Le grand poète du moyen-âge Dante joua un rôle très actif dans la vie politique de Florence. Dans les troubles qui agitent la péninsule italienne dans les années 1300, et l’opposition historique entre guelfes et gibelins, Dante est un guelfe ardent et devient un des magistrats suprêmes de l’exécutif. Mais les guelfes, qui dominent à Florence, se sont divisés en deux factions : les Noirs, favorables à la politique papale, et les Blancs, partisans d’une plus grande autonomie de la ville. En 1300, le pape Boniface VIII revendique le vicariat impérial sur les communes toscanes.
À partir de ce moment-là, Dante s’engage de plus en plus fermement du côté des guelfes blancs, contre la politique d’ingérence du pape. En octobre 1301, membre du Conseil des cents, il se rend à Rome pour tenter une ultime démarche de conciliation. Pendant ce temps, le représentant du pape se rend à Florence et s’empare de la ville avec l’aide des guelfes noirs triomphants. Dante apprend sur le chemin du retour qu’il est condamné pour concussion, gains illicites et insoumission au pape. Il sera condamné au bûcher, tous ses biens confisqués. Exilé avec d’autres guelfes blancs, il ne reviendra jamais à Florence.
Dans les premiers temps de l’exil, Dante songe à assiéger la ville, aux côtés d’autres exilés guelfes blancs ou gibelins. Mais il y renonce bientôt et se met à errer de ville en ville, luttant contre la misère, cherchant protection auprès des cours de l’Italie du nord. Il s’arrête finalement à Ravenne et y meurt de la malaria dans la nuit du13 au 14 septembre 1321 après de vains efforts pour rentrer dans sa patrie. Encore aujourd’hui, les Florentins voudraient récupérer son corps pour le placer dans un sarcophage prévu dans son cénotaphe de la nef de la basilique Santa Croce de Florence, mais Ravenne refuse de restituer à cette ville les restes d’un personnage qu’elle a banni.
7 siècles après, se jouaient à Lannion un sombre drame et des divines comédies.
Table 1, dite « Italie éternelle » : à Quartermasters, on rejoue la deuxième guerre mondiale entre deux équipes. L’axe (Italie: François, Allemagne: Nicolas II, Japon: Vincent) s’oppose ainsi aux alliés (Russie: F.-R., USA: Camille, Angleterre: Xel), dans une sourde lutte entre occupation de territoires, batailles, manœuvres comme la guerre économique et ripostes. Après un départ canon, les alliés s’approchent dangereusement de la victoire après quelques conquêtes éclair des Russes et une expansion maîtrisée des Américains. L’Angleterre veut participer à la fête et s’aventure en Afrique, juste après une double incursion italienne. Erreur fatale: la perfide Albion est chassée, et son navire isolé, perdu. Privée du contrôle de la Méditerranée, l’Angleterre ne s’aventurera plus qu’au Nord de la carte dans des eaux aussi poissonneuses qu’improbables. C’est la fin du début, et, pour les alliés, le début de la fin.
Car, alors, le combat change d’âme. L’Italie triomphante enchaîne les conquêtes et les lucratifs bonus, occupant l’Inde, l’Afrique, et les mers tout au sud du globe. Stratégiquement, elle place une riposte qui se révèle payante quelques tours plus tard, l’Angleterre échouant dans une guerre économique. Elle bénéficie du précieux soutien des Allemands pour défendre Rome, et des Japonais qui empêchent les américains de s’aventurer au Sichuan, et engrange les points: 7, 8, 9 et jusqu’à 10 points italiens par tour sont de trop pour un axe dont les membres ne se seront jamais rejoints.
Table 2, dite « Primus inter pares » : dans le jeu Valeria : le Royaume, vous incarnez le rôle d’un Duc ou d’une Duchesse cherchant à défendre le royaume et à bâtir la plus influente cité, sans oublier de terrasser des Monstres, recruter des Citoyens et étendre votre Domaine. A cette table, Justine et Thibault font leur grand retour, bronzés comme jamais, et Lucas régale de sa bonne humeur. Mais le purgatoire est promis aux premiers, l’enfer au second, et c’est Neox qui accède au paradis. Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.
Table 3, dite « La lettre volée » : Detective Club, qui fait souvent office de digestif ludique ces temps-ci, réunit les protagonistes de la table 1. Une partie en forme de Tsar Academy pour Nicolas II, qui s’impose au bout d’une joyeuse équipée, et qui aura vu un tour curieux: l’indice épistolaire fut figuré correctement par deux détectives qui disposaient de l’indice sans en connaître le sens, alors que le voleur de rêves (François), qui l’ignorait, misait sur des nuages et des vagues. Ce dernier trompa son monde en prétextant que la composition balnéaire qu’il avait choisie figurait l’Écume des jours, ouvrage où, comme chacun sait, le personnage de Chick se ruine pour acheter les œuvres du philosophe Jean-Sol Partre, parmi lesquels La Lettre et le Néon !