Le 4 juin 1958, du balcon du Gouvernement Général d’Alger, le général de Gaulle lance à la foule : « Je vous ai compris. Je sais ce qui s’est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c’est celle de la rénovation et de la fraternité. Eh bien ! de tout cela, je prends acte au nom de la France, et je déclare qu’à partir d’aujourd’hui, la France considère que dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs… »
Ce cri va semer d’amères illusions chez les Français d’Algérie, ceux-là mêmes qui ont ramené de Gaulle au pouvoir le 13 mai 1958. Sans prendre aucun engagement concret, le général les laisse croire à sa résolution de conserver l’Algérie à la France.
Aujourd’hui, ces quatre mots : « Je vous ai compris », sont devenus pour beaucoup de Français le modèle du cynisme en politique. A Parties Civiles, certains en usent aussi, on le verra.
Table 1, dite « La journée des dupes » : c’est à une expédition en terres américaines que quatre actionnaires sans scrupules se préparent: à Chicago express on manœuvre des trains, espérant les mener jusqu’à Chicago, mais surtout on achète les actions de leurs compagnies, afin de toucher leurs plantureux dividendes. C’est donc le genre de jeu, où, comme le dit la pub, il s’agit moins de miser sur soi-même que de parier sur le meilleur. Le capitalisme ainsi esquissé est trompeur, car les actions des compagnies valent 0 à la fin: on les achète, aux enchères et parfois fort cher, mais il faut compter uniquement sur les revenus qu’elles vont générer pour se rembourser. Dans ce type de placement qui tient plus du fonds vautour que du père de famille, le cynisme a toute sa place pour faire monter les enchères sans vouloir vraiment acheter, et le timing est essentiel. Ce fut la tactique suivie par votre serviteur, qui n’acheta que trois actions, mais à un prix correct, et faisant miroiter de juteux revenus à des acheteurs crédules, avant de mettre fin abruptement à la partie, les privant d’un ultime dividende. Cette technique de petit voyou m’offrit une victoire sans bavure avec 192 $, devant Thomas, 172 $, Dom, 163 $, et enfin Xof, 146 $.
Table 2, dite « Les derniers seront les premiers » : Xel, F-R, Olivier3, Benjamin et Vincent sortent Flamme rouge. Un jeu où il vaut mieux parfois sucer des roues qu’avaler des moustiques. Pour connaître le vainqueur, n’oubliez pas que la valeur n’attend pas le nombre des années.
Table 3, dite « Chute du premier étage » : les protagonistes de la table 2 montent désormais dans le Zombie bus. Du premier étage ils avaient, comme de Gaulle, belle vue sur la foule, mais, comme lui, n’échappèrent pas à leur destin de mortels. On espère quand même qu’ils auront compris.
Le 26 février 1908 naissait Frederick « Tex » Avery. Entre 1935 et 1955, il va laisser une empreinte inoubliable dans l’art du dessin animé en créant des personnages comme Bugs Bunny, Daffy Duck et Droopy, en imaginant des univers délirants et en jouant avec les limites du medium. Dans des chefs d’œuvre comme ceux mettant en scène le petit chaperon rouge et le loup, il recourt fréquemment à des animaux, développe un humour personnel et joue avec les limites de l’érotisme acceptées à l’époque. Tout à l’opposé des production de Walt Disney. Pile 111 ans plus tard, nous avons eu une pensée pour ce créateur de génie.
Table 1, dite « You know what ? … I am happy » : François attire à sa table Thibault, un novice, et Benjamin, un débutant à Innovation (Olive ayant poliment décliné). Une partie en 1h pour une soirée pas trop longue a priori. Mais c’est oublier, comme cela a été remarqué récemment, qu’à ce jeu aucune partie ne se ressemble et, tant que ce n’est pas la fin, tout est possible. La partie de ce soir dura plus de 2h30 et fut l’illustration idéale de ces deux prédicats.
Mieux, ce fut une partie historique par ses incroyables rebondissements, qui montra à merveille combien les stratégies à ce jeu peuvent être tortueuses. En effet, François, parti sur un petit deck de cartes, le vit rétrécir à vue d’œil au fil des tours, mais, ce faisant, accumulait les dominations grâce à quelques coups tordus, notamment un usage presque abusif du Code des pirates, et plus généralement de cartes couronnées, la seule ressource qu’il domina avec brièvement les châteaux au début. A l’inverse, Benjamin étalait un deck pharaonique, mais zéro domination, sauf celle de civilisation où il faut avoir au moins trois fois chaque ressources, c’est dire si ça débordait. Quant à Thibault, il faisait quelques bons coups, de jolies dominations, et un gros stock d’influence que Benjamin s’employa méthodiquement à détruire, entraînant des mesures de rétorsion immédiate, on se croyait dans la guerre commerciale Chine-USA qui fait rage en ce moment (ou qui fait semblant de, la politique est aussi un jeu de rôle, mais je m’égare).
On en arriva donc à ce point de la partie où Thibault avait 4 dominations, François également, et Benjamin, qui s’était rattrapé sur le tard, 3 dominations. Problème: tous les âges de 1 à 9 avaient été dominés ! « Que faire ? » se demanda Thibault, à l’instar de Lénine. Jouer la carte Fission lui apparut la bonne solution ; et comme Lénine, il vit rouge : armageddon nucléaire il y eut, et donc tous les decks, toutes les influences, toutes les mains partirent en fumée ! Retour à la case zéro avec un scénario inédit : plus aucun âge à dominer ! Il fallait donc ruser pour dominer une civilisation, et, scénario jamais vu, sans trop se préoccuper de l’influence. Ce match dans le match qu’on anticipait long fut en définitive plutôt court. C’est François, qui, dans le money time, mit fin aux hostilités avec un superbe plateau garni de couronnes et la carte qui stipule que dans ce cas, vous gagnez. On vit donc François Ier (dit « le modeste »), et rarement dans l’histoire tête couronnée porta mieux ce nom !
