Sortie de DIMANCHE 31/10/2021 au TRUC Café

Le 31 octobre 1517 était placardé à la porte de l’église de la Toussaint à Wittemberg une liste de propositions (les 95 thèses) rédigée par Martin Luther, qui sera à l’origine de la Réforme protestante dans le Saint-Empire romain germanique. Les 95 thèses portent principalement sur l’une des questions clés pour Luther : la pratique grandissante de la vente des indulgences par l’Église catholique, autorisée par le pape Léon X pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. La rédaction du document aurait principalement été inspirée par les abus du moine dominicain Johann Tetzel, avec lequel Luther entretiendra une controverse au cours de l’année 1518.

Luther a rédigé ses 95 thèses comme support pour un débat, une dispute théologique, pratique courante à l’époque. Conçues pour être diffusées dans un cercle restreint de théologiens, leur succès aurait surpris Luther lui-même. Les 95 thèses seront ensuite imprimées en grande quantité et largement diffusées. Devant leur retentissement, les autorités religieuses hésitent cependant à condamner Luther, qui continue de débattre avec les théologiens défendant la position de Rome. Par la bulle Exsurge Domine du 15 juin 1520 , le pape Léon X demande à Luther de retirer 41 « erreurs » qui s’opposent à la doctrine officielle dans un délai de 60 jours, mais il ne condamne pas explicitement les thèses. Luther entre alors ouvertement en conflit avec l’Église, et brûle publiquement la bulle en décembre. Il est excommunié au début de l’année suivante.

504 longues années après, Parties Civiles placardait son blason sur les murs du Truc Café, écrin insolite d’un « Dimanche on joue ! » dont nous avions été privés de longs mois (27 précisément) suite aux confinements. Ce blason ne comportait qu’une seule thèse: Amusez-vous !

Dans un décor aux couleurs d’Halloween et aux costumes évocateurs de certains consommateurs (mais c’est surtout les gens normaux qui étaient grimés, les ludopathes n’ont pas besoin de se travestir pour paraître bizarres), les joueurs se sont fait servir par un tenancier « jovial et bavard » moult bières aux noms inquiétants, mais aussi de vraies boissons comme le cidre, et des morceaux de chair d’un attribut du diable (du saucisson au porc, donc). Et, bien sûr, certains ont profité de la magnificence des tables élégamment décorées d’un napperon de crêpe noir par notre bien-aimé Président pour y jouer. Betrayal at house on the hill et Paranormal activity y furent ainsi repérées, entre autres, et ce n’était qu’un début : la soirée s’annonçait épouvantablement longue.

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Dîner ludique de SAMEDI 29/06/2019 à Servel

Je me souviens de nappes en papier, qui donnaient à ce dîner un air de kermesse, et de la jovialité qui passait de table en table. Je me souviens de la sauce bolognaise fondante et équilibrée qui accompagnait des poignées de pâtes fraîches. Je me souviens que la cuisinière, Hélène, avait dit: 15h30 c’est large, mais que la préparation de la salade de fruits avait affolé l’horloge. Je me souviens de joueurs de molki dans la fraîcheur de juin, quand nous étions attablés au chaud autour d’une partie d’Azul. Je me souviens avoir pensé à cette publicité d’une compagnie d’assurance en voyant Marie-Anne enchaîner les victoires à des jeux qu’elle découvrait pour la première fois. Je me souviens du dilemme entre kir classique et kir breton. Je me souviens du trésorier, de son air affable à l’enregistrement de modestes participations aux frais, et de son instance à refuser la demi-part d’une jeune convive ayant déjà dîné. Je me souviens qu’on a mis très longtemps à sortir de table. Je me souviens de l’inauguration de Richard cœur de lion et d’un diabolique dernier tour où il fallait soit jouer pour gagner, soit jouer pour ne pas perdre, les deux étant antithétiques. Je me souviens qu’on parlait de nos métiers. Je me souviens d’une table à rallonge avec un gros jeu derrière la nôtre. Je me souviens d’une petite berline vert amande sur le parking. Je me souviens que Dom et Doc Nico étaient absents. Je me souviens d’une longue enfilade de joueurs à Imagine en attendant l’apéritif. Je me souviens qu’en sortant, on n’avait pas vu le temps passer.

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L’hiver en fête SAMEDI 26 et DIMANCHE 27/01/2019 à Ste-Anne

Ce week-end, dans l’espace prestigieux de la salle d’animation de l’espace Ste-Anne, Parties Civiles organisait (avec nos amis de la Ludo le samedi) deux après-midis ludiques dans le cadre de l’hiver en fête. Petits et grands Lannionais s’y sont retrouvés autour de tables de Kingdomino, King of Tokyo, Hanabi, Azul, Snow Time, les Aventuriers du rail ou encore Splendor, sans oublier un final homérique à Innovation (victoire 6-4 de Dom face à votre serviteur).

Merci aux gentils organisateurs, aux vaillants animateurs de tables, aux costauds manutentionnaires, aux élégants modèles (qui ont posé pour la photo, pas celle ci-dessous mais une autre que vous trouverez dans un vrai journal), et enfin, à tous les dociles cobayes qui se sont prêtés au jeu: il vous le rend bien !

