Séance de VENDREDI 25/10/2019 à Servel

Le 25 octobre 1415 se déroulait la bataille d’Azincourt. Les troupes françaises, fortes de 15 000 hommes, y tentent de barrer la route aux 8 000 de l’armée du roi d’Angleterre Henri V, qui veut regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc, par là même, l’Angleterre.

La bataille se solde par une défaite importante pour le camp français : la cavalerie lourde, rendue moins efficace par un terrain boueux et les retranchements anglais, est transpercée par les archers anglais et gallois, équipés de grands arcs à très longue portée. Cette bataille, où la chevalerie française est mise en déroute par des soldats anglais inférieurs en nombre, est souvent considérée comme la fin de l’ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, qui se renforcera avec l’invention des armes à feu. Elle est, en réaction, une cause majeure de l’épopée de Jeanne d’Arc, puis de l’investissement dans l’artillerie qui deviendra une spécialité française.

Les pertes des Anglais sont de 13 chevaliers et une centaine de simples soldats. Les Français perdent 6 000 chevaliers dont le connétable, et de nombreux grands seigneurs. La débâcle de la chevalerie française d’Azincourt, qui fait suite à celles de Crécy et de Poitiers, prive la France de cadres administratifs et militaires en grand nombre du fait des nombreux tués chez les baillis et les sénéchaux du roi. Elle met également en évidence la conception dépassée que se font de la guerre les armées françaises en particulier une partie de la chevalerie, alors qu’Anglais et Ottomans ont déjà organisé des armées unies et disciplinées : les Français, supérieurs en nombre, mais incapables d’obéir à un chef unique et placés dans l’impossibilité de faire manœuvrer les chevaux, comme à la bataille de Poitiers, soixante ans auparavant, auraient eu intérêt à négocier avec Henri V, qui avait abandonné son rêve de revendiquer la couronne de France.

Cette bataille marque un tournant dans l’art de la guerre en Europe : des armées plus maniables et plus articulées (comme l’était déjà celle d’Édouard III, dont la composition et le comportement permettaient de préfigurer le déroulement des batailles intervenant dès la fin du XIVe siècle) défont des masses hétéroclites pleines d’inutile bravoure. Enfin, cette bataille fait naître dans la population française un sentiment anti-anglais, qui nourrit un patriotisme préexistant en France depuis la bataille de Bouvines, et qui s’amplifiera au cours de la guerre de Cent Ans.

604 ans après Azincourt, la pluie tombait dru sur Lannion, et, si aucun cheval ne s’y embourba, la soirée fut peuplée de fantômes.

Table 1, dite « Planification défaillante » : sorti tout droit du moyen-âge, Hermagor, qui fait son retour après 3 ans de purgatoire sur nos tables, est le premier fantôme de cette soirée. Votre narrateur y initie Gérard, un homme d’expériences, et Benoît, nouveau venu chez nous. Une partie étrange que votre serviteur sembla dominer largement tandis que Gérard paraissait en perdition, peinant à établir ses citadelles. Mais tout se détraqua dans le dernier tour: ayant épuisé toutes mes citadelles, je me retrouvai à l’arrêt, et la machine s’enraya. Et Benoît s’impose largement avec 133, devant Gérard, 109, suite à une remontada de folie, et je termine dernier avec 95 !

Table 2, dite « Au champ d’honneur » : à l’issue de cette table de V Commandos les fantômes de Camille, Olivier, Jérôme, Nicolas II flottaient dans l’air. Les quatre terminent sur le carreau, malgré un premier objectif atteint.

Table 3, dite « Jaune canari » : à Wingspan c’est le jaune canari de Thomas, 86, qui sort en tête, un battement d’ailes devant Vincent, 82, et Julien, 81. Un vol d’hirondelles plus loin, Xel nous fait comprendre que son score lui rappelle l’Orne.

Table 4, dite « Maillot jaune » : à Shards of Infinity la table 3 refait le match, mais enregistre le même vainqueur !

Table 5, dite « Ghostbusters » : à Demeures de l’épouvante, les fantômes étaient omniprésents. La fin en fut déroutante Y a-t-il une vie dans l’au-delà se demandèrent Neox, François-René, Olivier et Thomas_2nd ? Une chose est sûre, Anthony, qui a collectionné les indices, ne s’y ennuiera pas.

