Séance de VENDREDI 17/01/2020 à Servel

En matière d’organisation sanitaire internationale, si une première « unification microbienne du monde » prend forme, selon l’analyse d’Emmanuel Le Roy Ladurie, dès les XIVe-XVIe siècles, ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la conscience d’un risque commun et d’une vulnérabilité partagée conduit onze États européens et l’Empire ottoman à inaugurer la première conférence sanitaire internationale, qui s’ouvre à Paris en 1851. Cette coopération multilatérale pose les fondations d’un droit sanitaire international qui vise spécifiquement la peste, le choléra et la fièvre jaune et qui doit désormais permettre, selon l’expression de l’historienne Valeska Huber, une « unification du monde malgré la maladie ».
La convention sanitaire internationale signée à Paris le 17 janvier 1912 élargit les « dispositions générales », précédemment réservées à l’Europe, au continent panaméricain. Elle établit par défaut l’existence d’une vaste région sanitaire occidentale, au sein de laquelle « la mission civilisatrice » de la vieille Europe croise la « destinée manifeste » des États-Unis qui prennent la tête d’un « Nouveau-Monde ». La Grande Guerre éclatera avant que la convention de 1912 ne puisse être ratifiée.

108 ans après, à Parties Civiles, notre mission civilisatrice se poursuit. Notre destinée manifeste est toujours l’unification de Lannion et de sa région proche malgré la morosité.

Table 1, dite « Destinée manifeste » : un Illuminati à 6 (Nicolas II, Frank, RomJé, Frédéric, Benoît, VHS), c’est la promesse d’une longue soirée. Ce jeu, étonnamment moderne pour son temps – 1945, selon la notice, mais on peine à y croire (ce serait plutôt 1982 en fait) – offre deux possibilités de victoire: une commune, et une asymétrique, et c’est tout son charme. A la tête du triangle des Bermudes, je cherchai toute la partie une carte Gouvernementale, qui me permettait de réunir toutes les factions et de l’emporter. A la faveur d’une alliance avec Frank, et de débauches d’argent (issues de caisses noires et autres comptes en Suisse héritées fort à propos) j’étais en effet parvenu à réunir 9 des 10 familles, et cela sans la salvatrice Armée de libération des esprits, qui ne sortit jamais. Lors du dernier tour, Frédéric est sur le point de l’emporter mais il fait un jet de dès de 10 alors qu’il doit faire 9 ou moins ! A mon tour, je vois enfin, avec la carte New York, une manifestation de la destinée, et surtout une orientation Gouvernementale (la première après 4 heures de jeu), que je réussis à contrôler, ce qui me donne derechef une victoire inespérée.

Table 2, dite « Epidémie prochaine » : à On Mars on ne sait qui de Mickaël, Tristan, Elouann et Neox est sorti vainqueur. Seule certitude, le remplissement prochain des cabinets d’ophtalmologie, tellement le plateau de ce jeu a des couleurs qui piquent.

Table 3, dite « Par-delà les océans » : Cinq armateurs (Olive, Xel, Thomas, Eric et Dom) se lancent avec Container sur une mer un peu calmée après le coup de vent de mardi dernier. Seul Eric découvre. Thomas et Xel investissent lourdement dans leurs entrepôts, Olive fait dans la production « low cost » et Dom fait du cabotage (non non, pas du cabotinage). Mais ce dernier a un peu trop tendance à acheter ses propres cargaisons et finit la partie endetté au maximum, tout près de la saisie d’office de ses stocks. Arrivé le décompte final c’est Dom et Eric qui ont le plus de points pour leur containers livrés sur l’île « paradis fiscal » (86 et 88 respectivement). Mais une fois retranchées les dettes et ajoutés le stock circulant et la trésorerie dissimulée derrière les paravents (29 pour Thomas !), Eric se détache comme net gagnant avec 107 PV, devant Thomas 91, Olive et Dom (71 et 68) et Xel 44. La partie a été très différente de celle du printemps 2019, avec des enchères qui sont montées beaucoup moins haut et des scores nettement plus bas.

