Le 22 mars 1594, à 7h, Henri IV entrait triomphalement en armure à Paris, « sans effusion de sang ni qu’un seul bourgeois ait reçu incommodité en sa personne ni en ses biens », selon ses propres termes. Son retour dans la capitale, dont il avait dû s’enfuir vingt ans plus tôt, met un terme à cinq ans de guerre civile et trente ans de guerres religieuses. «Paris vaut bien une messe», lui aurait dit son ami, futur duc de Sully.
Comprenant que la majorité catholique du royaume n’accepterait jamais un souverain protestant, si légitime soit-il, Henri IV avait accepté l’année précédente de se convertir à la foi catholique (sixième et dernière de ses conversions !). Les catholiques modérés avaient alors manifesté leur lassitude de la guerre et leur souhait d’un compromis.
Le 22 février, Henri IV s’est fait sacrer à Chartres (faute de pouvoir se rendre à Reims, lieu traditionnel des sacres, aux mains des ligueurs). Là-dessus, ses troupes, qui assiègent Paris depuis plusieurs années, accordent une trêve de dix jours aux habitants, qui en profitent pour goûter le bonheur des escapades à la campagne. Leur aspiration à la paix n’en devient que plus grande.
Enfin, à la suite de tractations secrètes et sur la base de promesses sonnantes et trébuchantes, le roi obtient du gouverneur de la ville de Paris qu’il lui ouvre les portes de la capitale. Dans la nuit du 21 au 22 mars, le gouverneur fait dégager les hauts talus qui défendent l’accès de la porte Neuve et de la porte Saint-Denis. À l’aube, les troupes royales entrent ainsi dans la capitale, enseignes déployées et tambours battants, conduites par le roi en pourpoint de satin blanc. Sur son passage, le peuple à genoux crie : « La paix ! La paix ! ».
Le roi se rend à l’hôpital et selon la tradition capétienne, touche les malades des écrouelles. Au total plusieurs centaines ! Ce rite contribue à renforcer sa légitimité. L’après-midi même, les 4 000 mercenaires du roi d’Espagne Philippe II, venus prêter main-forte aux ligueurs catholiques, prennent le chemin du retour. Encouragés par l’indulgence du roi et ses généreux subsides, ses ennemis se rallient sans difficulté. Le comte de Brissac, gouverneur de Paris, sera récompensé par la somme colossale de 1,695 millions de livres et la dignité de maréchal.
Quelques années après, à Lannion, beaucoup attendaient devant Servel qu’on leur ouvrit les portes. Quand le porteur de clé se présenta enfin, tous se rallièrent à son panache. La soirée se déroula avec douceur jusqu’à ce qu’au bout de la nuit, les bourgeois encore présents reçurent incommodité en la personne du bâtiment, qui fut molesté par de jeunes désoeuvrés. On fit venir la maréchaussée, et elle vint. Les ligueurs prirent alors dans l’ombre le chemin du retour.
Table 1, dite « Une guerre fort civile » : dans l’immense salle de réception, seulement deux joueurs, mais quels joueurs: Julien-de-Paimpol et Benjamin, et quel jeu: s’y déployait en majesté Warhammer 40 000 – un univers peuplé de figurines comme tout droit sorties de Mad Max. D’un côté, beaucoup de troupes peu puissantes, de l’autre des effectifs en petit nombre mais bien entraînés. La ruse de Julien a eu raison de la force de Benjamin.
Table 2, dite « Conversion salutaire » : au contraire, dans l’espace exigu de l’aquarium, se pressait une myriade d’enquêteurs au chevet d’une nouvelle affaire de Sherlock Holmes: Détective conseil. Pour résoudre le cas du Colonel en retraite, la fine équipe visita pas moins de 12 lieux. Mais on y buvait aussi des boissons acides, un rhum vénérable, on s’empiffrait qui de bonbons chargés en glucose et d’une pointe d’arôme de radis, qui de hamburgers, on pianotait sur son smartphone, on parlait de tout et de rien. A la table des fins limiers, pas d’uniformes, on vient comme on est. Heureusement, certains poussèrent la réflexion un peu plus loin que le bouchon et, se convertissant subito de noceurs en penseurs, découvrirent grosso modo les ressorts de l’intrigue. Le score de 60 couronna leur très honorable prestation.
Table 3, dite « Trésor de guerre » : à L’île au trésor c’est la St-Nicolas en mars, puisque Neox et le Doc enquillent chacun une victoire, sous l’œil médusé de Olivier L, Maxime, et Xel.
Table 4, dite « Pas très catholique » : Olive, Jack, Mickaël, Armand et Tristan s’attablent autour de Terraforming mars – du bon gros jeu comme on les aime, et avec des gens sérieux qui plus est. C’est Mickaël qui l’emporte 69 à 66 devant Tristan. Le nombre de la bête se cache dans ce score pas très catholique, et c’est tout sauf un hasard: les réformés assimilaient le pape, « vicaire du Fils de Dieu » (Vicarius Filii Dei), au nombre de la Bête, selon le calcul : VICarIUs fILII DeI = 5 + 1 + 100 + 1 + 5 + 1 + 50 + 1 + 1 + 500 + 1 = 666 !
Table 5, dite « Incommodité en sa personne » : Pour finir, nous découvrons Greenville 1989 – un jeu coopératif narratif et d’horreur aux petits accents de Mysterium, où votre modeste narrateur fit office de bouc émissaire, malgré son imagination débordante, et sortit de table quelque peu incommodé. On a donc tous perdu mais on rejouera, c’est promis car l’horreur peut aussi, sachez-le, engendrer le rire.
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