Séance de MARDI 26/03/2019 à Servel

Le 26 mars 1811, des tisserands britanniques s’insurgeaient contre leurs conditions de travail en brisant les métiers mécaniques de leurs usines. Une révolte qui dévoile l’autre visage de la technologie.

La gigantesque augmentation de la productivité agricole que vit la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle fournit à certaines familles paysannes la prospérité nécessaire pour disposer d’un métier à tisser à domicile et ainsi compléter leurs revenus précaires. Cependant, les innovations techniques qui permettent cet accroissement de la production provoquent également une perte de travail pour de nombreux paysans, qui émigrent alors vers les villes en perpétuelle expansion. Là-bas, ouvriers qualifiés et apprentis qui travaillent dans les ateliers et commerces urbains voient se remplir les faubourgs d’une nuée de paysans expulsés en quête de travail…

Dans ces zones urbaines, les gens s’arrachent les livres de radicaux tels que Thomas Paine, témoignant même de la sympathie pour les Jacobins qui ont pris la tête de la Révolution française. En 1794, l’accroissement de la tension politique et sociale pousse le gouvernement à suspendre l’Habeas corpus, la loi garantissant la liberté juridique individuelle fondamentale des détenus. Cinq ans plus tard, les Combination Acts interdisent les associations de travailleurs, ce qui rend impossible les négociations collectives. Le conflit entre ouvriers et employeurs ne tarde pas à éclater, appuyé par un État redoutant l’union du radicalisme politique et des revendications en matière de travail.

Certains artisans et paysans qui ont pu acheter une machine ont réussi à accumuler un petit excédent de capital et l’investissent dans l’industrie naissante, acquérant de nouvelles machines. La concurrence entre ces premiers industriels pousse à la course à l’innovation, afin de produire toujours plus vite et moins cher. Cette demande provoque une cascade d’inventions multipliant la capacité de production, notamment avec l’utilisation de la machine à vapeur. Ce qui déclenche l’hostilité des fileurs et des tisserands, car elle réduit le besoin en main d’œuvre.

Déjà en 1778, dans le Lancashire, des artisans avaient détruit des métiers à tisser mécaniques, parce qu’ils faisaient baisser leurs salaires et dévaluaient leurs qualifications. Ces artisans voient leur savoir-faire durement acquis ne plus servir à rien face à la concurrence des machines. Ils s’entassent dans les usines, sous le joug des contremaîtres, soumis à des règlements stricts et à des punitions sévères en cas d’infraction, ainsi qu’au contrôle du temps marqué par la sirène de l’usine et au rythme bruyant de la machine.

C’est dans ces conditions qu’éclate le conflit. Tout commence à Arnold, un village près de Nottingham, la principale ville manufacturière du centre de l’Angleterre. Le 11 mars, sur la place du marché, les soldats du roi dispersent une réunion d’ouvriers au chômage. Cette même nuit, une centaine de machines sont détruites à coups de masse dans les usines qui ont baissé les salaires. Il s’agit de réactions collectives, spontanées et dispersées, mais qui ne tardent pas à acquérir une certaine cohésion. En novembre, des hommes en masque brandissant masses, marteaux et haches, détruisent plusieurs métiers à tisser du manufacturier Hollingsworth. Lors de l’attaque, une fusillade éclate, un tisserand perd la vie. La présence des forces militaires empêche l’embrasement de la région, mais l’orage gronde.

C’est alors que les manufacturiers commencent à recevoir de mystérieuses missives, signées par un certain Général Ludd. Ce personnage imaginaire donne son nom à un mouvement de protestation qui, sans être centralisé, est bien le fruit d’efforts coordonnés, peut-être suggérés par d’anciens soldats qui, en plus de lettres anonymes menaçantes et de tracts appelant à l’insurrection, organisent aussi des expéditions punitives nocturnes.

Le 12 avril, la première destruction d’une usine se produit, lorsque 300 ouvriers attaquent la filature de William Cartwright, et détruisent ses métiers à tisser à coups de masse. La petite garnison chargée de défendre le bâtiment blesse deux jeunes contestataires, qui sont capturés et meurent sans révéler le nom de leurs compagnons. En février 1812, le Parlement approuve la Frame-Breaking Bill, qui inflige la peine de mort à toute personne détruisant un métier à tisser. L’opposition est minime. Lord Byron, dans le seul discours qu’il prononcera à la chambre des Lords, demande : « N’y a-t-il pas assez de sang dans votre Code pénal ? »

La répression se poursuit : 14 exécutions ont lieu et 13 personnes sont déportées en Australie. Pourtant, cette main de fer n’arrête pas les luddites, au point que 12 000 soldats sont réquisitionnés pour les pourchasser, alors que seuls 10 000 Britanniques luttent contre Napoléon sur le continent. Cela montre non seulement la terreur que les luddites inspirent aux classes dominantes, mais aussi les dimensions que prend cette « guerre civile » entre le capitalisme montant, qui repose sur l’industrie, la discipline au travail et la libre concurrence, et les luddites, qui revendiquent prix justes, salaire convenable et qualité du travail.