Ensuite les mêmes plus Lucas sortent Deep Sea Adventure. A six joueurs, il y a intérêt à ne pas trop traîner au fond de l’eau et à se contenter de trésors en apparence minables. Première manche, personne ne parvient à rentrer au sous-marin (Lucas, qui a chopé un 2e trésor en remontant, paie sa gourmandise), on leur avait pourtant bien dit. A la deuxième, seul Dom garde la tête froide et revient avec un modeste trésor. A la troisième, de nouveau l’hécatombe y compris pour ceux qui ont plongé au fond récupérer d’alléchantes piles de 3 jetons. L’inoxydable Dom réintègre le sous-marin avec 2 jetons (dont l’un se révélera valoir 0 !) et ce sera l’unique rescapé. Avec 19 PV il finit donc seul sur le podium. Mentionnons l’aptitude remarquable d’Eric à faire du sur-place une fois qu’il est lesté de 2 trésors !

Table 4, dite « Mission civilisatrice » : le Doc, Sophie, F.-R. et Camille tentent de survivre à Deep madness sans qu’on sache ce qu’il advint de leur mission civilisatrice.

Table 5, dite « Un si petit monde » : trois victoires de plus pour Lucas à It’s a wonderful world ! sous les yeux de Paul, Alexandre et Anthony. Le monde est magnifique, mais surtout trop petit pour l’appétit de notre champion.

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Séance de VENDREDI 10/01/2020 à Servel

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Le 10 janvier 1975, Bernard Pivot présentait le premier numéro d’Apostrophes. L’émission a été diffusée durant 724 numéros, établissant en quinze ans un record pour une émission culturelle en France. Attaqué en 1982 par Régis Debray, qui dénonçait l’ascendant pris par Apostrophes sur la vie intellectuelle en France, parlant de « l’arbitraire d’un seul homme », il prolongera cet arbitraire encore huit années, pour le plus grand bonheur de téléspectateurs livrés pieds et poings liés à leur libre-arbitre.

45 ans après, à Parties Civiles, nous rendrons à cette émission l’hommage qu’elle mérite en relatant notre soirée de jeux.

Table 1, dite « Invitée de marque » : en 1985, Bernard Pivot tombe sous le charme de l’actrice Jane Fonda, un peu, selon ses propres mots, « au détriment des autres invités, frôlant ainsi, ce jour-là, la faute professionnelle ». Pour notre part, embarqués dans la troisième aventure de Sherlock Holmes: Détective conseil sur les traces de Jack l’éventreur, nous avons pris des nouvelles de Maïwenn, en jetant un œil distrait sur l’enquête, où, comme disait Gotlib, les indices étaient plutôt maigres. Le sore flatteur de 50 ponctue notre prestation, grâce à quelques intuitions géniales et des paris au doigt mouillé.

https://www.lemonde.fr/blog/bandedessinee/files/2014/03/Lesindicessontmaigres.jpg

Table 2, dite « Mars brothers » : en 1977, Bernard Henri-Lévy et André Glucksmann proclament la mort de Marx, à une époque où c’était encore objet de débat. Quant au débat On Mars de cette table, il fut conclu par Nicolas II, devant Mickaël, et les jeunes Paul et Alexandre.

Table 3, dite « Cadavres sur ordonnances » : en 1987, le sinologue Simon Leys éreintait une écrivaine en direct en ces termes: « Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécillités comme les pommiers produisent des pommes, mais moi qui ai vu chaque jour depuis ma fenêtre le Fleuve jaune charrier des cadavres, je ne peux accepter cette présentation idyllique par madame de la révolution culturelle ». Dans ce duel à trois à A song of ice and fire, Baptiste Jack et Jeff ont joué à la guerre, faisant pleuvoir les cadavre sous les coups de leurs ordonnances.

