Le 26 septembre -46 marque la fin de la brève vie de Vercingétorix. Exhibé par Jules César comme trophée, symbole de sa longue campagne militaire en Gaule, en vue de son triomphe à Rome, il était maintenu prisonnier depuis août. Lors du défilé d’un triomphe romain, les chefs vaincus par le général célébré défilaient à la suite des membres du Sénat, et il était d’usage de les exécuter à l’issue de ce triomphe. Vercingétorix est donc exhibé à cette occasion, traîné enchaîné derrière le char de César.
De nombreux historiens s’accordent à considérer la version d’un Vercingétorix humilié et mis au cachot par Rome comme une erreur historique, pensant en réalité que Vercingétorix a vécu ses dernières années dans une villa et non pas un cachot, pour finir exécuté sous la pression du Sénat contre la volonté de Jules César. La culture et la clairvoyance dont faisaient preuve ces deux hommes, et leur probable amitié issue du temps où le chef arverne guerroyait avec le chef romain en attesteraient (Vercingétorix serait, selon cette thèse, un Gaulois tiraillé par son passé d’ancien officier de César qui finit par se révolter).
La version classique telle qu’enseignée jadis dans les manuels scolaires reprend quant à elle la théorie d’une lente agonie dans un cul de basse-fosse, voulant qu’il soit garroté dans sa prison dans l’anonymat le plus complet, son corps étant par la suite exposé publiquement dans l’escalier des Gémonies avant d’être jeté dans le Tibre.
Quelques années plus tard, à St-Elivet, l’empire romain fit l’objet d’une longue bataille dans une soirée où il fut aussi question de rois, de poilus et de merveilles. Une soirée belle comme l’antique et à la mesure du « chef suprême des guerriers », selon la signification attitrée du nom du grand chef gaulois.
Table 1, dite « Un travail de romain » : c’est avec une gourmandise non dissimulée que Doc Nicolas fait sous nos yeux sauter le pucelage d’un Concordia tout neuf, dont il nous fait lecture des règles. Si le plateau de jeu est imposant et de belle qualité, annonçant un jeu complexe, les règles sont en fait très bien construites et s’appréhendent sans difficulté. Le jeu lui-même suscite l’adhésion et même l’enthousiasme des participants, par la qualité de son iconographie, la richesse de ses mécanismes et de ses interactions, et le suspense insoutenable qui le tend, l’issue de la partie étant le point d’orgue du jeu mais non sa fin, car il est quasiment impossible d’en prévoir le vainqueur avant le décompte final.
En effet, ce décompte prend en compte les ressources (brique, blé, vin, outils), les sesterces, les villas, les régions colonisées, les armées et flottes déployées, mais aussi, voire surtout, l’influence des Dieux, qui permet de booster certains postes (au départ, tout le monde a les même Dieux, mais il est possible de s’en attirer les faveurs au marché). Par exemple, grâce à mes 5 Jupiter et mes quinze villas (dont 3 en briques, absentes de ce décompte), j’engrangeai pas moins de 60 points sur ce poste.
Jupiter, Dieu à la mode, allait-il me porter vers la victoire ? Non, car en face, Thibault déploya 2 Minerve, qui, associées à des villes judicieusement exploitées, lui rapportèrent 33 points quand je n’en avais que 18. Un vrai travail de romain pour construire toutes ces villas adaptées aux ressources de ses cartes, mais la patience le récompensa. Mars le favorisa aussi, et au final, il s’imposa avec 144. Avec 131, je coiffai Dom (130), le Doc restant scotché en salle d’attente du podium (119). Voici donc un excellent jeu, peut-être un peu long pour un mardi ;-D
Thibault confirme ainsi son entrée remarquée dans la cohorte des légionnaires de Parties Civiles. Ceux qui vont mourir à son contact peuvent commencer par le saluer. Morituri te salutant.
Table 2, dite « Le roi des Aulnes » : Pour l’historien romain Florus, le nom même de Vercingétorix semblait fait pour engendrer l’épouvante. Tout le contraire de Neox donc, qui partage son alias avec une chaîne de TV espagnole pour la jeunesse…. Mais alias trompeur, car, à Kingsburg, tel le roi des Aulnes, la créature maléfique qui hante les forêts, Neox entraîna à son contact les voyageurs vers une mort certaine. Comme dans la Reine des neiges, François-René, Sophie, Xel et Florian, dans cet ordre, ont lutté en vain. Peut-être se croyaient-ils dans un dessin animé sur Neox TV ?
Table 3, dite « La guerre des gaules » : quand trois centurions se lancent à la pêche aux merveilles de 7 wonders, la guerre des gaules fait rage. Nourdine, avec 66 points, a fait la guerre en scientifique. Nicolas II est resté en civil et pointe à 53, et Gérard a fait dans l’éclectisme et échoue à 32.
Table 4, dite « Un poil court » : Aucune sculpture antique représentant Vercingétorix n’ayant jamais été retrouvée, les peintres, illustrateurs et sculpteurs du XIXe siècle, comme Bartholdi, ont dû imaginer le chef gaulois. Pour ce faire, ils se sont inspirés des descriptions littéraires de Jules César et des auteurs anciens dépeignant les Gaulois comme grands, chevelus et moustachus alors que les monnaies gauloises les représentent plutôt imberbes, avec des cheveux courts et bouclés. Les seuls objets connus qui pourraient représenter Vercingétorix de son vivant sont en effet les monnaies. Elles arborent un portrait souligné du nom Vercingetorixs avec une tête imberbe et des cheveux courts bouclés. Faut-il pour autant en conclure que le profil — sans particularité — figurant sur ces statères représente Vercingétorix ? Les spécialistes répondent par la négative…
Paradoxalement, le vrai visage de Vercingétorix pourrait apparaître non pas sur un denier gaulois, mais sur un denier romain frappé en -48. Il montre le portrait d’un chef gaulois au visage las et émacié, les cheveux coiffés en longues mèches, portant moustache et barbiche. Faisant remarquer que ce denier a été frappé par un proche de Jules César à une époque où Vercingétorix était en captivité à Rome, certains numismates retiennent qu’il pourrait s’agir du portrait de Vercingétorix lui-même. En effet, au moment de la réalisation de cette monnaie, Vercingétorix était le Gaulois le plus célèbre présent à Rome et ne pouvait être que le modèle par excellence pour les graveurs.
Les Romains s’enorgueillissaient de montrer sur leurs monnaies des trophées représentant des peuples vaincus (guerriers entravés) ou leurs prestigieux symboles mais la représentation monétaire du visage du chef ennemi reste exceptionnelle. La pièce pourrait s’expliquer par la volonté de présenter un personnage hors du commun, Vercingétorix, le fédérateur des Gaulois. Son portrait émacié serait le reflet de quatre années de captivité éprouvante, ou traduirait la volonté de marquer l’aspect affaibli et désespéré d’un prestigieux ennemi.
Pour cette partie, Les Poilus, qui trompaient l’attente de la fin de la table 1, ont, comme à leur habitude à ce jeu maudit, été un poil courts. Une relecture de Commentaires sur la guerre des Gaules, l’oeuvre majeure de Jules César, ne sera pas de trop pour refaire le moral des troupes.
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