En dénonçant l’accroissement du rythme du travail qui les enchaîne aux machines, les luddites dévoilent l’autre visage de la technologie. Ils remettent en question le progrès technique d’un point de vue moral, défendant la coopération contre la concurrence, l’éthique face au bénéfice: ils ne renient pas toute technologie par une résistance obtuse au changement, mais uniquement celle qui s’en prend au peuple. Ainsi leurs attaques sont-elles ciblées : ils brisent les machines qui appartiennent à des patrons qui produisent des objets de mauvaise qualité, à bas prix et avec les pires salaires. Vus sous cet angle, les luddites peuvent être considérés comme pionniers d’un mouvement historique réclamant une utilisation de la technologie en accord avec les besoins humains.

La répression du gouvernement connaît son paroxysme lors d’un spectaculaire procès qui se déroule à York en janvier 1813. L’exécution de 17 luddites y est prononcée. Quelques mois plus tôt, une série de procès à Lancaster s’était soldée par 8 pendaisons et 17 déportations en Tasmanie. Les peines très lourdes et la reprise économique qui se profile avec la fin des guerres napoléoniennes étouffent le mouvement luddite en 1816. Mais sa tragédie soulève une question inquiétante : jusqu’à quel extrême doit conduire le progrès ?

Le chef des luddites, gravure anonyme publiée en 1812
Le général Ludd

Les luddites doivent leur nom au Général Ludd, un personnage qui aurait signé les lettres de menaces que les manufacturiers ont commencé à recevoir en 1811. Il semble que ce nom soit celui d’un apprenti faiseur de bas de Leicester, Ned Luddlam, qui a détruit à coups de marteau le métier de son maître en 1779. Les leaders anonymes qui organisent les premières protestations dans la région de Nottingham lui empruntent son nom et signent avec lui les missives qu’ils envoient aux patrons. Ils voulaient créer une figure emblématique, capable d’inspirer la terreur à leurs riches et puissants ennemis.

208 ans après, il semble qu’on n’en ait toujours pas fini avec la fronde sociale.

Table 1, dite « Contremaître et apprenti » : un casting de fond de frigo, pauvre par le nombre mais riche par l’expérience, réunit à Pueblo un contremaître, Dom qui, avec 65, fait la leçon à son apprenti (François-René, 49).

Table 2, dite « Guerre fort civile » : à Heroes of Normandie on revisite la deuxième guerre mondiale. Dans cette guerre fort civile, Baptiste l’américain (8) a pris le pas sur Xel, nationale-socialiste d’un soir (2), et c’est fort bien ainsi.

Table 3, dite « L’ouvrage sur le métier » : à Peloponnes, un jeu doté d’un mécanisme retors (on score de deux façons, et le score final retenu est le moins bon des deux), Tristan et Olive (12) ont vite déchanté, tandis que votre serviteur se voyait vainqueur. Mais, avec 20 points de prestige, il fut devancé par Nicolas II qui termina à la tête d’une spectaculaire collection d’amphores et l’emporta avec 25. Une victoire au métier qui nous incite à nous remettre à l’ouvrage.

Table 4, dite « Grenier de l’histoire » : pour finir, un Timeline réunit plusieurs des survivants des tables d’avant. On y joua en mode « expert », en tous cas contre les règles, comme le remarqua Tristan, en ne défaussant pas les cartes mal placées. Du coup, on a moins le choix dans la date, et, à 5, la ligne du temps s’étale démesurément au point de faire craindre que la partie n’ait pas d’issue. C’est pourtant l’inverse qui se produisit, Xel réussissant à trouver son chemin dans le grenier de l’histoire.

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Séance de MARDI 28/03/2017 à St-Elivet

Ce soir, nous fêtions l’anniversaire de Stefani Joanne Angelina Germanotta, plus connue sous son nom de scène Lady Gaga, et dont les hits nous serviront de fil rouge pour la description de tables auxquelles ils s’adaptent comme un gant, on le verra. Rouge est d’ailleurs la couleur d’une robe célèbre qu’elle osa porter, malgré sa matière non conventionnelle. Elle aurait pu s’en vêtir ce soir pour être sur son 31, car tel est aussi son jeune âge.

