Séance de VENDREDI 29/03/2019 à Servel

Le 29 mars 1974, sous la pelle d’un fermier chinois en train de construire un puits au mont Li, se dévoilait l’armée de terre cuite (兵马俑, statues funéraires de soldats et chevaux), ou armée d’argile, un ensemble de près de 8000 statues de soldats et chevaux en terre cuite, représentant les troupes de Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine. Elles représentent une forme d’art funéraire, car elles ont été enterrées dans les fosses du mausolée de l’empereur Qin, à proximité de la ville de Xi’an, dans le Shaanxi, en 210–209 av. J.-C. Cette « armée enterrée », dont les statues ont quasiment toutes un visage différent, était destinée à protéger l’empereur défunt.

Leur taille varie suivant leur grade au sein de cette armée, celles figurant les généraux étant les plus grandes. Elles représentent fantassins, cavaliers, chevaux et chars. Les archéologues qui fouillent le site ont estimé que les trois fosses dans lesquelles reposent l’armée de terre cuite contiennent plus de 8 000 soldats, 130 chars tirés par 520 chevaux, et 150 chevaux montés par des cavaliers. En plus des soldats, on trouve dans ces fosses des statues de civils, dont des fonctionnaires, des acrobates et des musiciens. Le mont Li était renommé pour ses mines de jade, son côté nord était riche en or et son côté sud riche en beau jade. Le Premier Empereur, au courant de cette excellente réputation, avait bon goût.

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L’armé en terre cuite (détail)

45 années après cette découverte, à Lannion, des fantassins en nombre ont investi pas moins de 8 tables de jeux. Un chiffre qui, dit-on, porte bonheur en Chine.

Table 1, dite « Vive l’empereur » : dans un duel à 2, qui était aussi un hommage à l’empereur du jeu Uwe Rosenberg, Xel et Neox ont découvert A la gloire d’Odin – un univers légèrement plus complexe que l’ancestral Agricola, et où l’on a le choix entre pas moins de 60 actions ! A ce duel classé X entre la tête et la queue des surnoms, c’est le x de queue qui a triomphé.

Table 2, dite « Enfouie » : le pétrole encore dans le sol doit-il y rester enfoui ou mis à nu comme les statues du mont Li ? A cette question, Tristan, Doc Nico, Benjamin et Thibault se prononcent pour le dévoilement et vont à la recherche du pétrole dans Wildcatters. Le score de cette table restera lui aussi enfoui dans les grimoires et attendra l’arrivée des archéologues.

Table 3, dite « La huitième merveille » : à 7 Wonders-Armada Nicolas II emmène une bande de vaillants explorateurs à la découverte de la huitième merveille du monde: le fameux 7 Wonders muni de sa dernière extension !

Table 4, dite « L’empereur, le fonctionnaire, l’acrobate et le soldat » : à Brass: Birmingham on revisite un classique. Avec un nouveau plateau, plus cher, moins lisible, de nouvelles tuiles, plus variées, et surtout de nouvelles règles: l’obligation de posséder une chope de bière pour vendre notamment, mais aussi une règle particulièrement non conventionnelle: l’argent qu’on possède se convertit en PV à la fin. Ainsi, il suffit d’emprunter sans raison au dernier tour pour s’engraisser sur le dos du contribuable ! Deux joueurs usèrent sans vergogne de cette libéralité, à savoir l’empereur Thomas, qui n’avait pas besoin de cela pour gagner, ce qu’il fit (141), et le fonctionnaire zélé Dom (126), qui opta pour ce choix aussi rapidement qu’il avait été lent à la manœuvre le reste de la partie. Les deux autres furent de ce fait relégués, l’acrobate représenté par votre serviteur (110) qui construisit une lignée de canaux vertigineuse, et le vaillant soldat Xof (119), qui ne démérita point pour un coup d’essai.

Table 5, dite « Baron perché, vicomte pourfendu » : à Saint Seyia: Deckbuilding Athéna est menacée par le grand Pope et les Chevaliers soumis à son pouvoir sont prêts à en découdre: 5 chevaliers de bronze doivent mettre fin à cette menace avant l’extinction de la dernière flamme de l’Horloge. C’est François-René (40) qui sera le baron perché, d’une très courte tête, et Sébastien le vicomte pourfendu pour un point (39). Olivier L. et Camille, 24 chacun, se sont tourné autour comme chevaliers de la table ronde.

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Cry havoc

Table 6, dite « L’empereur fainéant » : à cette table nous découvrons Cry havoc – un jeu de guerre sur table à l’échelle sub-tactique (1 pion = 1 personnage ou animal), très novateur pour l’époque, notamment du point de vue graphisme, paru initialement en 1981 et revisité depuis.
Le petit Paul, Olive et Mickaël y ont offert sur un plateau une victoire monumentale à Franck (49 points d’avance !) en réveillant ses trolls qui étaient en plein sommeil. De ce fait, selon ses propres dires, il n’a pas eu grand chose à faire pour gagner !

