Le 15 octobre 1783 s’élève pour la première fois une montgolfière -un ballon à air chaud- avec un humain à son bord, Pilâtre de Rozier. Ce vol-là est captif mais dès le 21 novembre il fait un vol libre (25 minutes entre la Muette et la Butte aux Cailles en atteignant 1000 m d’altitude) avec un passager qui se contente d’observer, le marquis d’Arlempdes (comme quoi Elon Musk n’a rien inventé). A noter, il y avait concurrence technologique entre l’air chaud et l’hydrogène poussé par le physicien Alexandre Charles qui avait fait voler un petit ballon un mois plus tôt (pour la petite histoire c’est un autre 15 octobre, en 1928 que le premier vol commercial transatlantique arrive à destination, celui du dirigeable LZ-127 Graf Zeppelin gonflé à … l’hydrogène). On se souviendra aussi que ce proto-transport aérien était renouvelable, utilisant le coton, le papier, l’osier et des cordes végétales pour l’aéronef, et la paille et la laine comme combustible. C’est plus tard que cela s’est gâté. 238 ans plus tard le temps a suspendu son vol le temps d’une soirée.
Table 1, dite « Récriminante » : DocNico apporte Daimyo, attirant à sa table Xel, François et F.R. Ce jeu issu de Kickstarter connaît déjà un beau succès d’estime, et se révèle à la fois riche et fluide. Dans un univers post-apo vaguement japonisant, plusieurs chemins s’offrent aux différents peuples : récolter des reliques, construire des tours radio ou des fermes, et être le plus influent dans chacun des villages, une récompense attribuée à chaque tour et, élément crucial, dont le poids augmente à chaque tour. Chaque peuplade a ses capacités propres et un subtil mécanisme de dès colorés permet de se placer sur les actions, tout en jouant des cartes bonus selon le résultat des dés. Un double mécanisme très efficace quand on arrive à le maîtriser. La gestion de l’ordre du tour revêt une importance certaine, on y reviendra. Etre premier joueur, c’est avoir le meilleur choix de dès, mais aussi ne rien maîtriser sur l’occupation finale dans les villages, qui déterminent la position sur la piste d’influence.
Au début, François entame une razzia sur les reliques, sans négliger ses positions, envoyant ses ombres faire le sale boulot de neutraliser des gouverneurs adverses. F.-R. fait figure de victime expiatoire, chouine à l’envi en se proclamant victime d’une vendetta personnelle, et clame avoir déjà perdu parce qu’il n’a pas tiré le bon peuple. Cette double fake news ne résistera pas à l’examen : il aurait gagné la partie s’il n’y avait eu un dernier coup venu d’ailleurs, on y reviendra aussi. En attendant et à défaut de reliques, il fait feu de tout bois sur les constructions, réalisant l’exploit de construire ses huit bâtiments et d’être partout dans les villages. Pendant ce temps, DocNico combotte dans son coin avec ses cartes héros et Xel accumule les productions de bols de riz et donc arrive le dernier tour. François longtemps premier sait déjà que sa position flatteuse à la table de marque ne résistera pas au jugement dernier des bonus de fin de partie, mais veut y croire. Il reste deux dés rouges, qui permettent de dépêcher un nombre infini (point de règle crucial !) de ses gouverneurs. Il paraît évident que F.-R. en prendra un, et plausible que Doc Nico s’en adjuge un autre, privant Xel, qui joue en dernier, de l’action fatale. François s’emploie à utiliser un dé vert qu’il fera bien fructifier. Contrairement aux attentes, Doc Nico fait de même, laissant la voie libre à Xel, qui, lors de l’ultime action, déploie 7 gouverneurs d’un coup, à la faveur d’un stock de riz inouï accumulé tout au long de la partie. « Erreur stratégique impardonnable » s’étrangle le Doc, qui a pourtant joué un dé vert !! Xel 87, F.-R. 72, Doc Nico 68, François 62 dira la table de marque.
Table 2, dite « Pensante » : Frank, Fred et Nicolas II s’essorent les neurones avec les déductions de Cryptid, puis jouent à un prototype de Frank provisoirement nommé My Last Secret Dungeon. Selon les mots mêmes de l’auteur « ce n’est pas un jeu de bonnes soeurs (parcours, cartes, coup bas et autres vacheries). Il tourne plutôt bien, je suis assez content du test ».
