitant de la marée basse, la cavalerie française contourne et attaque leur flanc. Malgré d’audacieuses contre-charges côté gauche, à midi l’issue est claire et Condé se replie en ayant perdu un tiers de ses troupes. La victoire précipite la fin de la guerre en 1659 et le port stratégique de Dunkerque est, conformément à l’accord de coalition, remis aux anglais. Il leur sera finalement racheté en 1662.

Table 1, dite « Port stratégique » : Nouvel épisode de la campagne ISS Vanguard avec toujours Fabrice, Xel, Stéven et Samuel. Cette fois il s’agissait d’aller retrouver une stèle sous-marine, le petit groupe s’est mouillé. Ils ont résussi en manquant bien de perdre Stéven mais ce n’est pas fini, ils n’ont pas fait la moitié du scénario : il va falloir maintenant décider entre aller voir un gars chelou-new-age ou bien retourner à la grande ville planétaire la plus proche histoire de recharger leurs batteries.

Table 2, dite « Artillerie lourde » : Nouveau scénario de Cthulhu death may die pour F-R, Frank, Mickaël, OlivierB et Armand. Deux joueurs se sont sacrifiés pour le groupe, c’est ça les jeux coopératifs, pendant que Olivier dans le rôle du sniper balançait des tombereaux de dés pour affaiblir le vilain Shub Niggurath. Tout cet héroïsme n’a pas été vain et les conditions de victoire ont été remplies.

Table 3, dite « Victoire décisive » : Tristan et Fred ne savent plus très bien s’ils ont déjà joué à Grand Austria Hotel. Olive, c’est sûr, connait. Dom en Gentil Animateur se charge d’expliquer les règles de ce classique où, dans la limite de ce que les dés vous accordent, vous développez votre hôtel-restaurant viennois en y accueillant des clients aux pouvoirs variés, en combotant avec jubilation et en tentant d’atteindre plus vite que les autres les objectifs variables de la partie (celui consistant à maximiser son argent à 20 couronnes n’a même pas été tenté, à ce jeu on est beaucoup plus souvent proche du 0 que du maximum, plusieurs en ont souffert en fin de partie quand préparer des chambres devient coûteux). Tristan, au sommet de son art, met tout de suite en jeu les deux cartes Personnel dont il a eu la chance d’hériter et qui fournissent un cube par manche, cela lui fera en tout 14 cubes gratuits. Il prend peu à peu le large sur la piste de score, seul Dom l’accroche sur les deux autres objectifs variables relatifs au remplissage des chambres. Dans les dernières manches, les dés ne sont pas favorables et plusieurs joueurs passent pour relancer les dés restants avec un succès variable-moins. Au décompte final, Tristan prend encore 34 PV grâce à 3 Personnels scorant en fin de partie tandis que Fred, faute d’un malheureux sou, est pénalisé de 10 PV pour les deux convives restés attablés à siroter leur digestif. Tristan a fait deux tours de piste de score et affiche 179 PV, Dom pointe à 143, Olive 82 et Fred 71. Notre conclusion a été que la prochaine fois on essaiera le draft des Personnels.

Table 4, dite « Grands leaders » : Fin de soirée en douceur pour Mickaël, F-R et VHN qui disputent deux Mot Malin. Malgré le fait qu’à trois joueurs ils ont le choix entre deux propositions ils n’ont pas été si malins que ça, échouant 6 fois puis 4 fois. La fatigue aidant, on a même eu des erreurs de repérage, l’indice donné étant en fait pour une intersection voisine. Beaucoup d’indices ont pris la forme de noms propres avec un résultat dépendant du recouvrement ou non des univers mentaux des participants (succés pour Pu-Yi, Haile Selassie et le mémorable Fred Hamster mais échec pour Nicolas Hulot et Sylvain Durif)

