2 tables et 2 lieux pour une des dernières séances estivales hors locaux de St-Elivet.
Table n°1 dite « Partie Civilisée » …
… avec Xel, Eliza, François et Michal à Kerguntuil autour d’un Civilization. Le compte-rendu fut produit par François :
En cette année de célébration du centième anniversaire de la disparition d’Henri Poincaré, il n’est pas inutile de rappeler en préambule que cet illustre mathématicien français est également l’inventeur de l’attracteur l’étrange, qui donne des informations sur les solutions du problème des trois corps, alors même qu’il est impossible d’expliciter ces solutions. Poincaré trouva que trois corps obéissant à la gravitation universelle de Newton ont, sous certaines conditions, une trajectoire qui dépend fortement de la condition initiale. Ainsi, on ne pourra jamais déterminer avec exactitude le destin de ces corps, car la moindre perturbation dans ses mesures entraînerait irrémédiablement une forte différence de trajectoire.
En ce vendredi soir d’été à Kerguntuil, une expérience eut lieu pour infirmer cette conjecture, Michal étant à la manoeuvre. En effet, les civilisations furent tirées au sort: Eliza hérita des américains, Xel des indiens, VHS des chinois, et Michal des arabes. Trouvant ce peuple trop puissant, notre hôte condescendit à l’échanger pour la civilisation moins aboutie des romains. Cela ne l’empêcha pas de partir bille en tête, construisant rapidement une deuxième puis une troisième ville, s’équipant de bottes de sept lieues lui permettant d’effectuer des trajets au long cours, tout en nageant allègrement dans les rivières. La technologie romaine se développa à grandes enjambées et son commerce florissait. Constatant son commerce au zénith, les trois corps tentaient de former une alliance improbable à coups de cartes annulation – autant dire des piqûres de moustique dans une carapace de l’éléphant d’Hannibal. La Chine, protégée derrière sa grande muraille, faisait sa révolution culturelle et grimpait sur son échelle. Le romain feint d’y voir une menace et prit prétexte du maigre butin de ressources amassées par l’oriental lors de quelques conquêtes victorieuses pour attaquer son colon, alors même que celui-ci était voué à construire une troisième ville pour aggrandir l’empire du milieu sur ses bords. Cet assaut fut fatal au mandarin, dont les bataillons réduits à peau de chagrin ne suffisaient plus à entretenir l’empire, d’autant que ses merveilles péniblement amasées étaient détruites à coups de boutoir par un voisin indien belliqueux qui s’était fort éloigné des préceptes de son guide spirituel pacifiste (peut-être sous l’effet de bataillons perdus dans de vaines conquêtes de village). L’américain, comme seul au monde, pratiquait l’urbanisation galopante et s’occupait fort à scruter le désert des tartares pour se protéger d’une invasion de son voisin romain – qui ne vint bien sûr jamais. Le lettré chinois fut donc rapidement dépassé par le romain sur l’échelle culturelle, mais ce dernier ne s’en tint pas là. Lors de ses derniers coups, il projeta ses forces près de la grande muraille, qu’il consentit cependant à ne point faire l’affront d’attaquer. Sur le point de gagner sur les plans du commerce, du militaire, et de la culture, il s’offrit le luxe de choisir son arme, en l’occurence la culture. Mais les trois corps qui lui étaient opposés avaient depuis longtemps rendu les armes, subissant la dure loi de l’attracteur étrange. Il leur sembla bien que cette issue, finalement, aurait été bien faiblement perturbée par une autre condition initiale.
Table n°2 dite « Le coup de chance des 5 dernières minutes » …
… avec Marie-Anne, Jeff, JiBee, Laurent et Votre Humble Serviteur autour d’un plateau de Funkenschlag. La carte de la Chine fut écartée une fois de plus au profit du Japon, car la volonté générale clama le « nouveau deck » de cartes des centrales, et la Chine avec sa économie planifiée ne supporte pas ce genre de révolution capitaliste. Bref le Japon : carte plus petite que la moyenne : 5 régions (au lieu de 6) avec 5 villes chacune (au lieu de 6). Tous les 5 entrepreneurs en cubenbois ont exprimé leur sentiment d’inconfort sur ce point. Pour contrer cette impression de claustrophobie, les règles laissent les joueurs installer 2 points de départs indépendants de leurs réseaux. Le nouveau deck amena de l’exotisme supplémentaire avec notamment une centrale pouvant alimenter jusqu’à 8 villes et, à l’extrême, le prototype du poêle muni d’une bobine génératrice artisanale à savoir une centrale qui consomme 3 charbons pour alimenter un quartier. C’est elle qui a séduit d’emblée VHS, essentiellement à cause de son faible coût : 1 bourzouf. Par le hasard du tirage, ce sont des centrales écologiques qui sont apparues en grand nombre au début. Cela, plus le fait que les joueurs se sont départagés les monopoles ainsi que la relative lenteur des constructions, fit que le marché des ressources était ridiculement bas, ne sanctionnant que très peu les centrales peu économiques. A ce jeu Marie-Anne s’autoproclama le roi du déchet à brûler, Laurent préféra investir dans l’atome qui au Japon a une côte folle, Jeff utilisait souvent le vent, JiBee était bi-ressource : charbon & pétrole, enfin VHS, après s’être battu âprement pour une centrale éolienne de belle envergure rata d’autres occasions pour améliorer son parc… ce qui le laissa à la traîne mais permit de garder de coté quelques économies. Le dernier tour est pour VHS une succession d’évenements tous opportuns et autant des coups de pouce : « Stuffe 3 » vient de commencer et avec lui le marché étendu, JiBee – comme à son habitude sur la rampe de lancement vers la victoire – achète une « petite centrale » qui le place à 15 villes alimentées, tout comme les autres : Jeff, Marie-Anne et même 16 pour Laurent. VHS qui plafonne à 10, est le dernier dans l’ordre du tour, et espère une centrale à 7 pour rejoindre le peloton. Que dis-je, il prie pour en avoir une… et il y en a deux qui apparaissent de façon miraculeuse sur le marché. Le dieu de Funkenschlag est clément et VHS, qui ne s’en plaint pas, se porte acquéreur d’une d’elles pour rejoindre ainsi le club fermé de ceux qui peuvent alimenter au moins 15 villes. Ayant dormi sur un matelas de poignon il peut se placer dans 5 villes supplémentaires et provoquer la fin du jeu. JiBee et Jeff arrivent à 15 villes aussi, Laurent et Marie-Anne terminent à 14. La victoire se départage à l’argent et le matelas – encore suffisamment épais – donne en dépit de toute attente la victoire à VHS. Cette succession de coups de chance prouve définitivement que Funkenschlag est un jeu de hasard.
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