Table 6, dite « Triangle isocèle » : un Mythic Battle à trois, c’est chacun pour soi. Mais comme dans tout bon triangle amoureux, il faut que deux s’y chamaillent: ce fut le cas d’Axel et Mickaël, permettant à Armand, le troisième larron qui jouait Artémis, de tirer les marrons du feu sans effort.

Table 7, dite « Ni grâce ni pardon » : on résumera cette partie de A song of ice and fire dans l’univers de GOT à l’équation suivante: Stark.Jack > Lannister.Jeff. Ni grâce ni pardon, comme l’a chanté Cabrel à propos d’Azincourt.

Table 8, dite « Lucas crâna » : Lucas était désireux de découvrir Race for the Galaxy, Dom l’initie en compagnie de Thibault. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’initié s’en est bien tiré ! A la première partie, il déroule une stratégie quasi-parfaite basée sur les ressources brunes et finit avec 62 PV (contre 34 et 21 respectivement). Tout le monde repart pour une seconde partie que Lucas, avec 4 mondes de production et 4 développements de valeur 6, remporte de nouveau avec 50 PV.

Table 9, dite « Fantômes de nuit » : comme la soirée ne finit toujours pas, nous abandonnons Camille, François-René et Neox à Greenville 1989 – un jeu narratif, où les joueurs incarnent une bande d’adolescents coincés dans un univers parallèle et cauchemardesque. Les fantômes de la nuit enveloppent l’issue de cette quête.

Table 10, dite « Ombres de nuit .» : c’est notre dernier revenant de la soirée: Shadow hunters n’était pas sorti sur nos tables depuis un an. Jérôme était bien sûr à la manœuvre ! Les ombres de la nuit enveloppent l’issue de cette joute.

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Séance de VENDREDI 29/03/2019 à Servel

Le 29 mars 1974, sous la pelle d’un fermier chinois en train de construire un puits au mont Li, se dévoilait l’armée de terre cuite (兵马俑, statues funéraires de soldats et chevaux), ou armée d’argile, un ensemble de près de 8000 statues de soldats et chevaux en terre cuite, représentant les troupes de Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine. Elles représentent une forme d’art funéraire, car elles ont été enterrées dans les fosses du mausolée de l’empereur Qin, à proximité de la ville de Xi’an, dans le Shaanxi, en 210–209 av. J.-C. Cette « armée enterrée », dont les statues ont quasiment toutes un visage différent, était destinée à protéger l’empereur défunt.

Leur taille varie suivant leur grade au sein de cette armée, celles figurant les généraux étant les plus grandes. Elles représentent fantassins, cavaliers, chevaux et chars. Les archéologues qui fouillent le site ont estimé que les trois fosses dans lesquelles reposent l’armée de terre cuite contiennent plus de 8 000 soldats, 130 chars tirés par 520 chevaux, et 150 chevaux montés par des cavaliers. En plus des soldats, on trouve dans ces fosses des statues de civils, dont des fonctionnaires, des acrobates et des musiciens. Le mont Li était renommé pour ses mines de jade, son côté nord était riche en or et son côté sud riche en beau jade. Le Premier Empereur, au courant de cette excellente réputation, avait bon goût.

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L’armé en terre cuite (détail)

45 années après cette découverte, à Lannion, des fantassins en nombre ont investi pas moins de 8 tables de jeux. Un chiffre qui, dit-on, porte bonheur en Chine.

Table 1, dite « Vive l’empereur » : dans un duel à 2, qui était aussi un hommage à l’empereur du jeu Uwe Rosenberg, Xel et Neox ont découvert A la gloire d’Odin – un univers légèrement plus complexe que l’ancestral Agricola, et où l’on a le choix entre pas moins de 60 actions ! A ce duel classé X entre la tête et la queue des surnoms, c’est le x de queue qui a triomphé.

Table 2, dite « Enfouie » : le pétrole encore dans le sol doit-il y rester enfoui ou mis à nu comme les statues du mont Li ? A cette question, Tristan, Doc Nico, Benjamin et Thibault se prononcent pour le dévoilement et vont à la recherche du pétrole dans Wildcatters. Le score de cette table restera lui aussi enfoui dans les grimoires et attendra l’arrivée des archéologues.

Table 3, dite « La huitième merveille » : à 7 Wonders-Armada Nicolas II emmène une bande de vaillants explorateurs à la découverte de la huitième merveille du monde: le fameux 7 Wonders muni de sa dernière extension !

