Le 25 octobre 1854 s’engage l’une des premières grandes batailles de la guerre de Crimée, autour de Balaklava. Les alliés franco-anglo-turcs veulent faire de ce petit port de Crimée, entouré de hautes falaises, le point de départ de leur offensive sur la citadelle russe de Sébastopol, à quelques kilomètres plus au nord.
Au matin de ce jour, les Russes lancent une puissante attaque contre les batteries turques des falaises. Ils s’en emparent mais ne peuvent aller plus loin du fait de la résistance stoïque des Écossais. Un détachement de cavaliers russes tente de contourner le régiment par la droite mais il tombe nez à nez avec la Brigade lourde du général Scarlett. Celui-ci, dont c’est à 55 ans la première expérience du feu, fait aligner ses troupes comme à la parade avec tuniques rouges et bonnets à poils. Les Russes, décontenancés reculent. Le général en chef britannique Lord Raglan veut consolider ce succès. Il demande à Lord Lucan, commandant de la cavalerie, de déloger au plus vite les Russes des hauteurs pour protéger les batteries de leurs alliés turcs.
Lord Lucan, qui a mesuré la puissance des défenses russes et ne peut compter sur un soutien de l’infanterie, refuse de bouger. Mais son général en chef insistant, il transmet l’ordre à son beau-frère (qu’il déteste !), Lord Cardigan, qui commande une Brigade de cavalerie dite légère. Lui aussi comprend l’inanité de la mission mais il n’ose se défiler devant un ordre écrit du général en chef, et conduit ses 673 lanciers au combat. Ils ont un peu plus d’un kilomètre à parcourir au fond d’une vallée avant d’atteindre les batteries russes disposées à l’extrémité. Au total, dans la vallée et ses contreforts, les Russes alignent 20 bataillons et une cinquantaine de pièces d’artillerie. La première moitié du parcours se déroule comme à la parade sous les yeux stupéfaits de l’ennemi. Lord Raglan s’émerveille devant un Lord Cardigan « aussi courageux et fier qu’un lion ». Mais les canons russes ouvrent le feu. 20 minutes plus tard, la Brigade légère laisse 113 morts et 247 blessés sur le terrain. « C’est magnifique mais ce n’est pas la guerre », commente sobrement le général français Pierre Bosquet.
Ce fait d’armes inutile a été immortalisé par un poème de Lord Tennyson (1864) et un film de Tony Richardson (1968). Il a aussi introduit dans notre langue le cardigan et le raglan (paletot à pèlerine). Les Anglais, eux, ont retenu le mot balaclava pour désigner un passe-montagne.
170 ans plus tard, à Lannion, la Crimée se veut encore russe, et la charge sonnait dans tous les univers.
Table 1, dite « Jamais vue » : Pierre-Yves, Caroline et Fanine, dans un casting 100% nouveaux adhérents que ce blog aura sans nul doute attirés, s’essaient à la découverte de deux nouveaux jeux sur nos tables (une combinaison probablement encore jamais vue en 15 ans de l’association) ! On commence par Harmonies – un très bon jeu, concluent-ils, qui voit Fanine l’emporter. Puis ils sortent Casting Shadows, et Pierre-Yves s’impose.
Table 2, dite « Là-haut » : à Wyrmspan deux connaisseurs, François et Dom, une novice, Melina, et une virtuose, Adrianne, forte de son entraînement intensif à Scorfel. Dans cette partie où la bataille pour le gain des objectifs de manche a donné le tempo, on s’est finalement retrouvé avec deux joueuses au tableau garni de bouteilles de lait, et deux joueurs qui avaient fait le plein de viande. De ce gender gap involontaire, on tirera la seule conclusion qu’à ce jeu, tous les chemins se valent pour engranger les points. Mais, avec une telle opposition, difficile de prétendre à la victoire si on laisse apparaître un maillon faible, tels Melina (trop peu pourvue en œufs, mais avec le score méritoire de 82), François, distancé sur les objectifs de manche, un coup d’aile devant (84), et même Adrianne, aux dragons et bonus de fin de partie trop faibles (94). On l’aura compris, sans point faible, c’est Dom, qui s’impose, au bout d’un dernier tour étourdissant de combinaisons. Il en termine à 113, un score mirifique et jamais vu sur nos tables, battant le précédent record (110), qu’il détenait déjà et qu’il élève encore point par point, à l’instar de Bubka en son temps, ou de Duplantis dans le nôtre. Perché en haut de la falaise, il sera difficile à déloger désormais.
Table 3, dite « Brigades légères » : à cette double partie, vaincus par les assauts des brigades légères (deux petits enquêteurs), les meneurs de La bête, Mickaël et François-René, ont pris cher dans les deux cas, surtout Mickaël nous souffle-t-on dans l’oreillette. Ce qui laisse donc Thomas, le troisième larron, invaincu de cette soirée. Pour un narratif détaillé de la traque, se reporter au compte-rendu éblouissant de mardi !
Table 4, dite « A la parade » : Nico77 et les deux Olivier explorent une nouveauté, Splendor Marvel, déroulant comme à la parade les mécanismes d’un grand classique dans une nouvelle livrée due aux as du marketing.
Table 5, dite « Tu quoque » : sourde bataille à Everdell et ses extensions, comme en témoignent les écarts en fin de partie. Souvent attaqué, Fred (61) se voit porter l’estocade fatale par Elie, qui l’emporte d’un rien (63). Xel, 53, était en embuscade.
Table 6, dite « Pas la guerre » : la soirée se poursuit avec une double partie d’Odin – encore un nouveau jeu ! On y envoie ses meilleures vikings à la bagarre, mais ce n’est pas la guerre, tout est dans la stratégie du choix des cartes. François-René y fait merveille, triomphant deux fois, dont l’une avec Thomas. Mickaël, Xel et Nico77 ont apprécié.