Séance de MARDI 11/06/2024 à Servel

Le 11 juin 1924, le Président de la République Alexandre Millerand démissionnait. À l’issue des élections du 11 mai, le cartel des gauches est minoritaire en voix mais le mode de scrutin lui permet d’emporter la majorité absolue. La nouvelle majorité reproche au chef de l’État ses prises de position hostiles à son égard et réclame sa démission, invoquant la défense des institutions et craignant qu’il ne soit une entrave à son action gouvernementale. La première formation à se prononcer en ce sens est le Parti radical, suivi par les républicains-socialistes et la plupart des conseils généraux à majorité radicale. Pour obtenir le départ du président, les députés du cartel entendent refuser la confiance à tout gouvernement formé sous son autorité. Mais Millerand refuse de démissionner, conservant l’appui de la Fédération républicaine, du PRDS, de quelques radicaux ainsi que la bienveillance de grands journaux qui soulignent qu’aucun texte ne l’oblige à démissionner et estiment que l’attitude du cartel est inconstitutionnelle. Dans le même temps, Raymond Poincaré refuse de chercher à constituer un ministère s’étendant de la droite aux radicaux et présente sa démission à l’ouverture de la législature. Un congrès de la SFIO vote le même jour l’opposition à tout ministère constitué sous la présidence Millerand.

Le 5 juin, le chef de l’État propose la présidence du Conseil au radical Édouard Herriot, qui soulève la question de son maintien à l’Élysée, mais Millerand rejette cette proposition, ce qui conduit Herriot à refuser. Le président confie alors la mission au ministre des Finances, Frédéric François-Marsal. Le gouvernement François-Marsal est constitué le lendemain, le 8 juin, avec une majorité de ministres sortants. Dans son texte lu aux chambres le 10 juin, Alexandre Millerand qualifie le soulèvement de la question présidentielle d’« acte révolutionnaire » et appelle le Sénat à se poser en garant du respect de la Constitution. François-Marsal présente son gouvernement comme transitoire et appelle le cartel à entrer dans un ministère sans la démission préalable du président. Mais le Sénat vote la mention de renvoi, et la Chambre aussi, ce qui provoque la chute du gouvernement.

Après un mois de conflit, constatant qu’il a « épuisé tous les moyens légaux », Alexandre Millerand présente sa démission dans une lettre lue aux deux chambres et adresse un message aux Français. Il y affirme avoir respecté le suffrage universel, qu’il oppose aux partis, et annonce son intention de poursuivre son engagement politique.

100 ans plus tard, à Parties Civiles, les luttes d’influence faisaient rage.

Table 1, dite « Invocation divine » : à Culte on vit Younaël, Nico77, Steven et Dany tenter de faire vivre la magie druidique.

Table 2, dite « Retraite anticipée » : découverte plaisante de Venise du Nord pour Xel, qui dame le pion avec 102 à Olive (83) et François (70).

Table 3, dite « Pauvre Angleterre » : Thomas et Dominique initient Mickaël à Londres (2nde édition). Une partie plaisante où s’est tous regardés en fin de partie avant de choisir nos derniers coups (celui qui vide la pioche met fin à la partie mais on peut aussi piocher des cartes au marché central, donc le timing de la fin de partie est variable). On peut dire que les résultats reflètent la maîtrise du jeu : Thomas déroule une stratégie redoutable : accumuler plein d’argent au début, acheter avec plein de cartes District et scorer gros en fin de partie avec un Métro doublé par un Hôpital. Il a dû néanmoins multiplier pour ce faire les piles de cartes et ses pauvres lui coûtent 18 PV en fin de partie, ce qui le laisse néanmoins en tête avec 55 PV. Dom déroule une partie efficace et frugale mais regrette amèrement un emprunt précoce, on avait oublié de lui dire qu’il lui coûterait une demi-douzaine de pauvres, il pointe à la seconde place avec 50 PV. Mickaël est resté prudemment avec quatre piles de cartes et, avec seulement 3 pauvres de plus que Dom, finit cette première partie avec 45 PV (rappelons qu’on a vu des débutants finir avec un score négatif !)

Séance de MARDI 04/06/2024 à Servel

Le 4 juin 1958, Charles de Gaulle prononce un discours à Alger, amorcé par son fameux Je vous ai compris. Sur le moment, il provoque une explosion de joie. Les pieds-noirs prennent le mot pour eux, pensant avoir le soutien du nouveau président du Conseil. Selon de Gaulle lui-même, cette phrase avait pour but de « saisir le contact des âmes » avant un discours qui ne laissait guère de doute sur sa volonté de laisser l’Algérie s’autodéterminer : « je tiens le même langage : plus de discrimination entre les Algériens quels qu’ils soient ! Ce qui veut dire que le jour viendra où la majorité d’entre eux pourra choisir le destin de tous. » Pour sa part, Jacques Lenoir, directeur des Affaires personnelles et administratives à la Délégation générale du gouvernement en Algérie de 1958 à 1960, lui donnera un sens beaucoup plus trivial: « Comme suite aux paroles de Jacques Soustelle et du général Salan, la foule s’est fort échauffée et les cris ne cessent pas à l’apparition du Général. Cette exclamation n’est rien d’autre qu’un « J’ai entendu que vous réclamiez Soustelle, j’ai compris, mais maintenant laissez moi parler ». C’est le cri d’un orateur qui veut s’exprimer, qui n’arrive pas à se faire entendre de la multitude mais qui trouve les mots susceptibles de la faire taire. »

66 ans plus tard, un dialogue fructueux avait cours à Parties Civiles.