Table 4, dite « L’empereur, le fonctionnaire, l’acrobate et le soldat » : à Brass: Birmingham on revisite un classique. Avec un nouveau plateau, plus cher, moins lisible, de nouvelles tuiles, plus variées, et surtout de nouvelles règles: l’obligation de posséder une chope de bière pour vendre notamment, mais aussi une règle particulièrement non conventionnelle: l’argent qu’on possède se convertit en PV à la fin. Ainsi, il suffit d’emprunter sans raison au dernier tour pour s’engraisser sur le dos du contribuable ! Deux joueurs usèrent sans vergogne de cette libéralité, à savoir l’empereur Thomas, qui n’avait pas besoin de cela pour gagner, ce qu’il fit (141), et le fonctionnaire zélé Dom (126), qui opta pour ce choix aussi rapidement qu’il avait été lent à la manœuvre le reste de la partie. Les deux autres furent de ce fait relégués, l’acrobate représenté par votre serviteur (110) qui construisit une lignée de canaux vertigineuse, et le vaillant soldat Xof (119), qui ne démérita point pour un coup d’essai.

Table 5, dite « Baron perché, vicomte pourfendu » : à Saint Seyia: Deckbuilding Athéna est menacée par le grand Pope et les Chevaliers soumis à son pouvoir sont prêts à en découdre: 5 chevaliers de bronze doivent mettre fin à cette menace avant l’extinction de la dernière flamme de l’Horloge. C’est François-René (40) qui sera le baron perché, d’une très courte tête, et Sébastien le vicomte pourfendu pour un point (39). Olivier L. et Camille, 24 chacun, se sont tourné autour comme chevaliers de la table ronde.

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Cry havoc

Table 6, dite « L’empereur fainéant » : à cette table nous découvrons Cry havoc – un jeu de guerre sur table à l’échelle sub-tactique (1 pion = 1 personnage ou animal), très novateur pour l’époque, notamment du point de vue graphisme, paru initialement en 1981 et revisité depuis.
Le petit Paul, Olive et Mickaël y ont offert sur un plateau une victoire monumentale à Franck (49 points d’avance !) en réveillant ses trolls qui étaient en plein sommeil. De ce fait, selon ses propres dires, il n’a pas eu grand chose à faire pour gagner !

Table 7, dite « Pièces de musée » : encore une découverte: celle de Museum où Olive et Mickaël croisent le fer au-dessus de la Manche, l’un oeuvrant à Paris et l’autre à Londres. Le résultat de ces manipulations de pièces de musées est à retrouver en page 16 777 216 (8^8) du catalogue.

Table 8, dite « La neuvième horreur » : Pour finir, retour de Greenville 1989 – le jeu coopératif narratif et d’horreur convie ici Neox, François-René, Xel, et Camille. Le chiffre 9, maudit dans l’histoire récente des chinois autant que le 8 est chéri (1989 en est une éclatante illustration), n’a pas fait mentir sa réputation, la table ayant sombré dans les affres de la défaite !

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Séance de VENDREDI 22/03/2019 à Servel

Le 22 mars 1594, à 7h, Henri IV entrait triomphalement en armure à Paris, « sans effusion de sang ni qu’un seul bourgeois ait reçu incommodité en sa personne ni en ses biens », selon ses propres termes. Son retour dans la capitale, dont il avait dû s’enfuir vingt ans plus tôt, met un terme à cinq ans de guerre civile et trente ans de guerres religieuses. «Paris vaut bien une messe», lui aurait dit son ami, futur duc de Sully.

Comprenant que la majorité catholique du royaume n’accepterait jamais un souverain protestant, si légitime soit-il, Henri IV avait accepté l’année précédente de se convertir à la foi catholique (sixième et dernière de ses conversions !). Les catholiques modérés avaient alors manifesté leur lassitude de la guerre et leur souhait d’un compromis.

Le 22 février, Henri IV s’est fait sacrer à Chartres (faute de pouvoir se rendre à Reims, lieu traditionnel des sacres, aux mains des ligueurs). Là-dessus, ses troupes, qui assiègent Paris depuis plusieurs années, accordent une trêve de dix jours aux habitants, qui en profitent pour goûter le bonheur des escapades à la campagne. Leur aspiration à la paix n’en devient que plus grande.