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A St-Elivet, avant les plats de résistance, on fit dans le soft en célébrant l’événement par une partie inaugurale de Looping Louis qui enchanta tant grands et petits (ils se reconnaîtront) qu’ils en sortirent complètement gagas.

Table 1, dite « The fame monster » : L’album The fame monster, avec sa pochette de style gothique photographiée par Hedi Slimane, traite de la facette sombre de la célébrité que Gaga a vécue lors de sa tournée The Fame Ball Tour. Chaque piste incarne un monstre qui est une métaphore pour représenter une peur, ce qui sied parfaitement à cette table de Waling Dead: all out war où François-René, Neox, Jacques, Doc Nicolas, Nourdine et Florian ont revisité l’univers du célèbre comix. Florian et le Doc n’en sont pas sortis indemnes, et les autres marchent encore à l’ombre.

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Table 2, dite « Anything goes » : dans Anything goes, un courtier à Wall Street s’embarque clandestinement sur un navire faisant la liaison New York – Londres, dans l’espoir d’y retrouver une jeune femme dont il est amoureux. Moins romantique, cette table vit quatre mâles tirer des rails et bâtir des gares, seule présence féminine du jeu si l’on peut dire, et qui fut d’ailleurs la cause de la fin de partie. A Trains, jeu de deck building classique avec un petit côté Age of steam, pour ses ramifications en réseau, c’est donc Dom qui déboula en mode TGV (35), votre modeste narrateur suivant en express (29), Julien de Lannion en TER (25), tandis que Jean-Yves suivit l’équipée depuis sa draisine (16).

Table 3, dite « Cheek to cheek » : Serrés joue contre joue dans l’étroit habitacle d’un sous-marin, Wilfrid, Xel, Paul, Alwen, Guillaume, Ulrich, Sophie et Nicolas II déroulent le scénario de Novembre rouge. L’embarcation sombra comme de juste, mais deux scaphandriers, les deux derniers passagers cités en l’occurrence, prirent la tangente avant l’issue fatale !

Table 4, dite « Perfect illusion » : A cette table de Concept, l’illusion de la vérité était permanente entre les protagonistes de la table 2, rejoints nuitamment par New Jack et Élisabeth. C’est Dom encore qui s’adjugea cette partie, malgré les inspirations remarquées de Julien.

Table 5, dite « Born this way » : « C’est venu si rapidement. J’ai travaillé sur cet ouvrage pendant des mois, et je sens désormais qu’il est terminé. Certains artistes prennent des années à créer un album. Ce n’est pas mon cas. J’écris de la musique tous les jours ». Ainsi s’exprimait Lady Gaga à propos de son album Born this way.  De quoi illustrer la relativité du temps, que n’auraient renié ni Einstein ni les acteurs de cette table de Timeline. François-René, Neox et Jacques ont gagné successivement trois manches, reléguant à chaque fois Doc Nicolas dans le rôle du patient en salle d’attente.

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Séance de VENDREDI à Ti Koad 24/04

Séance racontée par François :

Table 1 dite « homicides »
Xel, FR, Mks, Nicolas et un jeune futur cotisant de PC, se lancent dans un BSG. Les cylons l’emportent, menés par Michal, double cylon et président à la fois: c’en était trop pour les humains.
Table 2 dire « chronique d’une mort annoncée »
Hélène et Baptiste convient VHS à rejoindre La cité des voleurs, un jeu aimable où il s’agit bien sûr de voler des trésors en échappant aux forces de l’ordre, et surtout aux autres voleurs. Il faut également parvenir à monnayer ses larcins, et, last but not least, sortir indemne de cette fameuse cité ! Alors que je volais vers la victoire, Baptiste, sur les retors conseils d’Hélène, initia une manoeuvre destructrice consistant à me priver de la carte qui me ferait gagner à coup sur. Il s’adjugea donc la première place avec 55 doublons, et je ne pus que le talonner à 49.
Table 3, dite « pendule ensanglantée »
Julien Audrey, Joanne & Mickaël massacrent la chronologie de Timeline. L’histoire ne dit pas qui ressortit des couloirs du temps. Le forum vous l’apprendra peut-être…
Table 4 dite « lemmingicide »
FR, Xel, Audrey, Nicolas, Dominique et VHS se lancent dans l’univers sordide de Lemming mafia. Il s’agit d’une course de lemmings mafieux, sur lequel chacun prend des paris chez les bookmakers, bien sûr secrets, et doit remplir des objectifs tout aussi secrets, comme par exemple: « le lemming rouge et/ou bleu ne doivent pas sortir vivants ». FR tire son épingle de ce jeu qu’il remporte, égayant la partie de petites blagues qu’on s’abstiendra de narrer ici. Pour ma part, je m’évertuai à faire triompher un lemming sans bloc de béton aux pieds. La tâche était ardue mais il ne tint qu’à un jeu de dé final qu’elle ne soit remplie.
Table 5 dire « mortel chaos »
Difficile d’imaginer jeu plus chaotique que Sang rancune à six. A ce jeu, vous allez faire 9 rencontres monstrueuses. Chaque monstre à un certain nombre de points de vie et un pouvoir spécial. En général ce pouvoir est en rapport avec les coups que vous allez recevoir si à la fin d’un tour elle n’est pas passée de vie à trépas. Surtout, les joueurs ont des cartes spéciales qui permettent de contrecarrer les attaques. Dominique (grand maître des cartes spéciales), Hélène, Baptiste, Audrey, Jérôme et VHS se lancent dans l’aventure, interminable, et qui prit fin sur une controverse relative aux règles applicables à la mort du dernier monstre, sur laquelle les spécialistes planchent encore. Hélène ou Jérôme sortit vainqueur, c’est selon.
Table 6, dite « train d’enfer »
Cette table réunit plusieurs Aventuriers du rail, qui se reconnaîtront. Quand on prend le train, une catastrophe ferroviaire n’est jamais à exclure.

