Séance de VENDREDI 15/11/2024 à Servel

La traditionnelle baguette de pain, symbole de l’identité française, puise ses origines dans la Révolution, avec la première réglementation concernant le pain. Le 15 novembre 1793 (26 brumaire An II), un décret de la Convention stipule que tous les Français doivent manger le même pain : « La richesse et la pauvreté devant également disparaître du régime de l’égalité, il ne sera plus composé un pain de fleur de farine pour le riche et un pain de son pour le pauvre. Tous les boulangers seront tenus, sous peine d’incarcération, de faire une seule sorte de pain : Le Pain Égalité ». Mais le pain en question, à base de farine de froment, levain, sel et eau, a encore l’aspect d’une grosse boule ronde. En 1856, Napoléon III tentera d’en réglementer la taille et le poids, mais il n’y réussit guère. Sous la IIIe République, lors de la construction du métro parisien, l’ingénieur Fulgence Bienvenüe, inquiet des bagarres incessantes entre ouvriers « immigrés » (Bretons et Auvergnats), décide d’interdire les couteaux sur le chantier. Le couteau ayant aussi pour utilité de couper le pain, l’ingénieur commande à un boulanger des pains allongés qui se coupent à la main. C’est ainsi que nait, à la Belle Époque, la baguette parisienne.

Quelques années plus tard, à Lannion, une bande de copains étaient à table, et, grâce à nos chroniqueurs, vous n’en perdrez pas une miette.

Table 1, dite « Comme un jour sans pain » : La petite troupe des Chroniques de Drunagor – L’Âge des Ténèbres -OlivierB, François-René, Armand et Jérôme – continue sa campagne, avec une nouvelle victoire. Ont-ils jamais perdu, s’enquiert on ? La réponse est non, la trajectoire de notre vaillante troupe, lisse comme une pâte à pizza, a la longueur des jours sans pain.

Table 2, dite « Pièces montées » : Partie découverte pour Dom et François à Castles of Mad King Ludwig. Marc, possesseur du jeu, en expose les ressorts : il s’agit de construire, dans les pas de Louis II de Bavière, un château en assemblant des pièces de toutes tailles, reliés entre elles par des portes, couloirs, ou même un sous-sol. Ces pièces, tirées au sort à chaque tour, sont mises à prix de façon discrétionnaire par le premier joueur, à un prix variable entre 2 000 et 15 000. On y marque des points par des objectifs communs, vite la cible de toutes les attentions (mais qu’il est difficile de scruter l’avancement des adversaires !), des objectifs personnels secrets, et les nombreux effets de pose. Au final, le jeu qui peut faire peur du premier abord, se révèle fluide. Dom prend le meilleur départ, par ses agencements harmonieux, et caracole en tête. Il sera freiné au final, pénalisé par de faibles bonus de fin de partie, mais le levain a fait son effet depuis bien longtemps, et il termine confortablement en tête avec 135, et, pour la gloire, la construction la plus harmonieuse. Marc, à 112, et François, 96, n’ont pu que s’incliner.

Table 3, dite « Croustillante » : On en voit de toutes les couleurs à cette table, avec le retour de Pandémie, où Pierre-Yves, Faline, Caroline et Tristan ne résistent pas au croustillement du temps, puis Harmonies, où Pierre-Yves s’impose.

Table 4, dite « Un grumeau dans le bocal » : dans l’ambiance feutrée de l’aquarium, la fine équipe de ISS Vanguard s’impose. Samuel eut cependant son personnage de niveau 3 banni pour s’être fait un peu trop « tentaculer ». Un grumeau vite rattrapé, en somme.

Table 5, dite « A la baguette » : à Tiletum, un très bon jeu dont on salue le retour sur nos tables, la benjamine Morgane s’impose dès sa première partie, menant à la baguette Fred et JérômeC, médusés.