Enfin, à la suite de tractations secrètes et sur la base de promesses sonnantes et trébuchantes, le roi obtient du gouverneur de la ville de Paris qu’il lui ouvre les portes de la capitale. Dans la nuit du 21 au 22 mars, le gouverneur fait dégager les hauts talus qui défendent l’accès de la porte Neuve et de la porte Saint-Denis. À l’aube, les troupes royales entrent ainsi dans la capitale, enseignes déployées et tambours battants, conduites par le roi en pourpoint de satin blanc. Sur son passage, le peuple à genoux crie : « La paix ! La paix ! ».

Le roi se rend à l’hôpital et selon la tradition capétienne, touche les malades des écrouelles. Au total plusieurs centaines ! Ce rite contribue à renforcer sa légitimité. L’après-midi même, les 4 000 mercenaires du roi d’Espagne Philippe II, venus prêter main-forte aux ligueurs catholiques, prennent le chemin du retour. Encouragés par l’indulgence du roi et ses généreux subsides, ses ennemis se rallient sans difficulté. Le comte de Brissac, gouverneur de Paris, sera récompensé par la somme colossale de 1,695 millions de livres et la dignité de maréchal.

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Entrée d’Henri IV à Paris, 22 mars 1594, tableau de François Gérard, château de Versailles

Quelques années après, à Lannion, beaucoup attendaient devant Servel qu’on leur ouvrit les portes. Quand le porteur de clé se présenta enfin, tous se rallièrent à son panache. La soirée se déroula avec douceur jusqu’à ce qu’au bout de la nuit, les bourgeois encore présents reçurent incommodité en la personne du bâtiment, qui fut molesté par de jeunes désoeuvrés. On fit venir la maréchaussée, et elle vint. Les ligueurs prirent alors dans l’ombre le chemin du retour.

Table 1, dite « Une guerre fort civile » : dans l’immense salle de réception, seulement deux joueurs, mais quels joueurs: Julien-de-Paimpol et Benjamin, et quel jeu: s’y déployait en majesté Warhammer 40 000 – un univers peuplé de figurines comme tout droit sorties de Mad Max. D’un côté, beaucoup de troupes peu puissantes, de l’autre des effectifs en petit nombre mais bien entraînés. La ruse de Julien a eu raison de la force de Benjamin.

Table 2, dite « Conversion salutaire » : au contraire, dans l’espace exigu de l’aquarium, se pressait une myriade d’enquêteurs au chevet d’une nouvelle affaire de Sherlock Holmes: Détective conseil. Pour résoudre le cas du Colonel en retraite, la fine équipe visita pas moins de 12 lieux. Mais on y buvait aussi des boissons acides, un rhum vénérable, on s’empiffrait qui de bonbons chargés en glucose et d’une pointe d’arôme de radis, qui de hamburgers, on pianotait sur son smartphone, on parlait de tout et de rien. A la table des fins limiers, pas d’uniformes, on vient comme on est. Heureusement, certains poussèrent la réflexion un peu plus loin que le bouchon et, se convertissant subito de noceurs en penseurs, découvrirent grosso modo les ressorts de l’intrigue. Le score de 60 couronna leur très honorable prestation.

Table 3, dite « Trésor de guerre » : à L’île au trésor c’est la St-Nicolas en mars, puisque Neox et le Doc enquillent chacun une victoire, sous l’œil médusé de Olivier L, Maxime, et Xel.

Table 4, dite « Pas très catholique » : Olive, Jack, Mickaël, Armand et Tristan s’attablent autour de Terraforming mars – du bon gros jeu comme on les aime, et avec des gens sérieux qui plus est. C’est Mickaël qui l’emporte 69 à 66 devant Tristan. Le nombre de la bête se cache dans ce score pas très catholique, et c’est tout sauf un hasard: les réformés assimilaient le pape, « vicaire du Fils de Dieu » (Vicarius Filii Dei), au nombre de la Bête, selon le calcul : VICarIUs fILII DeI = 5 + 1 + 100 + 1 + 5 + 1 + 50 + 1 + 1 + 500 + 1 = 666 !

Table 5, dite « Incommodité en sa personne » : Pour finir, nous découvrons Greenville 1989 – un jeu coopératif narratif et d’horreur aux petits accents de Mysterium, où votre modeste narrateur fit office de bouc émissaire, malgré son imagination débordante, et sortit de table quelque peu incommodé. On a donc tous perdu mais on rejouera, c’est promis car l’horreur peut aussi, sachez-le, engendrer le rire.

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Greenville 1989

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