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Séance de VENDREDI à Ti Koad 17/04

Séance racontée par François :

Beaucoup de monde à Ti Koad en cette soirée printanière. Tellement de monde que je ne saurais tous les citer. Je peux cependant vous dire que par une mystérieuse conjoncture astrale, toutes ces parties furent remportées par des dames, sauf une, pour une raison facile à deviner: elle n’était composée que de messieurs.

Table 1 dite « working girl »
A Brass, Xel devance d’une boule de coton Jeff. Thomas suit derrière et VHS termine non classé car il oublia de compter ses points à la fin.

Table 2 dite « une femme disparaît (voire plusieurs) »
Michal, dans le costume de Jack l’éventreur, perd à son tout dernier mouvement cette partie de Lettres de Whitechapel. Contre lui, un homme et une femme, qui se reconnaîtront.

Table 3 dite « gone girl »
Audrey maîtrise les couloirs du temps pour remporter une partie de Timeline, devançant Mickaël, Joanne & Co.

Table 4 dite « et Dieu créa la femme »
Cette table présidentielle autant que masculine ne livra pas ses secrets avant l’heure du bouclage. On y parla alchimie et combinaisons de substances aux étranges pouvoirs. Peut-être le vainqueur en fut-il fait femme ?

Table 5 dite « une femme sous influence »
Hélène mate François-René et consorts dans un opus de Game of thrones.

Table 6, dite « portait de groupe avec dames »
Audrey remporte un Level Up de fin de soirée qui réunit Xel, François-René, VHS, Thomas et Nicolas.

Bonus par David :

En ce soir de forte affluence, pas moins de six tables avec du cube, du trône de fer, et du jeu en réalité augmentée. D’autres vous apporteront toutes les précisions utiles. Laissez-moi m’attarder sur la table du coin à droite en entrant.

À cette table, l’événement de la soirée (si) ; Marine, ex-sociétaire ludique de Rennes, membre remarquable du monde associatif de la région, et pilier de Scorfel depuis deux ans fait à Parties Civiles l’honneur de sa présence. Et nous, Audrey, Dom et moi-même, d’en profiter pour explorer la prometteuse pile de boîtes colorées qu’elle apportait pour l’occasion.

Nous commençons donc avec une partie de Gaïa, coup de cœur de notre invitée d’honneur lors d’une visite à Essen. Gaia est un jeu rapide et aux mécanismes simples ; posez des tuiles de terrain, bâtissez des villes, soyez le premier à placer tous vos meeples. Les règles sont expliquées en quelques minutes, et la première partie est emportée presque aussi rapidement par… Dom. Je ne peux que répéter ce que j’ai déjà pu écrire en commentaire d’une soirée passée ; ne jouez avec Dom que si vous aimez être humilié de manière propre et efficace.

Marine remet toutefois les pendules à l’heure en gagnant la seconde manche. Nous continuons sur les jeux simples avec une partie de Yucata, un jeu de piste et de deck où il faut faire la course intelligemment pour ramasser les pierres qui rapportent des points et éviter les autres. Cette fois, c’est VHN qui part premier et s’arroge la première la place.

Désireux de partir tôt, j’abandonnais là, après un tour de salle curieux, la foule absorbée dans ses cartes et ses figurines. Nulle doute que la soirée a duré bien plus longtemps et produit bien d’autres événements encore. Merci à Marine, à une prochaine j’espère.

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