Table 6, dite « Transsubstantiation » : Younaël, Nolwenn et Xof cherchent à invoquer leur divinité à Culte. Le premier cité a le mieux rassemblé ses fanatiques, et avec eux rompu le pain, non levé, comme il se doit, un signe de frugalité, marquant la précarité des Juifs sortant d’Égypte. Mais c’est aussi un signe de renouvellement. Le levain était originellement fourni par du pain ancien, incorporé à la pâte du pain « neuf » pour le faire lever. Le pain non levé qui devient l’agneau pascal, c’est-à-dire l’agneau du passage, est un pain nouveau, pur de toute incorporation de pain ancien, signifiant le renouvellement dans l’Alliance nouvelle. Mais cet usage du pain non levé n’est pas partagé dans toutes les Églises. Les Églises catholiques de rite byzantin utilisent du pain levé, tradition qui trouve sa justification dans ce que le pain qui lève est comme animé d’un phénomène dynamique qui représente la vie du Christ ressuscité, ce que devient réellement ce pain lors de la transsubstantiation.

Table 7, dite « On sent le roussi » : en fond de salle, Marie-Anne, Thomas, Frank et Mickaël ont été aperçus à Burgle Bros – une partie perdue par la faute d’une escalade fatale. « La précipitation mène à la prison » est l’autre morale de ce forfait, avorté comme un pain roussi trop vite. Suite une partie d’Odin, adjugée à Mickaël.

Table 8, dite « Trois chouquettes et au lit » : Table haletante de Codenames pour finir, avec les Bleus (Nolwenn, Younaël, François-René) qui, comme on enquille les chouquettes, n’ont fait qu’une bouchée des Rouges (Dom, François, Caroline, Jérôme) :

  • Bleus 1-0 : implacables, les Bleus matent les Rouges qui n’ont rien manqué, mais avaient le handicap du neuvième mot et n’ont pas su relier à la fois Baleine, Livre et Lien. La maître espion aurait pu citer Starbuck, le seul officier à oser s’opposer au capitaine Achab dans sa quête sanguinaire de Moby Dick, et qui évoque aussi le lien social du café.
  • Bleus 2-0 : l’assassin Corde fait chuter les Rouges qui y ont vu un début de cordon pour un Embryon, pourtant plus proche du Noyau.
  • Bleus 2-1 : victoire des Rouges grâce aux indices Jeu, Vitrail, Assemblage et Cadre. Les bleus ne sont jamais allés sur Ecran, trompés par la duplicité des Rouges, qui le traitaient comme un des leurs.

Séance de VENDREDI 25/10/2024 à Servel

Le 25 octobre 1854 s’engage l’une des premières grandes batailles de la guerre de Crimée, autour de Balaklava. Les alliés franco-anglo-turcs veulent faire de ce petit port de Crimée, entouré de hautes falaises, le point de départ de leur offensive sur la citadelle russe de Sébastopol, à quelques kilomètres plus au nord.

Au matin de ce jour, les Russes lancent une puissante attaque contre les batteries turques des falaises. Ils s’en emparent mais ne peuvent aller plus loin du fait de la résistance stoïque des Écossais. Un détachement de cavaliers russes tente de contourner le régiment par la droite mais il tombe nez à nez avec la Brigade lourde du général Scarlett. Celui-ci, dont c’est à 55 ans la première expérience du feu, fait aligner ses troupes comme à la parade avec tuniques rouges et bonnets à poils. Les Russes, décontenancés reculent. Le général en chef britannique Lord Raglan veut consolider ce succès. Il demande à Lord Lucan, commandant de la cavalerie, de déloger au plus vite les Russes des hauteurs pour protéger les batteries de leurs alliés turcs.

Lord Lucan, qui a mesuré la puissance des défenses russes et ne peut compter sur un soutien de l’infanterie, refuse de bouger. Mais son général en chef insistant, il transmet l’ordre à son beau-frère (qu’il déteste !), Lord Cardigan, qui commande une Brigade de cavalerie dite légère. Lui aussi comprend l’inanité de la mission mais il n’ose se défiler devant un ordre écrit du général en chef, et conduit ses 673 lanciers au combat. Ils ont un peu plus d’un kilomètre à parcourir au fond d’une vallée avant d’atteindre les batteries russes disposées à l’extrémité. Au total,  dans la vallée et ses contreforts, les Russes alignent 20 bataillons et une cinquantaine de pièces d’artillerie. La première moitié du parcours se déroule comme à la parade sous les yeux stupéfaits de l’ennemi. Lord Raglan s’émerveille devant un Lord Cardigan « aussi courageux et fier qu’un lion ». Mais les canons russes ouvrent le feu. 20 minutes plus tard, la Brigade légère laisse 113 morts et 247 blessés sur le terrain. « C’est magnifique mais ce n’est pas la guerre », commente sobrement le général français Pierre Bosquet.

