Le 22 décembre 1938, l’ornithologue sud-africaine Marjorie Courtenay-Latimer (1907 – 2004) annonça la découverte d’un cœlacanthe vivant, alors que cet ordre était réputé éteint depuis la fin du Crétacé. Elle avait reçu un appel téléphonique lui indiquant qu’un pêcheur actif dans l’estuaire de la Chalumna River venait de remonter dans ses filets un poisson d’un type inconnu. Elle emporta la prise au musée d’East London afin de l’étudier et de l’identifier mais, ne le trouvant dans aucun de ses ouvrages, elle fit naturaliser l’animal et contacta un ichtyologue qui y vit un cœlacanthe, représentant d’un groupe connu alors uniquement à l’état de fossile. L’espèce est depuis baptisée Latimeria chalumnae en l’honneur de l’ornithologue et des eaux où elle a été retrouvée. Il faudra attendre quatorze ans pour qu’un nouveau spécimen soit découvert.
Les cœlacanthes sont peut-être l’exemple le plus fameux de « taxon Lazare » (appellation donnée en référence au personnage ressuscité par Jésus dans le Nouveau Testament). On lit souvent qu’ils ont subsisté des millions d’années sans modification biologique, mais les espèces modernes ne sont en fait pas représentées dans les strates fossiles du Mésozoïque. Cela dit, certaines espèces disparues, particulièrement celles des fossiles de cœlacanthes les plus tardifs, ressemblent beaucoup extérieurement aux modernes. Les fossiles des grands fonds marins sont rarement formés dans les strates où les paléontologues peuvent les mettre au jour, ce qui donne l’illusion que ces espèces des grandes profondeurs n’existaient pas autrefois – hypothèse d’Edward Forbes, toujours à l’étude, et nommée théorie abyssale azoïque.
Le séquençage du génome du cœlacanthe africain en 2013 a mis en évidence qu’il contient environ 25 % d’éléments transposables, qui ont eu un impact faible sur son évolution morphologique, mais fort sur son évolution anatomique afin de s’adapter à ses différents milieux aquatiques, à l’instar de ses cousins tétrapodes qui ont colonisé le milieu terrestre (évolution anatomique par des gènes impliqués dans l’immunité, excrétion d’azote, développement de nageoires et de membres).
Bien des années plus tard, à Lannion, nous accueillions avec plaisir certains de nos plus anciens membres. Le temps n’a pas de prise sur eux, à l’instar des cœlacanthes.
Table 1, dite « Voyage au long cours » : Agités comme des brebis prêtes pour la transhumance, on se bouscule pour s’asseoir à la table de Great Western Trail Nouvelle-Zélande, tout chaud tombé de la hotte. Les élus sont Fred, Mickaël, Olive et Dom. En changeant de continent on a remplacé les vaches par des moutons, ajouté une façon de gagner de l’argent (en tondant les animaux pour vendre leur laine) et remplacé la ligne de chemin de fer par le cabotage dans un archipel. Cette version du jeu semble offrir des voies de développement plus variées et être moins punitif que l’original (ainsi au bout d’un moment on peut ne plus payer de « taxe » sur les tuiles Danger et certains bâtiments adverses). Mickaël met la main sur l’unique bergère, les autres partent sur de la tonte (Fred & Olive) ou de la navigation (Dom). Mais au fil de la partie les priorités changent et au final c’est Dom qui aura le plus de tondeurs. Fred met l’accent sur la construction et la navigation, Dom fait un peu de tout et, riche de cartes faisant tourner son deck, conclut par une belle livraison à Wellington à 13 PV. Ayant aussi grappillé quelques tuiles Bonus et Danger, il l’emporte avec 118 PV devant Fred 86, Mickaël 74 et Olive 51. Maintenant que les règles sont en tête, il faudra refaire un tour aux antipodes.
Table 2, dite « Fossiles de l’histoire » : bien des années après sa fin, Jeff et Jack en sont à parcourir, pour la première fois sur nos tables, Hitler’s reich, le premier en allemand, le second en soviétique. Malgré une belle victoire de Patton dans le Caucase, les nazis ont triomphé des communistes, et, sur les décombres des fossiles de l’histoire, leurs idées ressuscitent telles Lazare.
Table 3, dite « Taxon inconnu » : sept joueurs en mal de table sont convoqués à une séance de survivalisme avec The thing, qui tourna au carnage. La bête, incarnée au départ par François-René, fit un malheur parmi les humains, contaminant Camille, Élie, Olivier, et abattant froidement François. Xel et Xof, restés seuls représentants de l’espèce, n’ont rien pu faire.
Table 4, dite « Sous la terre comme au ciel » : on retrouve à cette table François-René, Xel, François et Élie, pour la découverte de Kites – une réussite mais avec de mauvaises règles, la faute a un traducteur bénévole, croit-on savoir. Ce n’est pas plus brillant, et même un plongeon historique, à Die Crew avec un triple échec sur la même mission dès le premier pli !