Table 7, dite « Pièces de musée » : encore une découverte: celle de Museum où Olive et Mickaël croisent le fer au-dessus de la Manche, l’un oeuvrant à Paris et l’autre à Londres. Le résultat de ces manipulations de pièces de musées est à retrouver en page 16 777 216 (8^8) du catalogue.

Table 8, dite « La neuvième horreur » : Pour finir, retour de Greenville 1989 – le jeu coopératif narratif et d’horreur convie ici Neox, François-René, Xel, et Camille. Le chiffre 9, maudit dans l’histoire récente des chinois autant que le 8 est chéri (1989 en est une éclatante illustration), n’a pas fait mentir sa réputation, la table ayant sombré dans les affres de la défaite !

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Séance de VENDREDI 05/10/2018 à Servel

En ce 5 octobre, Denis Diderot aurait eu 205 ans. Un sacré numéro pour lui qui est à l’origine de la fameuse Encyclopédie. A propos, on aurait bien aimé avoir sous la main celle des parties jouées ce soir à Parties Civiles, mais ça fusait dans tous les sens. Il faut dire qu’avec la croissance subite des effectifs, chroniquer ces séances relèvera bientôt du prix Albert Londres. Alors allez, voici quelques faits saillants qui ont émergé des limbes et pour le reste, as usual, the forum will help !! Après tout, une encyclopédie, c’est un travail collectif 😉

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Table 1, dite « On sait presque tout » : Xel remporte d’un point une partie ultra-tendue de Brass: Birmingham, devant Thibault, Thomas et Tristan, enfin il me semble…

Table 2, dite « Fiche complète » : à Innovation, j’initie Sébastien et Nourdine, et le premier nommé s’impose sans coup férir, avec la mécanique infernale du code des pirates. On n’a rien vu venir !

Table 3, dite « Genre gros jeu » : dans la salle 3 un gros jeu s’est déployé. Un truc genre War40K, mais c’est peut-être pas ça, hein !

Table 4, dite « Noms de noms » : il y a eu aussi un Codenames. Je me rappelle avoir été avec Kree’nox, qui découvrait, Audrey et Sébastien. En face il y avait FR, Nicolas (celui d’Audrey, pas l’autre), et d’autres. Une partie plutôt confuse, entâchée d’irrégularités comme le « City 2 » lancé pour Londres et NewYork (Tokyo, aussi sur la grille, était l’assassin), truffée d’indices en 1, et marquée par des hésitations sur l’histoire romaine revue et corrigée, du Christ à Aggrippine (jolie Crucifixion 3 à la clé pour Fin, Rome et Toile, cette dernière désignant bien sûr le saint-Suaire), et j’en ai vu qui prenaient des notes. Bon, les rouges ont gagné, mais qui en doutait ?

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Séance de VENDREDI 31/08/2018 à Servel

Le 31 août 1935, on rapporte que Alekseï Grigorievitch Stakhanov et ses trois collègues ont extrait 102 tonnes de charbon, un record, en 5 heures 45 minutes de travail, soit 14 fois le quota. Lors d’un concours organisé par le Komsomol, ce haveur du Donbass sera érigé en exemple par la propagande soviétique pour tous les ouvriers de l’URSS. Cette promotion du sacrifice personnel et de l’émulation entre travailleurs pour le bien du Parti a reçu le nom de stakhanovisme.

Résultat de recherche d'images pour "stakhanov cartoon"Stakhanov a fait carrière à la mine de « Tsentralnaïa-Irmino », qui a toujours des performances plus basses que le reste de la région quand Stakhanov y est affecté, en 1927. En 1933, il est affecté à l’équipe des perforateurs. Les mineurs utilisent des piolets pour détacher le charbon, puis le mettent dans des wagons et le font sortir de la mine par des chevaux. Allongé sur le côté ou sur le dos, le mineur perfore le charbon et s’occupe de surélever le plafond de la mine quand il n’a plus la place de passer. Stakhanov propose d’avoir un mineur chargé de la perforation, un autre du chargement du charbon sur les wagons, un autre de surélever le plafond de la mine quand c’est nécessaire et un dernier menant le poney, plutôt qu’un seul enchaînant toutes ces tâches. Plutôt qu’un piolet, Stakhanov utilise une perceuse minière, qui pèse très lourd et exige une formation préalable.