Ce fait d’armes inutile a été immortalisé par un poème de Lord Tennyson (1864) et un film de Tony Richardson (1968). Il a aussi introduit dans notre langue le cardigan et le raglan (paletot à pèlerine). Les Anglais, eux, ont retenu le mot balaclava pour désigner un passe-montagne.

170 ans plus tard, à Lannion, la Crimée se veut encore russe, et la charge sonnait dans tous les univers.

Table 1, dite « Jamais vue » : Pierre-Yves, Caroline et Fanine, dans un casting 100% nouveaux adhérents que ce blog aura sans nul doute attirés, s’essaient à la découverte de deux nouveaux jeux sur nos tables (une combinaison probablement encore jamais vue en 15 ans de l’association) ! On commence par Harmonies – un très bon jeu, concluent-ils, qui voit Fanine l’emporter. Puis ils sortent Casting Shadows, et Pierre-Yves s’impose.

Table 2, dite « Là-haut » : à Wyrmspan deux connaisseurs, François et Dom, une novice, Melina, et une virtuose, Adrianne, forte de son entraînement intensif à Scorfel. Dans cette partie où la bataille pour le gain des objectifs de manche a donné le tempo, on s’est finalement retrouvé avec deux joueuses au tableau garni de bouteilles de lait, et deux joueurs qui avaient fait le plein de viande. De ce gender gap involontaire, on tirera la seule conclusion qu’à ce jeu, tous les chemins se valent pour engranger les points. Mais, avec une telle opposition, difficile de prétendre à la victoire si on laisse apparaître un maillon faible, tels Melina (trop peu pourvue en œufs, mais avec le score méritoire de 82), François, distancé sur les objectifs de manche, un coup d’aile devant (84), et même Adrianne, aux dragons et bonus de fin de partie trop faibles (94). On l’aura compris, sans point faible, c’est Dom, qui  s’impose, au bout d’un dernier tour étourdissant de combinaisons. Il en termine à 113, un score mirifique et jamais vu sur nos tables, battant le précédent record (110), qu’il détenait déjà et qu’il élève encore point par point, à l’instar de Bubka en son temps, ou de Duplantis dans le nôtre. Perché en haut de la falaise, il sera difficile à déloger désormais.

Table 3, dite « Brigades légères » : à cette double partie, vaincus par les assauts des brigades légères (deux petits enquêteurs), les meneurs de La bête, Mickaël et François-René, ont pris cher dans les deux cas, surtout Mickaël nous souffle-t-on dans l’oreillette. Ce qui laisse donc Thomas, le troisième larron, invaincu de cette soirée. Pour un narratif détaillé de la traque, se reporter au compte-rendu éblouissant de mardi !

Table 4, dite « A la parade » : Nico77 et les deux Olivier explorent une nouveauté, Splendor Marvel, déroulant comme à la parade les mécanismes d’un grand classique dans une nouvelle livrée due aux as du marketing.

Table 5, dite « Tu quoque » : sourde bataille à Everdell et ses extensions, comme en témoignent les écarts en fin de partie. Souvent attaqué, Fred (61) se voit porter l’estocade fatale par Elie, qui l’emporte d’un rien (63). Xel, 53, était en embuscade.

Table 6, dite « Pas la guerre » : la soirée se poursuit avec une double partie d’Odin – encore un nouveau  jeu ! On y envoie ses meilleures vikings à la bagarre, mais ce n’est pas la guerre, tout est dans la stratégie du choix des cartes. François-René y fait merveille, triomphant deux fois, dont l’une avec Thomas. Mickaël, Xel et Nico77 ont apprécié.