Table 3, dite « Revenante » : Retour d’un grand classique (pas joué depuis 3 ans) avec une partie de Troyes enrichi des cartes de ses extensions Les dames de Troyes (officielle) et Black Champagne (fanmade) rassemblant Guillaume, Dom Neox et Anthony. Un jeu de gestion suscitant plus d’interaction que la moyenne avec le mécanisme excellent de la constitution de lots de dés, y compris à l’aide de ceux des autres joueurs (que l’on rémunère pour, rien n’est gratuit). Au terme du placement initial, Dom se retrouve en force à l’évéché et oriente son jeu pour en tirer quelques deniers. Neox combat un bon paquet d’événements tandis que les deux autres explorent les différentes voies (activités, cathédrale etc.). Au milieu de la partie, alors que les positions dans les 3 bâtiments (hôtel de ville, palais et évêché) étaient stables, on commence à se dégager les meeples tandis que tous les joueurs disposent d’assez de deniers pour ne pas trop crier famine. Dom se distingue par son effacité dans la relance de ses dés (e.g. transformant un 2 en 1 !). Au terme des 6 manches, la révélation des personnages (objectifs de scoring secrets mais qui profitent à tous les joueurs, autre idée astucieuse) créée quelques heureuses surprises (Neox valorises ses cartes Evénement grâce au perso de Guillaume et Dom valorise sa pile de deniers grâce au perso de Neox). Dans l’ordre sur la feuille de score : Dom 50 PV, Neox 43, Guillaume 42 (un nombre qui l’a réjoui !) et Anthony 26.
Table 4, dite « Ensevelissante » : Paul-Jr, Mickaël et Baptiste-II ont joué à l’Auberge Sanglante où le tavernier a une tendance à occire ses clients et les enfouir dans le potager. Baptiste signe son retour d’une victoire avec 129 PV contre 117 à Mickaël et 105 à Paul.
Table 5, dite « Ruisselante », Olive OlivierB OlivierL Samuel découvrent l’Antre du roi de le montagne. Le thème est improbable : des Trolls doivent reconquérir leur montagne que des Gobelins usurpateurs ont fait s’effondrer en creusant des tunnels, construisant des salles et érigeant des statues (en fait ça me fait penser au chantier du Grand Paris Express). Une invention dans le mécanisme : un système de pyramide de cartes où en en ajoutant une par le haut on déclenche en cascade la production de celles qui sont en dessous, version ludique de la théorie du ruissellement ! On retrouve sinon des éléments habituels d’un jeu de gestion : optimisation des ressources, planification des actions et course avec les autres joueurs. C’est OlivierL, avec 112 PV, qui est couronné roi des Trolls devant OlivierB (94), Samuel (79) et OlivierT-dit-Olive (50).
Table 6, dite « Hésitante » : des joueurs fatigués finissent sur une partie monomanche de Codenames. Le maître-espion Bleu (Vincent) a du mal à guider ses ouailles (Maiwenn & Guillaume) : son Morpion 2 d’ouverture révèle Puce puis (assez logiquement mais il visait Bout) Membre, et en fin de partie Droite (à cause du jeu). Quant à son Cognac 4, c’était une vraie histoire en images : après la distillation du vin (Feu) il fallait voir la Bouteille transportée en bateau (Cale) vers l’Angleterre (Londres) où cet alcool était autrefois fort apprécié. Bien sûr son équipe a choisi Fut. De son côté, Dom, en chaire pour les Rouges (Fred & Neox), file la métaphore skieuse avec Télésiège 4 (Neige, Banc Appareil et Roue) puis Bâtons 2 (Fond, Plante -cher à JC.Dus-) et encore Virage 2 (Crochet et Droite qui restera incompris et sera finalement révélé par les Bleus). Au final les Rouges l’emportent en finissant à un train de sénateur (Boeuf 1 pour Pavé puis Veau 1 pour Fond). Encore un signe de fatigue, on a pu croire à un moment que ce seraient les Blancs qui gagneraient vu qu’ils dominaient sur la grille !