Table 2, dite « What’s up Doc ? » : Neox, Xel, DocNico et VHN prennent place autour de CO2 second chance, la v2 d’un jeu de gestion de Vital Lacerda qui offre un mode aussi bien compétitif que coopératif. Le thème? satisfaire la soif d’énergie de l’humanité sans la griller trop vite en déployant des centrales électriques renouvelables plutôt que du charbon, du gaz ou du fioul (le jeu propage ainsi le vision erronée que c’est la production d’électricité qui est le principal enjeu du changement climatique alors qu’elle ne représente qu’environ 1/3 des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie, qui elles-mêmes ne représentent qu’environ 70% des émissions globales de gaz à effet de serre, fin de la parenthèse-sermon). En tous cas, avec plus de 22°C un 27 février à Lannion, on est pile dans le thème.
Après explication des règles, on se lance dans la construction de centrales et l’acquisition de connaissances, la partie se déroulant en 4 décennies. Las, dès la fin de la première, l’équipe découvre qu’elle n’a pas réussi à avoir au moins 0 PV, condition éliminatoire. Bon, un oubli de règle qui donnait un petit bonus et qui aurait probablement évité cet échec prématuré doit être mentionné. Xel jette l’éponge et les trois restants relancent une partie qui cette fois va à son terme. Malheureusement les conditions de la victoire finale sont cumulatives :
maintenir la concentration de CO2 à moins de 500 ppm : FAIT
finir avec au moins 0 PV : FAIT
réaliser au moins 1 des 2 objectifs secrets de chaque joueur : FAIT
réaliser au moins 3 sur 6 des objectifs collectifs : nous les avions un peu perdus de vue et la dernière décennie n’a pas permis de réaliser le bon portefeuille de projets
Le deuxième essai se termine donc encore mal. Les mécaniques du jeu ne sont pas très compliquées ; il faut bien planifier qui va faire quoi, mais les objectifs individuels (qu’on ne peut révéler) viennent mettre de la friction dans la progression du groupe.
Table 3, dite « Petit chaperon rouge » : François-René, Axel, Olive et Tristan disputent successivement des parties de : Seasons (Axel domine avec une combo scandaleuse), Flamme Rouge (Olive innove par une tactique audacieuse mais malheureuse consistant à sprinter dès le début de l’étape. François-René tel un grand loup émoustillé monte progressivement en régime et coiffe les autres coureurs sur la ligne d’arrivée) et Zombie bus (2 sessions de ce jeu coopératif : dans la première, Axel parvient à s’enfuir, abandonnant les adolescentes à leur funeste destin et gagnant la partie. Dans la seconde, l’équipe perd collectivement).
Table 1, dite « Chewbaccienne » : les deux vétérans Xof (Empire) et Jack (Rébellion) s’affrontent à Star Wars Legion. Avec qui la Force fut-elle ?
Table 2, dite « Entraînante » : encore plus de m2 et de figurines pour l’équipe de Warhammer-40k, Baptiste, Julien, Vincent-Tempest et Steven. En mode entraînement en vue de tournois prochains. Chacun pour soi mais qui a triomphé ?
Table 3, dite « Aimé Jacquienne » : la Sherlock-team est de retour avec un changement noté sur la feuille de match (Camille à la place de François). Troisième soirée à explorer les enfilades labyrinthiques de Carlton House à l’occasion d’une soirée mondaine. Oui mais le bling-bling des ultra-riches (inviter Beyoncé à se produire au bal de début de sa grande fille, on n’a pas idée !) leur a joué des tours et il nous incomba de faire la lumière sur cette triste soirée.
On retiendra que le collectif, prenant des notes sur son petit carnet, plus discipliné que la fois précédente mais toujours dans une joyeuse ambiance, a bien assuré. Des contributions diverses alliées à la mémoire du groupe ont permis de reconstituer avec précision l’affaire principale, à l’exception d’une erreur de personne faute d’une analyse suffisamment poussée de la liste des invités (ben oui, avec à la table une pleureuse castratrice qui chouine sur le coût de chaque visite…). Et pour la suite il faudra aussi éviter de voir des Sherlocks partout ! Mais avec 55 points, l’équipe rentre au vestiaire la tête haute.
Table 4, dite « Indigeste » : Tristan, Olive et DocNico voulaient jouer à Wildcatters mais ils n’étaient que trois, ils jouèrent donc à Yokohama. Le Doc s’avère un peu trop gourmand : en hôte accompli, il préfère faire visiter les diverses possibilités du jeu plutôt que précipiter la fin de la partie. Mal lui en prend, Tristan en profite pour se glisser devant au tableau des points. Celui là, il faut toujours le surveiller comme le lait sur le feu.
Table 5, dite « Emerveillée » : quelques addicts du Kickstarter, Nicolas-le-Président, Mickaël et OlivierL, découvrent ensemble et avec ravissement une livraison récente, Claustrophobia 1643. Ils arrivent même à le transformer en jeu à trois. Nous feront-ils connaître comment finit leur soirée ?
Table 6, dite « Initiatique » : Nicolas-2 emmène Vivien et Yann (un nouveau venu) voir les merveilles de 7 Wonders. Il sont suffisamment enchantés pour rejouer immédiatement, avec successivement N2 puis Yann au Panthéon.
Table 7, dite « Mordante » : une petite dernière nocturne pour F-R, Nourdine, ThomasC et ??? qui doivent protéger les pom-pom girls de Zombie Bus (présenté comme « un jeu coopératif avec un gagnant »).