Ce record est donc d’abord le fruit d’une révolution profonde de l’organisation du travail, et sa véracité sera contestée. Selon l’historien expert en mouvement stakhanoviste Igor Avramenko, le travail du mineur à l’époque relevait aussi bien de l’extraction du charbon que de la consolidation des parois de la galerie au fur et à mesure de son avancement. Toutefois, Stakhanov a été déchargé de cette dernière tâche qui fut partagée entre deux de ses collègues. Les supérieurs de Stakhanov ont omis d’en parler pour amplifier l’effet de l’exploit de leur héros en devenir. Son exemple est d’abord publié dans le journal local Kadievsky Proletary, puis repris par La Pravda à l’initiative. Il apparaît même sur la couverture du magazine Time.

Entre 1974 et 1977, il donnera de nombreuses interviews à divers médias, dont ceux de pays communistes de l’Europe de l’Est, où il dénoncera l’attitude des ouvriers qui ne vont pas assez vite au travail, ou qui ne produisent pas assez. En 1977, il meurt d’une crise cardiaque.

Enfin, ultime manifestation de la propagande, son véritable prénom n’était pas Alekseï, mais Andreï. À l’époque, une erreur de frappe dans l’article de La Pravda relatant son exploit l’aurait rebaptisé. À ce propos, selon une version, Stakhanov aurait écrit une lettre à Staline demandant la rectification, à quoi ce dernier aurait répondu que La Pravda ne commettait pas d’erreurs. Selon l’autre version, c’était le secrétaire particulier de Staline qui aurait évoqué le sujet et, là aussi, Staline aurait dit « Alekseï… un beau prénom russe, il me plaît tout autant », après quoi Stakhanov serait devenu officiellement Alekseï.

A Lannion, 83 ans après cet exploit, les stakhanovistes du jeu étaient en plein labeur à Lannion, où ils ont ouvert la voie à pas moins de trois nouveaux jeux, admis avec fierté dans l’académie des outils officiels de Parties Civiles !

Table 1, dite « Mouvements de pionniers » : à Founders of Gloomhaven on construit les fondations du célèbre jeu d’exploration. Julien présente ce nouvel opus, et convainc quatre fortes têtes de rejoindre sa table. Tristan sera le plus productif (35) devant Neox, qui mérita aussi d’être mentionné (33). Mickaël et Julien en ont pris de la graine pour améliorer leur productivité à ce jeu très calculatoire.Résultat de recherche d'images pour "founders gloomhaven"

Résultat de recherche d'images pour "brass birmingham"Table 2, dite « Petites mousses » : ici, une nouvelle découverte, déjà annoncée dans ces pages: le troisième rejeton de la grande famille de Brass: Brass: Birmingham. Contrairement à la version Lancashire, qui ne s’est détournée du modèle que comme on touche à la constitution, d’une main tremblante, il s’agit ici d’une variante avec des modifications très sensibles: nouveaux bâtiments, nouvelle carte, et surtout, au lieu de vendre dans des ports, on boit de la bière, qu’il faut d’abord avoir produite, et qu’on ne peut acheter au marché extérieur (qui lui a disparu). En somme, on est passé des petits mousses de navires aux petites mousses des bariques… Cette partie inaugurale fut remportée par Thomas (177), à tout seigneur tout honneur, grâce à un réseau de rails tentaculaire. Votre humble serviteur s’est lui consacré à la production, et malgré quelques jolis coups, doit s’incliner (155), tandis que Xel culmine à 136. Cette nouvelle version est intéressante, bien présentée (surtout dans cette version kickstarter où l’on paye avec de magnifiques jetons de poker), et permettra de renouveler le genre pour les fans.

Table 3, dite « Nomenklatura » : à Rajas of the Ganges, Thibault revisite la nomenklatura version indienne, et gagne d’un tour devant Vincent-2.

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Table 4, dite « Burn out » : à Dead of winter on vit François-René, Paul et Maïwen mourir d’épuisement. Cette dernière perdra même un n dans cette lutte sans fin.

Table 5, dite « Salaires de haveurs » : à Hanabi, les protagonistes de la table 3 réalisent des scores honorables: 4-4-4-3-2. Cet effort qui n’a rien de stakhanoviste ne mérite pas une ligne de plus sur leur fiche de paie.

Table 6, dite « Ration double » : Thibault remet le couvert à Rajas of the Ganges – faisant, outre Vincent-2, deux nouvelles victimes: François-René et Maïwen.

Table 7, dite « Artillerie lourde» : dans l’univers imposant de A song of ice & fire: TMG, les Starks (Xof) ont laminé les Lannister (Jack).

Table 8, dite « Le bon wagon» : à Condottiere, un jeu qui revisite l’introuvable unité italienne mais que nous abordons avec un livret de règles en chinois, des six joueurs présents au départ, deux terminent dans le bon wagon avec 4 conquêtes. Cest Thomas qui s’impose à Mickaël dans un duel final.

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