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Table 4, dite « Folie profonde » : le 22 septembre 1978, Charles Bukowski, ivre mort, caresse le genou d’une invitée et tient des propos incohérents, tandis que Cavanna tente vivement de le faire taire. Un symptôme de Deep madness qui mériterait l’intervention de Doc Nico. Celui-ci inflige à Sophie, Olivier, Frédéric, Neox et même François-René une consultation hors normes bien au-delà des heures d’ouverture.

Table 5, dite « Indisciplinée » : en 1975 à Apostrophes, Georges Brassens, au côté du général Bigeard, explique sa haine de la discipline et son antimilitarisme. Suivant son exemple, Xof s’affranchit de toute discipline et inflige à Tristan une défaite historique à The great Zimbabwe sous les yeux ébaudis de Olive, Thibault et Chi-Xhue.

Table 6, dite « Le retour du shériff » : en 1987, Bernard Pivot assura que Paul-Loup Sulitzer ne serait pas l’auteur de ses propres livres. A l’inverse du fondateur du genre western financier, les victoires de Tristan ne doivent rien à personne, et il signe le retour du shériff en infligeant à Olive deux défaites de rang à Ganymède.

Table 7, dite « Patience et longueur de temps » : fin 1986, Gainsbourg, interrogé sur son autre passion, la peinture, affirme à Apostrophes que la chanson est un « art mineur », ce qui fait s’insurger Guy Béart. Si l’art est autant affaire de transpiration que d’inspiration, cette table de Living planet poussée au-delà d’une heure fut une œuvre d’artiste, qui poussa la perfection à voir RomJé et Lucas se partager autant de points que l’age du Christ (le premier cité fut déclaré vainqueur). Audrey et Xel ont suivi la scène avec passion.

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Séance de VENDREDI 03/01/2020 à Servel

Le 3 janvier 2009 Satoshi Nakamoto lançait le premier et le plus célèbre des crypto-actifs: le bitcoin. Le terme « crypto-actif » fait alors référence à « des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs les acceptant en paiement de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale ». Les bitcoins sont créés conformément à un protocole qui rétribue les agents qui ont traité des transactions. Ces agents mettent à contribution leur puissance de calcul informatique afin de vérifier, de sécuriser et d’inscrire les transactions dans un registre virtuel, la blockchain, nom qui vient du fait que l’entité de base de Bitcoin s’appelle un bloc, qui sont ensuite reliés en une chaîne.

Depuis sa création en 2009 et jusqu’à la fermeture par les autorités américaines de Silk Road en 2013, le bitcoin a été utilisé majoritairement comme moyen d’échange par des réseaux criminels pour des jeux d’argent, l’achat de substances illicites, ou pour des bases de données piratées. Néanmoins, ces dernières années, la cryptomonnaie a mûri et un nombre croissant d’études concluent que ces activités illégales, bien qu’elles existent toujours comme dans tout système de paiement, ne représentent plus qu’une part minoritaire des échanges.

Bitcoin est une amélioration du concept de b-money, imaginé par Wei Dai en 1999, et de bitgold, décrit en 2005 par Nick Szabo. Le bitcoin résout en particulier le problème crucial du modèle de confiance : les serveurs considérés comme sérieux votent avec leur puissance de calcul pour déterminer la chaîne de transaction légitime. Dans b-money, les serveurs étaient supposés verser un dépôt de garantie selon un mécanisme peu explicite. L’idée d’utiliser une chaîne de preuves de calcul fut avancée dans le projet bitgold bien que Nick Szabo ne proposât d’utiliser qu’une majorité d’adresses pour établir la légitimité d’une chaîne de transactions.

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Plusieurs personnes ont prétendu être Satoshi Nakamoto mais il n’existait aucune trace de son identité avant la création de Bitcoin et aucune d’entre elles n’a pu le prouver de manière indubitable. Certaines ont cru deviner son identité. Cependant, en 2020, elle est encore inconnue. Il a affirmé être un Japonais né le 5 avril 1975 mais il n’existe aucune personne de ce nom. On ignore même s’il s’agit d’une seule personne ou d’un groupe. Son origine japonaise est aussi mise en doute par la qualité de son anglais et l’absence totale de publications en japonais. Il posséderait un million de bitcoins qu’il aurait acquis en minant les 20 000 premiers blocs, ce qui représente 6,7 milliards de dollars aux derniers cours.