Table 1, dite « Compréhension mutuelle » : à La bête on retrouve Olive contre Nastasia, Michaël, Marie-Anne et Xel. La bête a été cernée rapidement et les cartes n’ont jamais été en sa faveur, ou trop tard.

Table 2, dite « Si loin » : Faraway en mode découverte pour Nastassia. Xel sort en tête et Olive en queue sur les deux parties.

Table 3, dite « Colonisation » : à Terraforming Mars : Marco, Jérôme C, Steven et Younael jouent aux explorateurs, et Marco l’emporte.

Séance de MARDI 28/05/2024 à Servel

Après avoir modifié son petit monomoteur Cessna 172 au cours du printemps, en rajoutant des réservoirs de carburant à la place des sièges passagers, Mathias Rust décolle le 14 mai 1987 près de Hambourg, pour un périple scandinave. Le 28 mai, il quitte l’aéroport Helsinki et s’écarte de son plan de vol pour pénétrer en URSS à faible altitude. À 19 h 24, après 800 km de survol du territoire soviétique, il se présente au-dessus de la place Rouge de Moscou et, après deux boucles, se pose sans encombre à côté de la muraille du Kremlin, sur la place Vassili Spusk, devant les yeux ébahis de la population, des touristes et des autorités. Après avoir signé quelques autographes, il est arrêté par la police. À l’âge de 19 ans, il entre dans l’histoire, sans doute grâce à la chance, car ce jour-là était aussi celui de la fête officielle soviétique du jour des gardes-frontières.

Selon ses déclarations, le but de Mathias Rust était de promouvoir par son geste la paix dans le monde. Il en paya le prix : 4 ans de travaux forcés, ramenés finalement à 432 jours. Gorbatchev profita de l’occasion pour limoger son ministre de la Défense et le responsable de la défense aérienne, tous les deux réputés opposés à la glasnost et à la perestroïka. 2 000 officiers, la plupart opposés aux réformes de Gorbatchev, furent également évincés. Ainsi cet évènement favorisa-t-il la victoire des réformistes sur les conservateurs communistes et les militaires.

Le Cessna est visible au musée des Techniques de Berlin.

37 ans plus tard, les membres de Parties civiles entreprenaient de grands voyages, mais beaucoup moins risqués.

Table 1, dite « Apprentissage accéléré » : Marc découvre Splendor, il n’est jamais trop tard, et se frotte à Dom et François, pratiquants chevronnés. Une première partie voit Dom s’envoler et retomber en douceur après la ligne d’arrivée des 15 PV, sans crier gare. Marc et François, 11 PV chacun, n’ont rien vu venir. Mais Marc est un apprenant rapide, et à la conclusion de la deuxième, déclare avoir franchi les 15 – et en effet il a 16 PV. Mais François, en mode furtif, lui ravit la victoire avec ses 17 PV, tandis que Dom descend à 13.

Table 2, dite « Ballon d’essai » : Younael invite à redécouvrir son prototype An drouiz meur et trouve Marco, Xel et Thomas en guise de cobayes. Il engrange une victoire, cependant disputée.

Table 3, dite « Au long cours » : Voyage au long cours, dans la géographie comme la durée, pour Olive, Steven, Benjamin et Mickaël à Voyageurs du tigre du sud, pour une « chouette partie », sans vainqueur connu de notre pigiste.

Table 4, dite « Pari aléatoire » : On se retrouve à six à Ticket gagnant, une fois les tables recomposées, pour des paris hautement aléatoires sur des courses hippiques. L’affaire traîne un peu en longeuur, et Dom, prétextant une occupation nocturne, s’éclipse après la troisième manche, atterissant au score honorable de 25, seulement devancé par Xel, 31 (dont un tiercé gagnant !) et Marco, 36. François, 24, a fait bonne figure, quand Thomas, 7, et Younael, 9, ont manqué de bons tuyaux.