Après-midi goûter participatif DIMANCHE 17/06/2018 à Servel

C’était un dimanche d’août. Du plus loin de l’oubli, il me revient dans mes souvenirs dormants que, après avoir dépassé les boulevards de ceinture, je m’étais retrouvé dans un quartier perdu. Au coeur d’une forêt, dans un sous-bois, j’avais croisé 878 vikings devenus sauvages, et entendu des histoires de fantômes.

Soudain, croyant entrer dans une villa triste, je me trouvai au café de la jeunesse perdue: moelleux au chocolat, roses des sables, douceurs, thé, café et jus d’orange respiraient le vestiaire de l’enfance. Le livret de famille donnait à voir une jeunesse: en visitant, j’avais croisé de si braves garçons, qui couraient partout entre les fleurs de ruine, et des inconnues.

Tout un cirque y passait: les chiens de printemps agaçaient des chevaux embarqués dans un Turf endiablé, les agents secrets parlaient en nom de code à des rois du domino, les princes vaudous dilapidaient leur pédigree. Ouvrant la paume de sa main, l’ami Martin, de retour de voyage de noces, exhiba furtivement la place de l’étoile comme la promesse d’un futur voyage.

En rentrant de ma ronde de nuit, j’eus un accident nocturne en glissant sur l’herbe des nuits, au coin de la rue des boutiques obscures. Pourtant, on m’avait fourni un plan pour que je ne me perde pas dans le quartier. J’étais en faute, fus arrêté, jugé, condamné. Mais on convint que, pour mes débuts dans la vie, j’étais encore irresponsable. De ce fait, j’obtins la remise de peine qui me permet de tenir ce discours à votre académie.

Après-midi goûter participatif DIMANCHE 15/04/2018 à Servel

Tout homme a son lieu naturel; ni l’orgueil ni la valeur n’en fixent l’altitude: l’enfance décide. Ce dimanche à Servel, il y avait beaucoup d’enfants, des très petits mais aussi de bien plus grands. Et les enfants y avaient pris le pouvoir, lassés d’être pris pour l’idiot de la famille. « Mais si mon petit chéri joue à ce genre de jeux à son âge, qu’est-ce qu’il fera quand il sera grand ? », se demandent les mamans ? Je les vivrai en grandeur nature !, répondent les enfants. Et j’étais bien un enfant, ce monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets.

En me servant du fondant au chocolat, j’avais les mains sales, et après en avoir repris, je crus défaillir, mais évitai la nausée. Je me jetai à corps perdu dans des jeux avec des gens d’un autre âge. Voyez plutôt: seul au milieu des adultes, j’étais un adulte en miniature, et j’avais des jeux adultes; cela sonne faux, déjà, puisque, dans le même instant, je demeurais un enfant.

Entre l’être et le néant, pendant ces quatre heures, je choisis d’être résolument en vie. Pour l’enfant de la ville que j’étais, les jeux étaient mes oiseaux et mes nids, mes bêtes domestiques, mon étable et ma campagne. La ludothèque de tous ces joueurs rassemblés, c’était le monde pris dans un miroir: elle en avait l’épaisseur infinie, la variété, l’imprévisibilité. Cette pile de jeux, pierres levées, droites ou penchées, serrées comme des briques, ou noblement espacées en allées de menhirs, je la rêvais chaque nuit, sentant que la prospérité de notre association en dépendait.

L’idée ne me vint pas qu’on pût jouer pour gagner. On gagne contre ses voisins, et avec Dieu car Dieu ne joue pas aux dés. Je pris le parti de gagner avec Dieu en vue de sauver mes voisins: je voulais des obligés, non pas des joueurs. Sortant de la salle, je pressentais confusément que nous n’avions pour dessein, sous prétexte du jeu, qu’à nous rassembler dans la communion des hommes. Car au final, à quoi bon jouer ? Une fois l’espérance du salut par la victoire rangée au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.

Après-midi goûter participatif DIMANCHE 18/02/2018 à Servel

C’est un dimanche gris, mais on sort. C’était coché de longue date. Plaisir de la découverte furtive, presque sans quitter son chez soi: on réalise qu’on n’était jamais venu ici. Pourtant, passée l’imposante église, elle se découvre en majesté. Oui, la maison de quartier de Servel se fond dans le paysage, mais elle est résolument contemporaine – en même temps comme ça se dit aujourd’hui. On entre, tout de suite les rires, l’odeur du café chaud, les gâteaux moelleux qui vous font de l’oeil. Il y a des enfants qui courrent, explorent l’espace. C’est grand, moderne, tout neuf – on n’est pas habitué. On joue à s’y perdre, mais bientôt, tout le monde se retrouve dans la grande salle. Il faut deux longues tables pour accueillir toutes les boîtes. Doucement, les tables s’organisent. On découvre de nouveaux jeux, on fait partager les siens. Il y a les figures familières, celles qu’on connaît moins, ceux qui sont venus s’encanailler avec les enfants, un prétexte. La salle est vaste, on n’entend pas trop le bruit, on ne fait pas attention au dehors. Puis soudain, on lève la tête, la salle s’est vidée à moitié. C’est l’heure, on ne va pas finir la partie. Le temps s’est étiré comme une première gorgée de bière qui aurait coulé tout l’après-midi. Maintenant il pleut dehors, on n’avait pas vu. Bien sûr, on reviendra.