11 ans après, à Parties Civiles, pas besoin de mineurs ni de preuves pour créer une chaîne de confiance: quelques tables, une poignée de jeux font l’affaire pour une soirée riche en découvertes !

Table 1, dite « Inventeur certifié » : Nous avons aussi nos inventeurs à Parties Civiles, et Frank en est un bien réel, qui nous présente sa dernière création: My dungeon break. C’est un prototype, mais il est fort bien réalisé et quasiment immersif ! Comme son nom l’indique, il s’agit ici de sortir d’un donjon peuplé de monstres (mais aussi de trésors et de toiles d’araignées), en faisant des mouvements appropriés pour les éviter. La mécanique de ce jeu totalement coopératif repose sur un compte à rebours qui s’accélère quand chaque joueur utilise la propriété spéciale dont il est doté: un mécanisme pervers ! Doc Nico, François-René, Gérard, Eric et votre serviteur font office de bêta testeurs dans deux parties avec des scénarios différents, qui se soldent par autant de morts. La chance n’a pas souri à ces débutants qui sont sortis avec une certaine frustration !

Table 2, dite « Ophélie Winter is coming » : un duel tout en muscles à cette table de Trône de fer voit Jeff-Lannister écraser Jack-Stark 10 à 6. « Dieu m’a donné la foi » conclut le vainqueur en hommage à Ophélie qui en fait, comme Godot, n’est jamais venue.

Table 3, dite « Mineur non accompagné » : Julien a marché seul en lâchant ses mines à Warhammer 40K. Baptiste et Benjamin ont fait une chaîne à deux sans l’accompagner.

Table 4, dite « Millionaire » : Le talent de Lucas à It’s a wonderful world. mériterait d’être rémunéré à sa juste valeur. Son inscription dans le thème du soir aussi car il poussa la perfection à réaliser par deux fois 1 000 000 (certes en binaire, soit 64). Parmi ses victimes on compta la valeureux Yannick, qui lui tint tête avec 58 !

Table 5, dite « Krypton-actifs » : à Batman on vit deux supermen Doc Nico, François-René et la superwoman Camille, trois krypton-actifs, aux prises avec des activités illégales. Une justice immanente allait s’abattre sur la ville mais le verdict nous en est inconnu.

Table 6, dite « A bit of coin bleu » : C’est sur le score de parité de 1-1 que Xel et Elouann se séparent à Azul.

Table 7, dite « Le sens de l’histoire » : pour la première fois sur nos tables, Tales of glory voit la victoire de Justine sur Thibault. Autant dire que c’est le sens de l’histoire qui s’est joué là.

Table 8, dite « Grosse machine » : encore une découverte à cette table de On Mars, qui se déploie en majesté dans l’aquarium. Xof, Olivier et Mickaël y sont peut-être encore à manœuvrer cette grosse machine aux couleurs criardes issue de l’univers mental tourmenté de Vital Lacerda.

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Table 9, dite « Bloc électoral » : dernière découverte de la soirée, Tammany Hall, une trouvaille de maître Gérard où l’on revisite l’histoire de l’immigration à New York. Un jeu subtil où il s’agit de se faire élire maire en comptant sur le soutien des immigrants fraîchement débarqués (on a failli écrire recrutés), et doté d’un mécanisme de freinage de l’édile: élu, le maire marque des points, mais distribue des postes aux adjoints, faveurs qui le freinent dans son ardeur. Parti en flèche à écumer les cubes verts et blancs, couleurs de Saint-Etienne mais ici des irlandais et anglais, votre serviteur survola les débats, avec 37. Xel, 23, et Gérard, 10, ont réagi trop tard, et, quand ils l’ont fait, se sont battus entre eux, se partageant allemands et italiens comme autant de miettes du banquet des victimes de l’histoire.

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