Séance de VENDREDI 24/05/2024 à Servel

Pas d’envoyé spécial pour cette séance, mais un correspondant local nous informe laconiquement de la tenue de 4 tables. Dans l’aquarium, Fabrice, Samuel, Steven et Xel prolongent le plaisir de ISS Vanguard, quand, dans la grande salle, un Marvel  Champions réunit F-R, Jérôme LG, Nico77, Olivier B et Armand, et La Bête Mickaël, Olive, Fred, Élie, Anthony (fraîchement arrivé). Puis, après le départ d’Armand et Olivier B, une table enchaîna Mot malin et Secret Hitler (avec des erreurs de règles, apprit-on ensuite).

Séance de MARDI 21/05/2024 à Servel

Reprise d’un rythme normal après les grands week-ends de mai, une petite dizaine de volontaires se présentent ce mardi.

Table 1, dite « Chroniques martiennes » : Partie serrée de Terraforming Mars pour Marco, Stéven et Younaël. Ils finissent dans cet ordre avec 85, 82 et 75 PV.

Table 2, dite « Voyage à deux » : Marie-Anne et Xel enchaînent les parties de Faraway. A deux joueuses les scores varient moins et on est incité à des stratégies plus prudentes : avec 3 cartes proposées au marché à chaque tour elles tournent moins qu’avec un effectif plus élevé et on a donc moins de choix pour construire son jeu. Les victoires furent équilibrées entre les deux protagonistes.

Table 3, dite « Phosphore sur le Bosphore » : Double partie d’Istanbul pour Mickaël, Olive, Marc et VHN. Dans les deux cas les 16 tuiles sont placées au hasard, il faut imaginer comment les parcourir efficacement pour parvenir le premier aux 5 rubis de la victoire. Dans la première partie c’est Dom (jouant une carte bonus lui permettant de rester sur place et refaire l’action de sa tuile) qui y arrive, les autres finissant avec 3 ou 4 rubis. Marc se distingue par son goût prononcé pour les cartes Bonus et Mickaël par son manque de réussite aux dés. Dans la seconde partie les tuiles « Fontaine » et « Poste de police » sont excentrées. Une contrainte sur les déplacements ? en fait tous les joueurs ont été plutôt efficaces dans leurs parcours et ont eu peu besoin de récupérer leurs assistants en se rendant à la Fontaine. Olive innove avec une stratégie audacieuse : négligeant l’achat d’éléments pour sa charrette il utilise son argent pour acheter des rubis au Marchand de gemmes. Dom en position de premier joueur déclenche la fin de partie en achetant sa cinquième gemme avec deux cartes Bonus de 5 sous. Olive est à portée pour acheter la gemme suivante (qui serait aussi sa cinquième et qui coûte 1 de plus) mais il lui manque 1 sou, ce jeu est cruel. Les autres ne sont pas en position d’acheter des gemmes et Dom l’emporte de nouveau à ce très bon jeu familial où il faut être le plus efficace et aux fins de partie toujours tendues, décidées à un tour ou un sou près.

Table 4, dite « Rab » : Stéven, Younaël et Xel en demandent encore ; ils jouent à Shards of Infinity en mode coopératif avec la satisfaction de l’emporter.

Séance de VENDREDI 17/05/2024 à Servel

Le 17 mai 1902 Valerios Stais, un archéologue grec, examine au Musée National d’Archéologie d’Athènes un amas de métal corrodé tombant en morceaux qui a été récupéré, avec d’autres artefacts plus intéressants (statues, vaisselle, amphores, objets en verre etc.) dans une épave explorée l’année précédente par 45 m de fond au large de l’île d’Antikythera. Parmi les fragments de bronze il identifie ce qui ressemble à une roue dentée. C’est le début d’une quête scientifique qui va durer plus d’un siècle. Dès 1905 un chercheur allemand suggère qu’il s’agit d’un outil de calcul astronomique mais il va falloir attendre l’utilisation de techniques d’imagerie à rayons X, d’abord en 2D puis en 3D au XXIe siècle, pour avoir une meilleure idée du nombre et de la denture des engrenages préservés, et pour déchiffrer des inscriptions apparaissant sur la face frontale et arrière de l’appareil.

Deux chercheurs anglais élaborent ainsi des hypothèses sur la fonction de l’objet et tentent de reconstituer son fonctionnement, dans les années 1970 puis 1990. L’idée s’impose qu’il s’agit d’un modèle astronomique permettant de simuler, à toute date, la position (par rapport aux étoiles fixes) du soleil, de la lune et des cinq planètes connues, et aussi de prédire les éclipses. Les travaux les plus récents, publiés en 2021, arrivent à une reconstitution d’une rare complexité, faisant appel à 69 engrenages et à des inventions mécaniques remarquables.

Objet extraordinaire, la machine d’Anticythère (datée vers -200/-100) est une manifestation du génie antique et du haut niveau de leur science (astronomie, mathématique) et technique (métallurgie, mécanique de précision). Elle est l’aboutissement de connaissances accumulées et transmises pendant des siècles (les Grecs ayant hérité des observations et des modèles astronomiques des Babyloniens) et il faudra attendre des mécanismes d’horlogerie du XIVe siècle pour retrouver un savoir-faire comparable. 122 ans plus tard, le calendrier numérique Ouimite indiquait « 20:30 : soirée Jeux à Servel ».

Table 1, dite « Antiquité » : Première apparition de Mosaic, un jeu plutôt touffu de civilisation avec à la tête des peuples Fabrice, Xel et Samuel. Le cadre est sans originalité, on va piloter une civilisation antique autour de la Méditerranée en développant ses différents aspects (population, culture, science, ressources) sachant qu’il y une incitation à se spécialiser. Il y a un volet militaire mais sans guerres de conquête/anéantissement sur le plateau, il s’agit plutôt de se répandre dans les différents territoires. Une asymétrie initiale est fournie par le leader avec lequel chacun(e) démarre. Les joueurs orientent aussi leur stratégie en fonction de cartes de scoring qui sont révélées progressivement en cours de partie. Le tour de jeu est relativement simple, on accomplit une action parmi huit possibles. Pour cette partie de découverte Samuel a bien développé les idées et Xel la culture. Au final c’est elle qui s’impose avec 215 PV, une bonne vingtaine de points devant Samuel.

Table 2, dite « Engrenages » : François et Fred rejoignent VHN pour une partie de Kogge, le second découvre ce jeu opaque,  déroutant et attachant avec ses mécanismes intriqués. La partie s’est déroulée de façon inhabituelle : la disposition initiale des routes  de commerce reliant les ports a permis de suivre pas à pas le premier tour de plateau de l’échevin, ce qui a multiplié les interactions avec ce pion déplacé à chaque tour par le premier joueur. Ainsi 6 jetons (qui donnent des pouvoirs spéciaux) ont été acquis, du jamais vu ! A contrario, les actions de commerce (pour accumuler puis utiliser des cubes) qui en général sont au centre des parties ont peu été utilisées, de même que les comptoirs des joueurs. Après avoir déconseillé de dépenser tous ses cubes, c’est ce que fait aussitôt Dom à son premier coup pour acquérir un jeton Banquier qui lui donne une carte gratuite en début de tour. Rapidement deux types de ressources sur quatre ont été épuisés dans la réserve, elles étaient réparties dans des villes que les joueurs ne visitaient pas. Cela n’a pas été sans conséquence pour Dom qui a raté sa construction de comptoir à Åbo : désireux de s’assurer la première place dans l’ordre du tour pour contrôler la destination de l’échevin, il a misé deux cartes violettes dont la production a vidé la réserve de cubes. Il n’a donc pas pu récupérer auprès de l’échevin le cube violet qui lui manquait ! Il s’est rabattu sur le pillage de villes pour se refaire en cubes, bientôt imité par les deux autres, tel François dont la cale regorge de ressources. Fred rejoint Dom à 4 points de développement avec un joli tour où il construit un comptoir à Dantzig (+1) et y achète un jeton à l’échevin (+1). Mais dans le tour qui suit, les mises modestes à l’enchère pour l’ordre du tour permettent à Dom de jouer en premier : il rejoint l’échevin à Lübeck, récupère auprès de lui le cube gris qui lui manque et y construit un comptoir en épuisant ses ressources ; ce cinquième point lui donne la victoire immédiate dans cette partie courte où l’échevin a tout juste fait un tour de plateau.

Table 3, dite « Inventivité » : Mickaël initie à Farshore Manon et Younael. Ce dernier vient de rejoindre l’association mais a déjà un parcours solide de joueur, il s’est même lancé dans la conception de jeux. C’est lui qui s’en tire le mieux, en utilisant à fond la navigation il marque 51 PV sur un total de 134. Mickaël puis Manon le suivent au score.

Table 4, dite « Rayons X » : Un Marvel Champions où quatre héros (Nico, F-R, OlivierB et Elie) ne parviennent pas à venir à bout de l’Homme Absorbant, pourtant me glissa un Poulidor ludique « ça n’a pas été loin ».  Après une division par deux de l’effectif, Nico prend le meilleur sur F-R à Star Wars Unlimited.

Table 5, dite « Cycles astronomiques » : Les restants des tables 2 et 3 jouent à Forêt Mixte ; dans une configuration à cinq il ne faut pas traîner pour construire ses combos, la fin de partie peut vous surprendre. Les deux ours de Mickaël lui déposent plus de 20 PV dans sa grotte mais c’est la synergie Loirs/Chauve-Souris de Dom qui est la plus efficace, il score 60 points avec ses animaux et l’emporte avec 94 PV devant Younael 72, François 69, Mickaël 64 et Fred 56.

Table 6, dite « Soleil levant » : On finit la soirée en douceur et avec Aurore en jouant quelques parties de Mot Malin où on apprécia Urne (Président et Boite) et un peu moins Ménagère (Chemise et Assiette), mais où le groupe atteignit de forts bons résultats malgré des imaginaires variés. Quelques heures plus tard le soleil se levait.

Séance de DIMANCHE 12/05/2024 à Servel

Certains êtres humains, pendant la période la plus active de leur vie, tentent de s’associer dans des micro-regroupements, qualifiés de famille, ayant pour but la reproduction de l’espèce. Parties Civiles est à sa façon une petite famille de particules élémentaires, s’y reproduit l’atavisme ludique, comme une partie de Golem le montra, le père prenant le pas sur le fils de fort belle manière. Ailleurs, on sortit Ora et Labora, s’activant à prier et travailler. Ce n’est pas étonnant : en vieillissant,  l’athéisme est difficile à tenir, et c’est sa place dans le processus de production qui définit avant tout l’homme occidental.

Un peu plus loin sur le champ de bataille s’étendait le domaine de la lutte : Mythic battle, Quartermaster et Les piliers de la terre livraient leurs lots de jeune chair à canon. Il paraît invraisemblable qu’une vie humaine se réduise à si peu de chose ; on s’imagine malgré soi que quelque chose va, tôt ou tard, advenir. Profonde erreur. Une vie peut fort bien être à la fois vide et brève. La Fiesta de los muertos, en fin de soirée, leur rendit hommage, avec cette séquence incongrue pour camper Hitchcock : (Oiseau, Hirondelle, Gendarme, Policier).

Le buffet faisait dans le partage, avec les cookies maison et les douceurs. Ce sont choses qui se partagent, mais le café n’était point à l’appel, splendeurs et misères de l’autogestion. Un cookie sans café, en solitaire, c’est une expérience ultime, même Françoise Sagan n’aurait pas pu décrire cela. Les rires aussi furent partagés à Insider, où par deux fois les traîtres lurent mal le mot à deviner (motocycle au lieu de monocycle, sous-main pour sous-marin), source de fou-rires enfantins. Je ne crois pas à cette théorie selon laquelle on devient réellement adulte à la mort de ses parents; on ne devient jamais « réellement adulte », se disaient-ils.
Etais-je capable d’être heureux dans la solitude ? Je ne le pensais pas, se dirent deux âmes en quête de soeur. Un Splendor duel régla l’affaire.

Les vétérans étaient revenus, pour le rituel, et ils furent embarqués trés loin, à Faraway, mais dans un jeu très court. Les regards complices et les voix familières ne trompaient pas : au milieu de l’effondrement physique généralisé à quoi se résume la vieillesse, la voix et le regard apportent le témoignage douloureusement irrécusable de la persistance du caractère, des aspirations, des désirs, de tout ce qui constitue une personnalité humaine.

Certaines solitudes semblent sans remède. Pourtant, il en existe : ainsi se passent les dimanches heureux de Parties Civiles, de génération en génération et jusqu’à la nuit des temps.

Nous voulons retourner dans l’ancienne demeure
Où nos pères ont vécu sous l’aile d’un archange,
Nous voulons retrouver cette morale étrange
Qui sanctifiait la vie jusqu’à la dernière heure.